18 Avr

La Bataille de Marseille : au coeur d’une campagne électorale

Un documentaire de 52’ d’Abdel Mostefa Chebra
suivi d’un débat
Diffusion les 19 avril à 15h20 et 25 avril vers minuit
sur France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur
puis en replay durant un mois.

France 3 Provence-Alpes vous donne rendez-vous pour une émission exceptionnelle qui reviendra sur la campagne très mouvementée des municipales à Marseille.

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Pendant un mois d’une campagne municipale tendue, 3 équipes de tournage ont suivi Jean-Claude Gaudin, Patrick Mennucci et Stéphane Ravier.

Les discussions stratégiques des états-majors, le travail sur le terrain, les tensions des dernières heures et de l’attente des résultats, la joie ou la déception à l’annonce des scores… Un film qui raconte les coulisses de la campagne pour la conquête de Marseille.

Mais comment fait-on, en un temps relativement court, pour gagner la confiance de personnes habituées aux discours convenus ?

Entretien avec Abdel Mostefa Chebra 


PZ : Au cours de ce tournage, avez-vous rencontré des barrières, des refus, des réticences ? Quel a été le rôle de l’entourage des 3 candidats, qu’il soit garde rapprochée ou éminence grise : des « facilitateurs » ou l’inverse?

AMC : Pas de grosse réticence avec le candidat FN. Stéphane Ravier est demandeur en terme d’exposition médiatique. Côté PS, on était assez confiant en début d’année. Les portes se sont donc ouvertes assez facilement mais elles se sont refermées aussi sec après la déroute du premier tour… C’est pour Jean-Claude Gaudin que nous avons rencontré le plus de difficultés. Dans un premier temps, il nous avait donné son accord pour le suivre durant cette campagne, ensuite il a été question d’être dans l’intimité de son équipe pendant quelques jours seulement et au final nous n’avons pu le filmer que lors de ses sorties publiques. Heureusement, sa porte-parole Valérie Boyer, candidate dans le 6e secteur, nous a accordé sa confiance, nous permettant de suivre la campagne de l’UMP de l’intérieur.

PZ : Quel est le secret pour obtenir de 3 candidats sous pression à quelques semaines des élections, une parole qui ne soit pas trop formatée pour servir les médias, recueillir des moments vrais où le politique s’efface au profit de l’humain?

AMC : Evidemment, les politiques sont rompus au langage médiatique. Mais nous avons eu la chance de pouvoir tourner sur un nombre de jours suffisamment conséquent. Et en continuant de tourner quand les autres caméras appuyaient sur stop.
Ce qui fait qu’au bout d’un moment les politiques finissent toujours par oublier votre présence. Et c’est là que vous pouvez capter ces moments non formatés. Du coup dans ce film, nous avons pris l’option de laisser au montage  des moments en longueur, avec le moins de commentaire possible.
C’est la seule manière de parvenir à une certaine vérité.
PZ : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant ce tournage. ? les meilleurs moments ? et les pires ?
AMC : Ce qui m’a le plus marqué pendant ce tournage : l’humanité et l’animalité qui se dégagent des politiques.

L’humanité dans les moments de faiblesse, de doute, de malaise. L’animalité dans les moments de conquête, de calcul, parfois de victoire…
Tout ça se lit bien sûr à travers les mots et les discours.
Mais surtout et c’est là que c’est le plus intéressant, ça transparaît à travers des regards, des gestes, des attitudes : « chassez le naturel il revient au galop ».
Propos recueillis par Pernette Zumthor
La diffusion du film sera suivie d’un débat animé par Thierry Bezer avec quelques uns des acteurs de cette campagne 2014 :
Valérie Boyer, maire des 11ème et 12ème arrondissements. Elle a été l’un des porte-parole de Jean-Claude Gaudin durant la campagne.
Stéphane Ravier, maire des 13ème et 14ème arrondissements.
Karim Zéribi, député européen. Soutien de Patrick Mennucci, il a été candidat dans les 9ème et 10ème arrondissements.
Annie LEVY Mozziconacci, conseillère municipale 4ème secteur – liste « un nouveau cap pour Marseille ».
Diffusion les 19 avril à 15h20 et 25 avril vers minuit
sur France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur
puis en replay durant un mois.

11 Déc

Dans les coulisses de l’hypercommerce

Samedi 14 décembre 16:15  sur France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur
et en replay sur notre site web dès la fin de la diffusion.

Cette semaine, Chroniques du Sud – Coulisses – vous emmène dans le ventre de l’un des plus grands hypermarchés de France, Carrefour Vitrolles, temple de la consommation de masses. Vingt-mille m² de surface utile à deux pas de Marseille, deux millions et demi de clients par an, attention ! Gigantesque !

Vincent Desombre tourne depuis le début de la saison les volets coulisses de l’émission Chroniques du Sud. Après s’être concentré sur l’envers du luxe côté hôtellerie et gastronomie, le voici dans une sujet plus « popu » mais où tout se voit en XXL.

Entretien avec Vincent Desombre

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PZ : Vous vous êtes plongé pour faire ce film dans l’un des plus grands hypermarchés de France. A l’heure où il est fréquent de se poser la question de l’hyper consommation, comment avez-vous perçu ce monde de la grande distribution? Sans complexe? Alimenté par une clientèle toujours fidèle au poste ?

VD : J’ai été en effet assez surpris de constater que la grande distribution n’est  pas aussi « has-been » que cela. On a beau, pour certains, faire nos courses dans des commerces de proximité qui affichent label équitable etc. ces grands supermarchés résistent très bien à cette tendance minoritaire, il faut le dire. Ce qui frappe au premier abord, c’est le gigantisme : 20 000 m², des chiffres toujours astronomiques et pour n’en citer qu’un : une tonne de bananes vendue tous les jours. En ce moment, 30 000 clients arpentent les rues de cette véritable ville. Il faut se défaire d’une idée un peu caricaturale que l’on a des hypermarchés où le client tient lieu de vache à lait. Ce n’est pas si simple que cela. Certes, l’hyper est une entreprise dont le but – on ne s’en cache pas –  est de vendre et d’augmenter le chiffre d’une année sur l’autre. Du simple vendeur au directeur, c’est la culture du chiffre décomplexée. Mais pour autant, les choses ont évolué et, si l’on pouvait dans les années 70 « fourguer » n’importe quelle marchandise à bas prix, il n’en est pas de même aujourd’hui. Il y a un réel souci de qualité et de traçabilité des produits. La viande, le poisson font l’objet d’une surveillance particulière. Le client est plus attentif qu’il y a 30 ou 40 ans et les grandes surfaces – a fortiori de cette taille – se sont adaptées. Parmi les 70 000 références présentes dans les rayons, la fourchette est large et chacun peut y trouver son « bonheur ».

PZ : Qui sont les clients de ces hyper marchés ? Des proies faciles ? Des amoureux du « magasinage » comme on dit au Québec ?

VD : C’est vous et moi. Il faut rappeler que selon un sondage, 9 français sur 10  font leurs courses en grande surface. Ce n’est donc pas anecdotique. On est dans la logique du : « on fait le plein  pour la semaine ». J’ai remarqué pas mal de personnes âgées et d’ailleurs, j’ai rencontré et suivi pendant le reportage un couple de retraités qui fréquentait cet endroit depuis 42 ans, année de sa création. Ils se souvenaient avec émotion de leur première visite : on leur avait donné un plan pour qu’ils ne se perdent pas dans les rayons. Eh bien ces gens-là, ils font attention mais en même temps ils sont cœur de cible et en sont conscients. Le jour où je les ai suivis, ils étaient venus pour acheter de la pâte à pizza pour l’anniversaire de leur petite-fille ; ils sont repartis le caddie rempli. En fait, ils se font plaisir en faisant leurs courses et se lâchent un peu financièrement.Tentés tout le temps mais en même temps consentants.
La meilleure preuve de leur objectivité tient dans une citation que m’a livrée monsieur : « Comme dit Oscar Wilde, je résiste à tout sauf à la tentation ».

PZ : Vous a-t-on facilité les choses à Carrefour-Vitrolles ?

VD : On nous a ouvert les portes très facilement. Au départ, on devait travailler avec un autre groupe qui a tardé à nous donner sa réponse. C’était un jour oui, un jour non. Là, la réponse a été immédiate. Avec les précautions d’usage, à savoir la présence d’une attachée de presse à nos côtés mais on ne peut pas dire qu’ils aient empêché quoi que ce soit. En revanche, forts d’une mauvaise expérience l’an passé avec un autre média qui les avaient piégés pour tenter d’obtenir des images choc, ils ne nous ont pas permis d’aborder les questions liées à la sécurité, à l’argent, aux caméras de surveillance.

PZ : Qu’est-ce-qu’on apprend en plongeant dans les coulisses de ce grand Barnum ?

VD : Ce qui me plaît dans mon métier, c’est la rencontre avec les gens. Et là, je dois dire que j’ai rencontré la fameuse « France qui se lève tôt ». Ils sont 600 employés qui travaillent pour certains dès 3h00 du matin pour des salaires pas vraiment mirobolants. Il y a une pression constante mais qu’ils intègrent eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils sont dans la culture de la performance à l’américaine. En même temps, ils ne sont pas malheureux et trouvent leur équilibre là-dedans. Et il y a des indices de cette « bonne santé » : beaucoup d’employés sont là depuis longtemps -20, 25 ans, parfois – et ont une véritable possibilité d’évolution. Le responsable des produits frais, par exemple, l’un des gros postes de l’enseigne, a débuté comme poissonnier il y a 20 ans. 
En fait, ce sont de vrais bosseurs. Ils remontent les manches. C’est l’esprit de la « boutique ».

 

Propos recueillis par Pernette Zumthor