25 Avr

Comptes de campagne :  » Nous avons été compréhensifs pour les candidats des législatives de l’étranger » (EXCLUSIF)

« La loi est peut-être compliquée mais elle est précise !  » (…) « Nous avons été plus compréhensifs, plus larges avec les candidats des législatives de l’étranger »

En 2 phrases, François Logerot, le président de la Commission Nationale des Comptes de Campagne et du Financement Politique (CNCCFP) dissipe une grande partie du malaise qui s’était installé autour des nombreux rejets de comptes et des peines d’inégibilité consécutives, prononcées par le Conseil Constitutionnel. 20 % des comptes rejetés pour les candidats à l’étranger contre 2% sur l’ensemble du territoire national, 30 peines d’inégibilité, il y avait de quoi s’interroger sur l’inadéquation des règles à un scrutin inédit. « Mais ce sont quand même 101 approbations qui ont été prononcées et les candidats avaient tout loisirs de se renseigner auprès de la Commission en cours de campagne », souligne François Logerot.  Autrement dit, les imprudents ne peuvent s’en prendre qu’à eux-même. Ce qu’on est d’ailleurs pas loin de penser dans les coulisses du PS !

« Le juge de l’élection, c’est le Conseil Constitutionnel ! « 

Pour autant, toutes les interrogations ne sont pas levées. Entre les « largesses » de la CNCCFP et la « fermeté » du Conseil Constitutionnel constatée par François Logerot dans l’interview qui suit, on sent bien qu’il reste un espace de questionnement. Entre les lignes et les mots de l’ancien président de la cour des Comptes, il reste la place pour une différence d’interprétation de certaines « fautes » commises. Le président ne le dira pas, mais il semble bien que la Commission ait été plutôt surprise par la sévérité des Sages, notamment pour ce qui concerne les annulations de deux élections. Le jugement, d’ici l’été, du rejet de compte de Nicolas Sarkozy, spécifié par la Commission « en conscience » en dira peut-être un peu plus sur l’état d’esprit des magistrats de la rue de Montpensier !

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07 Mai

Français de l’étranger : Sarkozy 53,05 / Hollande 46,95

Les Français de l’étranger n’auront donc pas suivi le mouvement national. En donnant à Nicolas Sarkozy un nette victoire 53 /47, les électeurs expatriés confirment globalement leur ancrage à droite. Tout juste peut on noter, un glissement d’un point en faveur du candidat socialiste par rapport au dernier scrutin. Avec 236 000 voix, Nicolas Sarkozy devance François Hollande de 25 000 suffrages .

Il est encore un peut tôt pour faire des projections sur les législatives à venir. Mais nul doute que les candidats et les états majors sont en train de décortiquer les résultats déjà publiés, bureau par bureau et par circonscriptions.

A noter une participation en hausse de 3 points d’un tour sur l’autre (42 000 électeurs) qui ramène la mobilisation des électeurs de l’étranger (42.18) à son niveau de 2007 (42.13). Compte tenu de l’augmentation du corps électoral, ce sont plus de 108 000 suffrages exprimés de plus qu’en 2007 .

23 Avr

Présidentielle à l’étranger: stabilité en tête, dissolution du vote Bayrou, Mélenchon porte la gauche

En attendant la publication des votes pays par pays, on peut déjà tirer des premiers enseignements des résultats du vote des Français de l’étranger.

Extrait du widget FTV en ligne dans le billet précédent

Avec Nicolas Sarkozy largement en tête avec 38% des voix (- 0.49), devant François Hollande, 28,31% (-1.61), on retrouve globalement le rapport de force du duel de 2007. Tout juste peut-on noter un léger effritement du président sortant et un tassement des votes socialistes.

En revanche, la chute brutale de François Bayrou de près de 10 points (11,37% contre 21,34 en 2007) constitue la surprise de ce premier tour. On pouvait imaginer les expatriés sensibles au discours réputé « lucide » du leader du Modem sur l’état de la dette. De loin, le thème aurait pu sembler plus perceptible. Ce n’est manifestement pas le cas, le duel au sommet a accaparé l’attention.

La gauche gagne 8 points

A l’inverse, étonnante performance de Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du Front de Gauche multiplie par 15 (!) l’influence du Parti Communiste représenté par Marie-Georges Buffet en 2007.

Une percée qui contribue à la forte poussée de la gauche qui progresse de 8 points (toutes composantes confondues) pour atteindre 43% contre 35 en 2007.

On notera également la bonne anticipation fournie par le sondage Opinionway commandité par TV5 et le petitjournal.com.

Etude OpinionWay- Mars 2012

Tous les candidats sont au niveau attendu même si l’on remarque que Marine Lepen avec un petit 6% (5,95) perd un point (ce n’est pas si souvent que le Front national est sur évalué par un sondage) et se retrouve bord à bord avec Eva Joly qui elle, enregistre un « bonus » de près d’un point et demi, pour s’inscrire à 5,44% (2 fois et demi le vote Voynet).

Quant à la participation, elle est comparable à 2007, 39,08 contre 40,30. Ce qui en soi n’est pas forcément un mauvais résultat. Avec 250 000 nouveaux inscrits et un fort rajeunissement du corps électoral, on pouvait craindre un nouveau tassement.

Alors bien sûr, ces résultats globaux cachent probablement des disparités locales qui seront regardées à la loupe dans la perspective des législatives.

Selon quelques données non officielles, il n’y aurait pas de tendance lourde, ni désaffection marquée envers le président sortant, ni adhésion notable pour son challenger. Quand Nicolas Sarkozy est annoncé en baisse  (3 à 4 points aux USA et au Royaume Uni par exemple), son rival n’enregistre que des gains de 1 à 2 points en retour. Une exception peut-être à attendre du Japon où François Hollande devancerait Nicolas Sarkozy qui disposait ici d’une avance de plus de 10 points en 2007.

Voir les tendances en Chine N.Sarkozy en tête mais en baisse et F.Hollande en nette progression qui lui permet de devancer F.Bayrou. Un article très complet de chine.aujourd’huilemonde.com

28 Fév

Binationalité : le rempart des Français de l’étranger tiendra-t-il ?

La binationalité peut s’avérer un sujet délicat. Quelle attitude en cas de conflit d’intérêts entre ses deux identités ? La question peut s’entendre, certaines réponses plus difficilement…notamment quand on brigue les suffrages des Français de l’étranger. Le débat s’était donc assourdi. Mais l’élection probable de députés français binationaux relance le débat périodiquement. Attention terrain glissant.

Arithmétique contre calculs

On croyait le couvercle définitivement refermé depuis la mi 2011. Depuis que le gouvernement avait mis le holà aux débats sans nuances qui faisaient rage à la droite de la droite. Dans la foulée des débats sur l’identité nationale, Marine Lepen et la Droite Populaire s’étaient en effet lancés dans une véritable surenchère sur ce terrain, rivalisant pour savoir qui, le premier, obtiendrait la suppression de la possibilité même d’être binational. Il avait fallu l’intervention de deux ministres particulièrement attentifs pour circonscrire l’incendie .

Extrait d'un article d’Éric Nunès publié dans Le Monde du 5 juillet 2011

« ils sont près des ¾ dans cette situation au Proche et Moyen-Orient. En Europe un expatrié sur trois détient plusieurs nationalités, un chiffre qui s’élève à un sur deux en Amérique du Nord ». Au total, selon les données issues des registres consulaires de 2011, ce sont plus de 40 % du million et demi de Français établis hors de France (42,5% précisément ) qui possèdent, au minimum, une deuxième nationalité. Si la proportion est équivalente sur les listes électorales (un million d’inscrits), les comptes sont vite faits. Plus question donc de jouer aux apprentis sorciers avec le statut et la sensibilité de plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’électeurs potentiels…Quitte à faire des calculs politiques, autant faire des additions…

7 mois plus tard

Mais la passion idéologique a parfois ses raisons que la raison ignore. Coup sur coup, deux éclats sont venus ébrécher ce rempart statistique.

Le premier est signé Philippe Meunier, le second, Edward Amiach. Le premier est député UMP, membre de la Droite Populaire. Le second était, il y a quelques jours encore candidat indépendant de droite, dans la 8è circonscription de l’étranger. Chacun à sa façon, antagoniste, les deux hommes ont fait ressurgir les démons de l’identité nationale.

Le premier, Philippe Meunier en exprimant publiquement des doutes sur la loyauté d’un éventuel député franco russe. Le second, Edward Amiach, en lançant un appel aux candidats juifs de la 8è pour ne pas manquer cette occasion unique d’envoyer… un lobbyiste israélien à l’assemblée nationale.

Le premier a été très vite recadré par Thierry Mariani. Il est vrai que Philippe Meunier avait réussi l’exploit de contrarier en une seule sentence, et le fondateur de son courant (La Droite Populaire ), et le candidat en Asie, et l’heureux époux d’une binationale…franco russe !

cité par par Sophie Huet, Le Figaro, 21 février

Député Français…ou lobbyiste israélien ?

Le second n’en était pas à son coup d’essai. Dès sa déclaration de candidature, Edward Amiach, membre de l’Union des Patrons Juifs n’avait pas fait mystère de son objectif principal. Au delà de la défense des thématiques propres aux expatriés, obtenir la possibilité de mieux faire comprendre, en France, les réalités d’Israël.

"être le lobbyiste d'Israël à l'assemblée", hamodia.fr, 16 novembre 2011

Considérant qu’avec la moitié du corps électoral de la  circonscription résidant en Israël, il ne fallait pas laisser les électeurs grecs et italiens choisir le député de la 8è (Chypre, Grèce, Italie, Israël, Malte, Saint-Marin, Saint-Siège et Turquie), Edward Amiach avait proposé à ses concurrents franco israéliens d’organiser une primaire pour optimiser l’opportunité d’avoir un élu « bien pensant ». N’ayant pas obtenu de réponse, il vient de décider de se retirer de la compétition, pour donner l’exemple… Sinon, prédit-il  « Tout le monde va perdre.. ». Tout le monde ?

En attendant la réponse des électeurs à cette vision « qui n’est pas dans la tradition française », Edward Amiach, sans parti, ne courait pas le risque d’être recadré par un dirigeant. Pour trouver un point de vue contradictoire, il fallait découvrir le blogueur Berjac, sur la  plateforme du monde.fr. Dans un billet du 10 décembre, l’auteur dénonçait les tenants de cette manière de penser  consistant « à utiliser la fonction élective qu’ils briguent, comme levier pour contrôler la politique française. »

Pour autant, le débat n’a pas prospéré. Le thème de la binationalité a donc à nouveau disparu du radar électoral. Jusqu’au 16 janvier. Et ce jour là, on aurait été prêt à parier qu’il ne reviendrait plus.

Binationalité et carte de séjour

Qui parle ? Nicolas Sarkozy, le 16 janvier dernier à Madrid. Ce jour là, le Président de la République présente ses vœux aux Français de l’étranger et le propos est clair, net et précis.

Il le sera un peu moins, 4 semaines plus tard, quand, dans le cours de l’interview accordée au Figaro magazine, Nicolas Sarkozy aborde la question des couples mixtes sous l’angle de l’immigration et du mariage  :

Extrait de "mes valeurs pour le France", Le Figaro Magazine du 10 février

Le propos du président ce jour là résonne étrangement, comme en écho aux débats de 2011. La binationalité réduite aux acquêts d’une carte de séjour, c’était en effet un des thèmes privilégiés des débats du printemps dernier. Du FN à la Droite Populaire, c’est bien de cette « binationalité » là qu’il était avant tout question. Une binationalité « subie » en quelque sorte et donc suspecte a priori d’insincérité.

Une binationalité à géométrie variable qui ferait des couples mixtes, des couples franco-étrangers en deçà des frontières et des couples binationaux au delà. Une différence de vocabulaire et de perception qui pourrait expliquer le risque pris par le candidat vis à vis des Français de l’étranger, par ailleurs choyés par le président.

Un principe, une pratique…

Une proposition troublante que ne relèvera pas le très pragmatique Alain Marsaud, auteur un peu plus tard d’un plaidoyer ardent en faveur du respect de la binationalité, « une chance et un atout pour notre pays « .

A l’appui de sa démonstration, le candidat UMP, qui a choisi une suppléante binationale pour la 10ème circonscription ajoute un argument  pour faire taire les doutes de son propre camp. Au principe, dit-il en substance, il faut ajouter la pratique :

(Éric Besson, Thierry Mariani et Jean François Copé. NDR).

Aux dernières nouvelles, la binationalité est donc redevenue une valeur positive. Si elle le reste jusqu’à l’élection, la participation inédite des Français de l’étranger aura eu ce premier mérite de pacifier la campagne, au moins sur ce thème.

MAJ.  Marine Lepen est revenue  sur sa conception de la binationalité au cours de la première émission de campagne de TV5 ce mercredi soir : « réserver la binationalité aux européens de l’UE », « la double nationalité avec les pays du Maghreb pose plus de problèmes d’assimilation ». Vous pouvez relire ces déclarations sur le site du petitjournal.com partenaire de cette série d’émissions (à partir de 16′)

A écouter également, cette ITW de François Kahn, candidat centriste pour la 10è circonscription qui dénonce l’obstination de la Droite populaire à remettre en question la binationalité