La traduction est un art. Mais aujourd’hui ça peut être aussi un algorithme. Et en la matière, on n’a pas fini de se gausser des logiciels qui tentent d’interpréter les mots comme des signes et non pas comme le fruit d’une pensée. Mais parfois, les résultats atteignent de tels sommets de surréalisme qu’on finit par se dire que les créateurs de ces logiciels pourraient un jour être célébrés comme des créateurs d’art brut. Témoin ce recueil de la page Facebook Traductions de merde qui s’évertue à recenser les perles de la traduction automatique. Qui veut faire chic affiche français et cela peut donner parfois des résultats hilarants. « Ne pas analer », « cheveux de lapin » ou « préservatif concombre », « prévoir une petite gâterie » etc… je vous laisse le plaisir de découvrir les locutions originales
Du Lol au larmes ?
Et pourtant il semble bien que les algorithmes de traduction progressent à grand pas . Privilège de notre héritage linguistique (?), c’est une société française qui semble à la pointe du progrès en matière de BITD, ou base industrielle et technologique de défense . Cet article du Point nous apprend en effet que la société Systran est le fournisseur privilégié de… la NSA ! Quant on sait que Systran propose sur le marché des logiciels avec 52 paires de langues, on n’imagine les capacités des algorithmes vendus aux grandes oreilles américaines ! Ironie de l’histoire, Systran est l’héritier d’une usine de robinetterie !
A la lumière du scandale PRISM sur les écoutes planétaires par les services anglo saxons, on pourrait se contenter de moquer le slogan de l’entreprise « ma patrie, c’est la langue française », si le souvenir de quelques affaires sécuritaires ne venait pas interpeller notre fierté nationale.
Jeux de maux
On se souvient de la Société Amesys, fournisseur des régimes libyens (affaire à l’instruction) et Syriens en logiciels de surveillance des réseaux sociaux et du net, de la ministre Alliot-Marie proposant benoîtement le savoir-faire des CRS français à la Tunisie de Ben Ali et on découvre récemment qu’une autre entreprise nationale, MagForce vient de se faire exclure d’un salon professionnel pour avoir mis à son catalogue, des menottes de pied (!) et des bâtons électriques très appréciés des polices politiques diverses et avariées.
Le génie français serait-il devenu le génie du « mal » ? C’est à peine si j’ose la question de peur de me faire traiter de mauvaise langue…
P.S. Pour en revenir aux mots, le site que ne pourra jamais traduire un algorithme, celui des correcteurs du Monde, Langue sauce piquante, une des expressions du génie français