12 Avr

Français de l’étranger : la participation hante les esprits

Elle buzze, elle buzze, la lettre du consul général de France à Londres. Les expatriés destinataires n’en sont pas encore revenus. C’est qu’il est fier, le consul. Fier de la mobilisation de son équipe qui aura travaillé 18 mois  pour préparer au mieux les échéances électorales : « effort gigantesque », « travail intense ». Tellement fier qu’il entend bien obtenir de « ses chers compatriotes », la juste contre partie de cet investissement. La hantise d’Édouard Braine ? Une participation électorale « scandaleusement faible » (..) qui  poserait la question de savoir si l’attention de la Mère Patrie à ses enfants expatriés est vraiment méritée » !!!


Newsletter du Consulat Générale(sic) / 5 avril 2012

C’est le blogueur H16 qui a « popularisé » cette leçon de morale aux accents surannés. Et ce libéral iconoclaste et anonyme d’adresser à son tour, sans mâcher ses mots, une véritable leçon de maintien démocratique au diplomate trop zélé : « Le summum est atteint avec l’évocation d’une « participation scandaleusement faible ». C’est quoi, « scandaleusement faible » ? 50% ? 10% ? 1% ? Et si c’est 1.2%, c’est « scandaleusement faible » ou juste faiblichon ? Et c’est scandaleux parce que le Consul s’est donné du mal pour cette mascarade ou c’est scandaleux parce que ça va clairement affaiblir la légitimité de l’élu ? C’est scandaleux parce qu’il faut glisser du papier dans une urne pour prouver qu’on existe, ou c’est scandaleux parce que des gens ont mieux à faire, ou, pire encore, ne pensent pas comme le gratte-papier qui a écrit cette consternante connerie ? »

Edoaurd Braine (à droite) a été ambassadeur de France en Malaisie © UPALI ATURUGIRI / AFP

On n’est pas sûr que le zèle maladroit du diplomate consciencieux mérite une charge aussi violente. Une « admonestation charitable » aurait pu suffire. Ce dont on est certain par contre, c’est que le taux d’abstention des Français de l’étranger préoccupe beaucoup les états majors politiques et l’administration.

une baisse tendancielle

Les données statistiques semblent en effet implacables. Depuis 1981, date de la première participation des expatriés à la présidentielle, le taux de participation n’a cessé de baisser. Plus nombreux sont les électeurs inscrits, moins nombreux sont les votants !  De 78,79% en 81, à 42,13% lors du second tour de la présidentielle de 2007 ! Un effondrement de près de 50 % !

On connait certaines raisons de cette désaffection. Si les effectifs des Français de l’étranger ont fortement progressé (près de 50% en dix ans), ils se sont surtout rajeunis. L’état d’esprit des candidats au départ a beaucoup changé. Aujourd’hui, on s’expatrie moins qu’on ne tente sa chance dans une autre partie de la société mondialisée…qu’on espère souvent plus ouverte. Que les liens se distendent dans ces conditions, n’est pas si surprenant.

Une cour assidue..

Pour autant la partie est-elle définitivement jouée ? Pour avoir longtemps et régulièrement penché à droite, les Français de l’étranger ont fait l’objet de toutes les attentions de la majorité présidentielle.

Sur le plan politique d’abord. En créant onze circonscriptions législatives réservées (une des 110 propositions de F.Mitterrand en 81), puis un Secrétariat d’État dédié, le gouvernement a clairement joué la carte de la séduction.

Sur le plan logistique, ensuite. En ouvrant la possibilité de vote par Internet et en faisant passer le nombre de bureau de votes de 580  à 783, d’une élection à l’autre, l’Administration des Français de l’Étranger aura tout fait pour aider les électeurs dispersés et favoriser une participation record, comme espéré à l’origine  (relire cette ITW de Serge Muscetti, sous directeur au Quai d’Orsay, réalisée par le petitijournal.com.. en 2007) . On comprend mieux avec le recul, et la pression qu’ont eu à subir  les équipes consulaires, et l’angoisse du Consul de Grande Bretagne au moment du penalty à l’approche du verdict des urnes.

A trop embrasser..

Car tous ces efforts risquent de pas être récompensés. La plupart des observateurs comme ici lefigaro.fr penchent plutôt pour une confirmation des tendances à l’abstention plutôt qu’à un regain d’intérêt. Le récent sondage de TV5 et du petitjournal.com laisse lui aussi entrevoir une participation faible .

Reste à mesurer l’effet des derniers épisodes de la campagne en direction des électeurs de l’étranger. Les e mails répétés du candidat Sarkozy et l’annonce d’un éventuel impôt lié à la nationalité ont provoqué la polémique. Sur la toile, de nombreux Français de l’étranger ont manifesté leur irritation. La manière dont va se traduire ce sentiment, distance supplémentaire ou volonté nouvelle de se faire entendre, constitue la dernière (petite) incertitude sur leur comportement, à moins de 10 jours du scrutin.

Dernière minute

Une difficulté réglementaire nouvelle, passée inaperçue (arrêté du 2 mars dernier) pourrait encore influencer significativement les taux de participation. « Désormais l’électeur ne pourra plus voter avec sa pièce d’identité étrangère comme c’était le cas jusqu’à présent ». C’est l’Association Démocratique des  Français à l’Étranger qui lance l’avertissement sur son tout nouveau site. Cette nouvelle disposition pourrait empêcher un nombre significatif d’électeurs, notamment binationaux, de pouvoir voter. Soir sur place, soit par correspondance. L‘ADFE ( classée à gauche) a averti le ministère sur les graves inconvénients de cette mesure.

Lien complémentaire :

« Des Bahamas aux steppes kazakhes, les Français votent partout » La Croix note les efforts faits pour encourager leur participation, mais recueille encore des témoignages sur la difficulté pratiques du vote dans certaines contrées

26 Oct

Un spot entraînant ?

Un film muet pour inciter à faire entendre sa voix ! Mis en ligne par le consulat de France à New York, ce spot réalisé à la façon des actualités françaises de l’époque renouvelle les campagnes civiques. On peut se poser des questions sur les ressources du consulat, on peut aussi apprécier (ou pas) l’initiative. Alors un spot entraînant ? Qu’en pensez-vous ?

Pascal Ménigoz