22 Avr

Enquêtes de Régions

Sur France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur
Vendredi 24 avril 2015 à 23h20

Replay sur 
le site de France 3 Provence-Alpes

Une fois par mois, les rédactions de France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur vous proposent de revenir sur un fait marquant de l’actualité régionale.

Ce mois-ci, nos équipes se sont intéressées au marché des seniors en pleine croissance économique. Une population très en forme, qui dispose de revenus conséquents et compte bien croquer la vie à pleines dents. Puis elles vous invitent à une immersion dans la cité sensible La Castellane à Marseille, où les habitants n’ont qu’une envie : vivre en paix.

Des seniors en or

Un reportage de 25’ de Mélanie Frey, Alexandre Lépinay , Paul Naudin et Nicolas Harlé.

Dans 25 ans la région PACA comptera près de un million huit-cent mille seniors. Un marché potentiel gigantesque dont le monde de l’entreprise et de l’industrie a bien pris conscience. Cette «silver» économie – en référence aux cheveux gris de nos aînés – s’annonce comme un nouvel eldorado. En effet depuis quelques années, les revenus des seniors sont 30% supérieurs à ceux du reste de la population et leurs attentes aussi fortes que celles des actifs dans le domaine des loisirs, du tourisme, du logement, de la santé ou de la mode.
Cette nouvelle niche économique stimule l’innovation appliquée au 4ème âge.
Ainsi, un laboratoire vient de mettre au point une puce anti-errance pour les patients atteints d’Alzheimer. Des plateformes d’e-commerce dédiées se développent également, sans oublier le monde du marketing qui met en avant des stars seniors comme Sharon Stone ou Jane Fonda.

Questions à…

Mélanie Frey, journaliste qui a réalisé le reportage

  • Pourquoi traiter aujourd’hui un sujet sur les seniors ?

    Le vieillissement de la population est un phénomène de société très important, il va falloir y faire face. Accompagner les retraités à bien vieillir pour mieux vivre. Cela représente un enjeu social mais aussi économique. De plus en plus d’entreprises se lancent sur le marché de l’innovation, de l’aide à la personne… Nous avons tourné ce sujet en région Paca, parce que la proportion de seniors y est plus élevée qu’ailleurs, la proportion de seniors assujettis à l’ISF aussi. Ils ont un fort pouvoir d’achat et leur demande en terme de consommation sont plurielles (loisirs, tourisme…)
  • De toutes les villes de la région Paca que vous avez sillonnées pour votre reportage, quelle est celle qui se révèle la plus « seniors » et quelle est sa particularité à cet égard ?

    Traditionnellement, c’est la Côte d’Azur qui attire le plus grand nombre de seniors. Nous avons beaucoup tourné à Hyères qui axe son offre de tourisme et de développement économique sur les seniors.
  • A-t-on une idée du nombre d’emplois que pourraient générer les nouveaux services qui se développent et dans quels domaines ?

    Des milliers, mais il n’y a pas de chiffres précis.

La Castellane

Un reportage de 25’ de Muriel Gensse, Laurent Esnault, Gilles Cabau, Jean-François Vuidepot, Paul Naudin et Philippe Hervé.

Deux mois après les incidents lors de la visite de Manuel Valls à Marseille, nous avons voulu enquêter sur la vraie vie dans la cité La Castellane, souvent décrite comme une zone de non droit où règne une criminalité généralisée.
Notre équipe est allée à la rencontre des habitants de la cité. Le centre social, véritable pierre angulaire de la vie du quartier, est un passage obligé pour en prendre le pouls. Parmi les habitants que nous avons rencontrés : une médecin ; une coiffeuse, Nicole, qui vit et travaille ici depuis 44 ans et nous a invité chez elle au 12ème étage de la tour K ; et puis des hommes qui nous racontent leurs parcours plus ou moins compliqué. Ici l’école du quartier bénéficie d’un classement « REP + » qui offre aux enfants un enseignement cousu main.

Tous les habitants de la cité ont accueilli l’équipe de tournage avec l’envie d’ouvrir des portes et ce qu’ils avaient à dire était bien différent de ce qu’on rapporte en général.
Des rencontres, des témoignages au coeur de la cité qui effraie les français.

Questions à…

Muriel Gensse, journaliste qui a réalisé le reportage

  • Comment avez-vous abordé le tournage à la cité de La Castellane ? Vous a-t-on facilité les choses ? Vous a-t-il fallu du temps pour que les contacts se fassent dans la confiance ?

    De nombreuses fois trahis par des médias, les habitants sont très méfiants quand une équipe de journalistes vient filmer dans La Castellane. Il  faut passer beaucoup de temps, dans la cité, avec eux, pour que la confiance s’installe. Après, les portes  s’ouvrent généreusement, même si une part de méfiance est toujours présente. Et le sera  jusqu’à la diffusion du documentaire.

  • Avez-vous senti une demande forte de la part des habitants de prendre la parole ?

    Les habitants ne se retrouvent pas dans les reportages habituellement diffusés. Les 5000 habitants ont une vie bien réelle dans la cité. Elle est souvent difficile. Les problèmes sont nombreux. Ils se sentent abandonnés et incompris. Ils souhaitent montrer leurs efforts pour vivre ou survivre, montrer qu’ils se battent au quotidien, comme ils le peuvent.  La solidarité y est très importante. S’engager pour la cité est un devoir pour des habitants au fort potentiel.

  • Quel rôle joue le centre social du quartier ?

    Le centre social et culturel La Castellane est un pilier dans la cité. Son équipe fait d’énormes efforts pour tirer la cité vers le haut. Elle est présente pour tous : enfants, adolescents, adultes, personnes âgées. Elle est obligée de dépasser ses missions – maître d’œuvre du stade de football et du complexe sportif – sinon rien ne se fait. Le centre est parfois la dernière solution pour des habitants qui n’en trouvent pas ailleurs.

 

Diffusion sur
France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur
Vendredi 24 avril 2015 à 23h20

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le site de France 3 Provence-Alpes

 

17 Juin

Enquêtes de régions

PIP : les coulisses d’un procès hors normes

Un reportage de 26’ de Mariella Coste – Sylvie Garat – Pauline Guigou – Gilles Guérin – Jean-François Vuidepot. Montage : Sylvain Prouteau. Mixage : Pascal Arnold.

7 745 parties civiles, 430 avocats, un hall de 4800 m² aménagé pour l’occasion au Parc Chanot…. C’est un procès exceptionnel qui s’est tenu pendant un mois à Marseille. Au coeur des audiences : un scandale mondial d’implants mammaires frauduleux. Cinq anciens dirigeants de la société PIP comparaissaient pour tromperie aggravée et escroquerie*. Comment s’organise et se déroule un tel procès ? Enquête dans les coulisses de cet événement hors normes.


PIP : les coulisses d’un procès hors normes (21… par france3provencealpes

Mariella Coste répond à nos questions

PZ :Jean-Claude Mas accepte peu d’interview. Comment l’avez-vous obtenue ?

MC : Au départ, pour obtenir l’interview je suis passée classiquement par son avocat, maître Haddad… Après 2 rendez-vous manqués, j’ai décidé d’approcher directement Jean-Claude Mas le dernier jour du procès… Lorsqu’il est rentré dans la salle d’audience, je lui ai expliqué ce que je faisais, lui ai demandé de le rencontrer tranquillement après le procès, et c’est cela qui apparemment a emporté son adhésion. Il m’a dit oui tout de suite. J’ai eu le temps de prendre son numéro de portable, de le faire sonner pour vérifier qu’il était valable et le tribunal est entré en salle… Voilà, ça s’est fait comme ça en 30 secondes, c’était ma dernière chance. Il m’a fait confiance tout de suite. Mais après coup, j’ai compris qu’il m’avait accordé cette interview uniquement parce qu’il avait un message à faire passer… Il ne s’est jamais dévoilé.

PZ :Qu’attendiez-vous de cet entretien ? Comment l’avez-vous perçu ?

MC : Je tenais vraiment à cet entretien, je voulais avoir Jean-Claude Mas en tête-à-tête. Son cynisme affiché à l’égard des victimes des prothèses était-il réel ou est-ce un homme qui vient d’une autre planète… ? Aujourd’hui, je n’ai toujours pas de réponses à mes questions… Il a l’apparence d’un vieux monsieur quelconque au premier abord. En parlant avec lui, on se rend compte que c’est un homme très froid, qui ne dégage aucune humanité, aucune compassion, aucune sensibilité, aucune émotion ni sentiment. C’est assez impressionnant. Son avocat m’expliquait que sa façon d’être venait de son éducation très stricte.
Donc, quelqu’un qui est dans son monde ou d’un cynisme incroyable ? je ne sais pas, je n’ai pas réussi à le cerner. Ou bien je n’en ai pas eu le temps. Il nous a accordé une heure, dans une brasserie, ce qui n’est pas idéal pour faire une interview.
Il a refusé de nous ouvrir les portes de son appartement « pour ne pas faire Cosette « , m’a-t-il dit… Soit c’est un escroc d’envergure comme le laisse supposer Maître Ravaz (à l’origine du volet financier de l’affaire), qui a mis des millions de côté, soit c’est un homme qui ne se rend pas compte du scandale mondial qu’il a enclenché…

PZ : On est surpris en visionnant votre reportage  de l’effet « baudruche » qu’a eu ce procès. Des moyens exceptionnels avaient été mis en œuvre par le parquet – presque 800 000 euros d’investissements pour délocaliser le tribunal au parc Chanot. Et, au final,  des salles exsangues dès le 2ème jour du procès. Comment l’expliquez-vous?

MC : Environ 350 personnes sont venues le premier jour pour assister à l’audience, et beaucoup de confrères de la presse… Puis le nombre a chuté dès le 2e jour : autour de 50 personnes à peine dans le public… Il faut dire qu’un mois de procès c’est long.

L’explication est venue d’Alexandra Blachère, la présidente de l’association PPP : pour les victimes il faut faire l’avance des frais et,souvent, les remboursements ne sont pas à la hauteur des frais. Donc les femmes ne sont pas venues en nombre. De plus, certaines d’entre elles ont honte de s’afficher, car elles ont été taxées de « bimbos » (celles que j’ai rencontrées sont des femmes blessées au plus profond de leur corps de femme et sont en souffrance au quotidien), certaines même n’ont pas encore dit à leur famille qu’elles ont eu recours à des prothèses ! Celles qui sont venues, sont celles qui ont mis de côté leur vie professionnelle et familiale et qui assument.

Beaucoup d’avocats m’ont dit, en off, que c’était un procès qui ne servait à rien. Certes, le tribunal allait enfin reconnaître ces femmes en tant que victimes mais vu que Jean-Claude Mas est insolvable, il n’y aura pas de dommages et intérêts versés à ces milliers de victimes… La suite avec les 2 autres volets de l’affaire (financier et blessures involontaires) sera plus intéressante. Mais ce sera dans 5 ou 10 ans…
D’autre part, ils dénoncent un procès monté en urgence pour céder à « une pression politique » **, pour « calmer les victimes » (et les médias en passant…)

**En février 2012, Xavier Bertrand, ministre de la Santé, reçoit un rapport d’enquête concernant les prothèses PIP. L’AFSSAPS (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) recommande aux femmes de consulter leur chirurgien et l’explantation des prothèses si nécessaire. Dès lors, il semblerait selon certains, qu’on ait voulu organiser rapidement un premier procès.

Entretien réalisé par Pernette Zumthor-Masson

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Istres, autopsie d’un drame

Un magazine de 26’ de Christophe Chassaigne – Pauline Guigou – Sabine Vivares – Frédéric Montage : Sébastien Micaelli. Mixage : Jean-François Vuidepot.

Le 25 avril dernier, à Istres, Karl Rose tue en pleine rue trois personnes choisies au hasard dans son voisinage. Le jeune homme de 19 ans, passionné d’armes, est décrit comme instable par son entourage. Il se serait isolé dans la pratique des jeux vidéos et aurait remis en service une Kalachnikov démilitarisée achetée sur Internet. Deux thèses mises en avant par le ministre de l’Intérieur lui-même.

Diffusion vendredi 21 juin à 23:10


Istres, autopsie d’un drame (21.06.2013) par france3provencealpes

Christophe Chassaigne répond à nos questions

PZ : Pouvez-vous nous dire où en est la procédure concernant l’auteur de la tuerie d’Istres ?
CC : Karl Rose est mis en examen pour trois assassinats et tentative d’assassinat sur une quatrième personne.

L’instruction suit son cours avec des auditions et une succession d’expertises visant notamment à déterminer son degré de responsabilité pénale.
Si celle-ci était avérée, Karl Rose pourrait -être renvoyé devant la Cour d’Assises des Bouches-du -Rhône. Dans l’hypothèse d’une instruction rapide, ce sera au deuxième semestre 2014.

PZ :Vous êtes revenu à Istres, 2 mois après le drame. Est-ce qu’il a été difficile de susciter des témoignages alors que la ville est encore sous le choc de cette tuerie inexpliquable ?

CC :Je n’ai pas eu à revenir à Istres puisque je suis installé dans cette ville. J’y fais le marché, j’y ai beaucoup d’amis…
Tous les habitants sont marqués par ce drame, tous se posent des questions sur ce qui a déclenché le « passage à l’acte » de Karl Rose.
Mais – principalement par respect pour la douleur des familles – très peu de gens acceptent de s’exprimer publiquement sur le sujet.

PZ : Vous avez pu rencontrer un certain nombre d’experts.
A leur sens est-ce-que l’acte de Karl Rose est considéré comme un cas exceptionnel et isolé ou bien la société d’aujourd’hui est-elle en train de créer des modèles incontrôlables ?

CC : Il y a des témoignages d’experts dans le magazine. Beaucoup d’autres m’ont donné leur avis sur la personnalité du tireur présumé.
La majorité des psychologues, psychanalystes et psychiatres a bien du mal à croire que des jeux vidéos de type FPS (First Person Shooter) puissent conduire à une confusion entre monde virtuel et monde réel.
Idem pour les spécialistes de l’armement… « Remilitariser » une kalachnikov est possible en théorie mais il faut être extrèmement compétent et disposer d’un atelier hi-tech.
Les thèses mises en avant au lendemain du drame sont battues en brèche.
Certains médias ont ainsi parlé de « tuerie à l’américaine », associant ce drame aux fusillades dans des lycées américains.
Or, pour les experts, Karl Rose n’a pas du tout le profil de ces meurtriers américains.
C’est ce qui fait la singularité de l’évènement istréen. Karl Rose n’est pas plus dans le « déni » de cet acte que dans l’expression d’un malaise, d’une colère ou d’une revendication quelconque.
Dans ses premiers témoignages, c’est un peu comme s’il avait été le spectateur du drame, comme s’il s’était noué malgré lui.

Entretien réalisé par Pernette Zumthor-Masson avec la collaboration de Florence Brun