10 Juin

Le Musée Réattu d’Arles sort des réserves ses trésors photographiques

Oser la photographie
50 ans d’une collection d’avant-garde.
Du 4 juillet au 3 janvier 2016
Musée Réattu, Arles

France 3 Provence-Alpes met en jeu ici des billets pour l’exposition

Cet été, c’est à une collection très audacieuse que Pascale Picard, conservatrice du Musée, va rendre hommage : celle de Jean-Maurice Rouquette et Lucien Clergue, constituée dans les années 60. Le conservateur et l’artiste vont marquer l’histoire du musée Réattu, consacré jusqu’alors à la grande peinture d’histoire.

Un musée réinventé

Dès 1965, ils osent le pari de la photographie, dont découleront le festival des Rencontres devenu Les Rencontres de la Photographie et la création de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie, offrant ainsi à leur ville natale un statut envié de tous.

Aujourd’hui, plus que jamais, cette distinction de capitale de la photo lui garantit de très beaux lendemains. Mais plus durable encore, ils vont contribuer à offrir à la photographie en France, un statut d’art majeur, le 8ème du nom.

Epreuve argentique, don de l'artiste, 1980 © Henri Cartier-Bresson/Magnum PhotosHenri Cartier-Bresson (1908-2004), Simiane-la-Rotonde, 1970 Epreuve argentique, don de l’artiste, 1980 © Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos

Naissance d’une collection en 1965

Et l’on se prend à rêver : Arles, les années ’60, les premières corridas, Picasso,.. le charme de la ville, son histoire artistique et son patrimoine, sa charge poétique aussi, ont sans doute joué pour ces deux pionniers. Dès la première année, Lucien Clergue reçut de ses pairs plus de 400 tirages, choisis par des photographes et des collectionneurs que motivait un projet de musée pour Arles.

Ce formidable élan de générosité permit la constitution d’un fonds que célèbre l’exposition de l’été 2015 sous la forme d’un « flash-back ». Le 28 mai 1965, le musée offre ses cimaises à la jeune photographie et Arles découvre Ansel Adams, Richard Avedon, Cecil Beaton, Peter Beard, Denis Brihat Jean Dieuzaide, Etienne Carjat, Robert Doisneau, Lucien Hervé ou encore Izis. Les décennies suivantes verront entrer rien moins que Brassaï, Edouard Boubat, Henri Cartier-Bresson, Denise Colomb, André Kertész, William Klein, Sarah Moon, Bernard Plossu, Willy Ronis ou Jeanloup Sieff.

Depuis, le fonds n’a cessé de s’étoffer et ce développement exponentiel qui « dévore » l’identité du musée invite à se poser la question d’un bilan. Oser la photographie propose une sélection de 250 photographies qui exprimera l’état d’un art mutant au gré d’un parcours animé par un questionnement fondamental : qu’est-ce-que la photographie apporte à l’art ?

Oser la Photographie
Du 4 juillet au 3 janvier 2016
Musée Réattu, Arles

Toutes les infos pratiques sur le site du Musée
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19 Nov

Lucien Clergue, à la mort, à la vie

Un film d’Elisabeth Aubert Schlumberger
diffusé samedi 22 novembre à 15h20 sur France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur
Une coproduction France 3 Provence-Alpes / Pyramide Production

©Serge Mercier

En hommage au photographe arlésien disparu samedi 15 novembre, France 3 rediffuse le documentaire Lucien Clergue, à la mort, à la vie qu’ Elisabeth Aubert Schlumberger avait réalisé en 2009.

Le film

Tourné principalement à Arles et en Camargue, le documentaire suggère la genèse des photographies de Lucien Clergue, marqué par la guerre et le décès de sa mère lorsqu’il a dix- huit ans. Ses premières images enthousiasment Cocteau et Picasso et cette rencontre sera déterminante.
Académicien et co- fondateur des Rencontres Internationales de la Photographie, Lucien Clergue nous livre les éléments marquants de son enfance et quelques clés sur sa quête artistique. La réalisatrice s’exprime sur un projet qui lui tenait à coeur depuis de nombreuses années :

Il y a de nombreuses années, à travers les photographies de Lucien Clergue prises sur le tournage du film « Le Testament d’Orphée », j’ai compris toute la signification de l’onirisme exprimé par Jean Cocteau. Par la suite, je m’en suis inspirée pour un film et je suis souvent retournée à Arles. J’aimais être dans l’atelier de Lucien dont les murs sont recouverts de livres, d’essais, de recueils de poésie, tous ces écrits qui l’ont inspiré sa vie durant. J’ai progressivement découvert la richesse de ses images, notamment les plus secrètes, comme son langage des sables. J’avais envie de faire ce film depuis longtemps, et j’ai pu le réaliser lorsqu’il est entré à l’académie des Beaux-Arts.

 

Témoignages

Patrick de Carolis, ex PDG de France 3,  arlésien et académicien comme Lucien Clergue réagissait à la disparition de l’artiste : On perd un des maîtres français de la photographie.

On lui doit les Rencontres (Rencontres internationales de la Photographie d’Arles), on lui doit l’Ecole de la photographie, on lui doit aussi d’avoir fait entrer la photographie à l’Académie des Beaux-arts. L’eau, la femme, les taureaux ont été ses sources d’inspiration et de poésie… du sable des plages d’Arles à celui des plazas taurines.Son espace de travail a démarré sur les bords du Rhône et en Camargue. Il était pour moi un ami très cher, attentif, affectueux et précautionneux. Avec Christian Lacroix, nous avions édité un livre commun, cela nous avait rapprochés. Lucien aurait aimé qu’un troisième enfant d’Arles entre à l’Académie. La signature de Clergue était connue dans le monde entier, sa voix aussi : chargée et forte. Il aimait l’image, il aimait le verbe et le mot… en cela il était très Arlésien.

 

François Hébel, directeur des RIP* pendant de nombreuses années, témoigne de l’affection qu’il a toujours eu pour l’artiste : Lucien Clergue a été le premier à croire en Europe que les photographes pouvaient vivre de la vente des tirages. Avant lui, des galeries essayaient mais fermaient aussitôt. Peu ont pris conscience de tout cela. On l’a trop regardé seulement comme un personnage truculent. Il était au-delà et les conséquences de son travail sont mondiales. Il a porté sa vision à bout de bras avec
Jean-Maurice Rouquette (cofondateur des Rencontres, Ndlr). Il n’était pas un emmerdeur. Ils ont été des visionnaires pour l’art du XXIe siècle. Lucien était photographe, il était aussi bâteleur de talent. Se propulser là où il a été, c’était très gonflé !

Ces témoignages sont rapportés par Julie Zaoui dans La Provence

Lucien Clergue fondateur des RIP* à Arles

Rencontre avec l’artiste pour l’expo « Picasso intime »

Une galerie

Retrouvez quelques-uns des plus beaux clichés de Lucien Clergue sur ce site 

* Rencontres Internationales de la photo

Lucien Clergue est entré sous la Coupole en octobre 2007.
Il est également à l’origine de la création de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 1982