Il n’y a pas que la blasphème pour menacer la liberté d’expression. La Thaïlande en donne un exemple assez impressionnant avec une succession de condamnations de crime d’opinions plus ahurissantes les unes que les autres. Comme le relate Courrier international, fin novembre, c’est un sexagénaire nommé Akong qui a écopé de vingt ans de réclusion pour avoir prétendument envoyé quatre SMS jugés offensants à l’égard de la monarchie. Plus récemment, le 8 décembre, c’est un Américano Thaïlandais qui s’est vu condamné à 2 ans et demi ferme pour avoir mis en ligne une traduction de la biographie du roi Bhumibol interdite dans le royaume .
« Dans un pays où la monarchie de droit divin constitue le socle fondateur de la nation thaïlandaise, le lèse-majesté tombe sous la coupe d’une des lois les plus dures au monde (cela vaut pour les Thaïlandais comme pour les farangs / les occidentaux) inscrite dans le marbre de la Constitution. Le commentaire est signé Alexandre Marchand, jeune journaliste français au magazine « Asies » qui chronique l’actu de l’Asie du Sud, dans son blog, Sticky Asia.
« Contre le lèse-majesté pour sauver la monarchie“
Mais cette fois, certains Thaïlandais ont décidé de réagir. Un jeune universitaire, Pavin Chachavalpongun a lancé une campagne de mobilisation pour obtenir la libération d’Akong, le « vieux monsieur » condamné à 20 ans de réclusion. L’objectif : rassembler le plus grand nombre possible de clichés d’individus ayant écrit dans leurs paumes ou sur une autre partie du corps le nom de ce condamné.
Depuis son poste d’observation privilégié, Alexandre Marchand a vu naître ce mouvement et il donne la parole sur son blog à l’universitaire qui se veut à l’image de sa campagne “Thailand’s Fearlessness, free Akong“, intrépide et sans peur. Les enjeux l’emportent
« Nous arrivons au bout de la route en matière de justice en Thaïlande et il est regrettable que les juges ne soient pas du côté du peuple. Cette campagne a été inspirée par le projet Burma’s Fearlessness, appuyé par Aung San Suu Kyi et destiné à exhiber un soutien courageux aux prisonniers politiques birmans. C’est une campagne pacifique : chacun n’est tenu qu’à écrire le nom “Akong” sur sa paume en guise de soutien et de militer pour sa libération. »
Et déjà d’autres militants, suivant la même référence birmane, ont repris le flambeau. Samedi, ils étaient une centaine dans les rues de Bangkok. Reportage photo complet à découvrir ici sur le site indépendant Prachatai