31 Mai
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Mathilde Domecq – Interview – JT Picardie du 30 mai 2016
Découvrez ou re-découvrez le direct de Mathilde Domecq sur France 3 Picardie, lundi 30 mai 2016 à 19h…
Rendez-vous de la BD d’Amiens : le dessin de Mathilde Domecq
01 Fév
Pozla récompensé à Angoulême : « C’est très étrange… »
« C’est une des plus belles reconnaissances du milieu de la BD ! » explique Pozla, l’auteur des Carnets de santé foireuse récompensé lors du 43ème festival international de la bande dessinée d’Angoulême (16). Très ému, il raconte à La Bullothèque (le blog BD de France 3 Picardie) comment il vit cette récompense inattendue : un Fauve d’Angoulême…
La Bullothèque : Que ressentez-vous après avoir reçu ce Prix spécial du Jury ?
Pozla : C’est très étrange… Surtout par rapport à ce bouquin : c’est un parcours assez fou car il est lié à un passage merdique de ma vie. Ca a été une galère, une non reconnaissance, dans mon coin, seul avec ma femme… Un huis clos avec la maladie… Et depuis que je l’ai mis au grand jour, c’est le grand écart ! Ce prix est une des plus belles reconnaissances du milieu de la BD, et ça va plus loin qu’une simple récompense, que mon seul travail. Ca signifie que mon histoire, mes galères ont été comprises, reconnues par le public.
La Bullothèque : Qu’est-ce que ce prix pourrait changer dans votre proche avenir ?
Pozla : Ca me conforte dans ma position d’auteur, seul à la barre d’un album. Et je suis assez content que ça mette aussi un coup de projecteur sur mes projets moins grand public comme Monkey Bizness (avec Eldiablo, ndlr).
La Bullothèque : Quelle est votre actu ?
Pozla : Je travaille sur le 3ème et dernier tome de Monkey Bizness, travail avec Eldiablo et ma femme, et j’ai d’autres projets à l’étude…
Lire également :
Précédent article de La Bullothèque sur le sujet
Angoulême 2016 : Pozla Prix spécial du jury !
Article de France 3 Picardie sur le sujet
Pozla reçoit le prix spécial du jury à Angoulême pour son « Carnet de santé foireuse »
SM
Alexandre Jacob, journal d’un anarchiste cambrioleur
de Vincent Henry et Gaël Henry
Début du XXème siècle. Le procès d’Alexandre Jacob et de ses camarades se tient au Palais de Justice d’Amiens. Ils sont accusés de plus de trois-cent vols par effraction. Alexandre Jacob qui se définit comme anarchiste-cambrioleur en profite pour transformer les débats en tribune politique.
« En un mot il m’a répugné de me livrer à la prostitution du travail. La mendicité c’est l’avilissement, la négation de toute dignité. Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. »
Alexandre Jacob, né à Marseille, embarque très jeune sur des bateaux de commerce. Il fait le tour du monde et découvre les inégalités et l’exploitation. Revenu en France, il épouse la cause anarchiste à laquelle il reste fidèle jusqu’à sa mort en 1954. Si Jacob est un voleur, ils ne volent que les riches qui sont du côté de la loi, de l’Eglise, de la politique et du sang. Et c’est pour « donner aux pauvres » et au mouvement anarchiste. L’argent va ainsi servir à financer journaux militants, campagnes politiques…
La trajectoire de cet aventurier, qui inspira le personnage d’Arsène Lupin à Maurice Leblanc, est ici restitué avec éclat par Vincent Henry au scénario et Gaël Henry aux pinceaux. Mais contrairement au « Gentleman-cambrioleur », Jacob revendique son enracinement social et son engagement. Le scénario est chronologique. Il est jalonné par les moments importants de la vie d’Alexandre Jacob… Le procès qui l’enverra au bagne de Cayenne, constituant un temps fort de l’ouvrage. A chaque péripétie, chaque épreuve, le personnage est ainsi porté par son combat politique.
Le graphisme en noir et blanc, qui s’inspire des dessins de presse de la fin du XIXème, donne au récit tout son relief. Les visages proches de la caricature et les décors vite brossés s’accordent à l’ambiance de l‘époque et à ce personnage haut en couleur. L’humour n’est pas en reste. Et on sourit plus d’une fois aux grimaces du juge qui s’étrangle devant le discours tenu par Jacob quand il comparaît à la barre.
Le propos très politique, comme le souligne la citation inscrite sur la quatrième de couverture « La propriété, c’est le vol ! », résonne encore aujourd’hui. Et l’histoire de « ces travailleurs de la nuit » depasse la simple biographie ou le roman d’aventure pour nous immerger dans une certaine lutte des classes telle qu’elle a pu exister au début du siècle dernier.
Mathieu Krim
Fiche technique :
Scénario : Vincent Henry
Dessin : Gaël Henry
Editeur : Sarbacane
156 pages
31 Jan
Angoulême 2016 : Pozla Prix spécial du jury !
En décembre 2015, vous découvriez sur l’antenne de France 3 Picardie cet auteur picard et son ouvrage Carnet de santé foireuse… En janvier, le festival d’Angoulême le récompense pour cet ouvrage !
Mathieu Krim, chroniqueur BD, a réalisé son interview tout récemment, dans laquelle il explique et détaille le pourquoi et le comment de cette création atypique :
L’Interview BD : POZLA (Partie 1)
L’interview BD : POZLA (Partie 2)
La Bullothèque reviendra prochainement vers l’auteur pour parler de cette récompense et de ses autres ouvrages, dont Monkey Bizness.
29 Jan
KERSTEN, Médecin d’Himmler
de Patrice Perna et Fabien Bedouel
T1- Pacte avec le mal
T2- Au nom de l’humanité
Juin 1945, Stockholm. Le docteur Felix Kersten tente de faire valoir ses droits à être naturalisé en Suède. Il est accusé de collaboration avec le régime nazi.
Juin 1941. Un train blindé fonce dans la nuit vers le front de l’Est. À son bord : Heinrich Himmler. Lors des séances de soin avec son médecin particulier, le docteur Kersten, le Reichsführer a pris l’habitude de se confier, délivrant des informations capitales sur les plans secrets du Reich. Fort de sa position, Kersten se livre de son côté à un marchandage : en guise d’honoraires, il obtient la libération de prisonniers de guerre. Mais ce pacte avec le diable commence à intriguer Heydrich, chef de la Gestapo et bras droit d’Himmler, qui voit d’un mauvais œil la complicité entre le médecin et son patient. Il soupçonne Kersten d’être un agent allié infiltré…
Avec ce diptyque, Perna et Bedouel lèvent le voile sur un pan oublié de l’Histoire. Felix Kersten est celui qui sera à l’origine du « Contrat pour l’Humanité », sauvant la vie de 60 000 Juifs emprisonnés dans les camps de la mort. Entre fiction et réalité, c’est le parcours incroyable d’un héros très discret dans un thriller noir mâtiné d’espionnage et de lutte de pouvoir.
L’histoire est assez captivante. Et on se prend vite à ce jeu du chat et de la souris où Kersten au mépris de sa vie, va côtoyer Himmler, ce monstre froid et sanguinaire, dans l’objectif de sauver des vies innocentes. Constitué de longs flash-backs, l’histoire revient régulièrement sur les années d’après guerre, période où Kersten cherchera à faire reconnaître ce qu’il a fait pendant la guerre. Et c’est justement, l’ambiguïté de la position officielle suédoise qui est saisissante : les autorités ne veulent en aucun cas que l’action de Kersten soit reconnue. Heureusement, le docteur a quelques ardents défenseurs qui vont l’aider dans sa quête…
Le dessin réaliste et précis de Fabien Bedouel est trop figé, notamment dans le trait des visages des personnages. Le découpage classique rend bien compte d’une intrigue qui alterne scènes de dialogue et scènes d’actions plus rythmées.
Au final, le sujet est original et rend compte de la complexité des rapports humains, surtout quand il s’agit de mettre en scène Himmler, l’homme qui porte la responsabilité la plus lourde dans la mise en oeuvre de la Shoah. Les camps de concentration et d’extermination dépendaient en effet directement de son autorité. Le docteur Kersten recevra plusieurs décorations pour ces actes de bravoure.
Mathieu Krim
Fiche technique :
Scénario : Patrice Perna
Dessin : Fabien Bedouel
Couleur : Florence Fantini
Editeur : Glénat
T1 (48 pages), T2 (48 pages)
26 Jan
Le monde d’Aïcha – Luttes et espoir des femmes au Yémen
de Ugo Bertotti
C’est l’histoire d’Aïcha, de Sabiha, d’Hamedda ou encore de Fatin… Ces femmes yéménites mènent depuis quelques années un combat courageux pour leur émancipation. Dans un pays rongé par la misère, tendu par les traditions religieuses, handicapé par un faible niveau d’éducation, les mariages précoces et les violences des hommes sont courants.
En s’inspirant des images et du travail documentaire de la reporter-photographe Agnès Montanari, Hugo Bertotti dessine un nouveau visage du Yémen. Celui d’une révolution en marche où les femmes luttent pour faire valoir leurs droits et leurs libertés.
L’ouvrage s’ouvre sur une photo, celle de Sabiha, le visage couvert d’un niqab, un voile qui ne laisse apparaitre que les yeux. A la page suivante, on retrouve cette image sous la forme d’un dessin accompagnée d’une petite explication sur les origines de ce voile. Le Coran ne précise pas s’il est obligatoire Fard, ou simplement suggéré Mustahabb.
« Dans le doute il est suggéré à la femme d’évaluer elle même, en tenant compte des circonstances et notamment du fait que l’homme est habitué depuis des siècles à la voir couverte. »
Tout est dit. Le poids de la tradition et du pouvoir masculin. La difficulté de s’en émanciper.
Et pourtant, tout l’objet de cette bande-dessinée documentaire est de montrer qu’au Yémen aujourd’hui, des femmes s’opposent à cette fatalité. Qu’elles soient mariées de force à l’âge où l’on va encore à l’école, étudiante ou mère de famille… Chacune à leur manière tente de se libérer de l’emprise des hommes. Et c’est dans l’intimité des maisons fermées aux regards extérieurs, qu’Agnès Montanari raconte, sous la plume d’Hugo Bertotti, ces femmes, leurs désirs, leurs rêves, et leurs blessures.
C’est une plongée passionnante et respectueuse dans ce pays qui est l’un des plus pauvres au monde. La narration est servie par un dessin en noir et blanc fait de grands aplats, qui soulignent ces silhouettes tout de noir vêtues, des femmes portant le Niqab. Selon les mots de l’auteur, « ces oiseaux mystérieux, ces ombres noires que l’on croise dans les rues de Sanaa et qui ne diffèrent que par leur taille ».
Ce bel ouvrage donne un éclairage différent et indispensable sur un pays dont on aurait presque oublié l’existence tant il est absent des écrans et des ondes.
Mathieu Krim
Fiche technique :
Récit : Hugo Bertotti
Inspiré des impressions de voyage d’Agnès Montanari
Editeur : Futuropolis
145 pages
23 Jan
Maudit Allende
de Jorge Gonzales et Olivier Bras
Après le coup d’état militaire du 11 septembre 1973 qui sonna le glas des espoirs d’un Chili socialiste, Léo a été éduqué dans le culte du sauveur de la nation, le général Augusto Pinochet. Trente ans plus tard, dans les années 2000, Léo part travailler à Londres. Il y découvre une version très différente de l’Histoire telle qu’on lui a inculquée : celle d’une tentative démocratique pour changer la société chilienne avortée dans le sang…
Futuropolis publie avec cet ouvrage un album majeur de cette année 2015. Inclassable, ce roman graphique est d’abord d’une grande beauté plastique. Le trait de Jorge Gonzales, dessinateur argentin qui vit et travaille en Espagne, est à la fois doux et violent. Il alterne des pages très sombres qui correspondent à la période de la dictature et d’autres moments plus légers.
Maudit Allende, c’est le récit d’une prise de conscience, celle de Léo. L’album raconte à travers le parcours du jeune homme, l’Histoire du Chili. La famille de Léo, contrairement à beaucoup de Chiliens de l’époque n’a pas fui à la dictature de Pinochet mais s’est exilée en Afrique du Sud après l’élection de Salvador Allende, craignant la mise en place d’un régime socialiste. C’est bien plus tard que Léo découvrira le rôle joué par les deux hommes.
La période des trois années où Salvador Allende a été président du Chili est encore ressentie par le peuple chilien comme une blessure dont on ne guérit pas. Comment trouver le chemin de la vérité ? Quels rôles véritables ont joué Allende et Pinochet ?… C’est à ces questions que Léo, le narrateur répond en donnant sa propre version, étayée par les recherches et les rencontres qu’il fait.
Le titre trompeur “Maudit Allende” pourrait nous faire croire que les auteurs ont choisi le camp du dictateur. A la lecture de l’album pourtant, on est à chaque page convaincu de la justesse de la démarche et des idées du président élu démocratiquement. Alors “Maudit Allende”, sonne plutôt comme la déception d’une grande occasion manquée. Celle d’un pays qui avait fait le choix de la voie du progrès et de l’émancipation.
Mathieu Krim
Fiche technique :
Récit : Olivier Bras
Dessin et peinture : Jorge Gonzales
Editeur : Futuropolis
124 pages
12 Déc
Communardes : aux armes citoyennes !
Splendide ! La nouvelle série de Wilfried Lupano est une ode au militantisme avant tout et au combat féministe, sur fond de Commune de Paris. Une bouffée d’oxygène dans cette période électorale anxiogène avec deux premiers tomes très réussis. Et un parti pris : chaque opus sera réalisé par un dessinateur différent, Lucy Mazel et Anthony Jean ouvrant la série, Xavier Fourquemin se chargeant du Tome 3 à paraître en 2016.
Les histoires des deux premiers tomes se situent à Paris, l’une à l’hiver 1870, l’autre en 1871, dans cette période peu apprise à l’école : la Commune de Paris. En résumé, le peuple parisien se révolte contre le pouvoir en place qui déménage provisoirement à Versailles par sécurité. Dans cette histoire, les femmes ont joué un rôle essentiel, comme lors de chaque guerre certes, mais plus encore cette fois. Les historiens situent ces évènements comme le point de départ du militantisme féministe. Une période au cours de laquelle s’illustre notamment Louise Michel, que l’on croise au détour d’une page de « Les éléphants rouges ».
Dans ces albums, la part belle est faite aux femmes. Mieux qu’un simple hommage : la reconnaissance de leurs actions, de leur volonté d’égalité : Si nos hommes vont au front, notre devoir est d’être avec eux sur le front » expriment-elles en filigrane au long des pages des deux albums.
Très intéressé depuis toujours par cette période de trois mois de l’histoire de France, Wilfried Lupano a choisi de suivre le destin de trois femmes très différentes : « car ce qui fait la particularité de ces communardes, explique-t-il dans le dossier de presse de son éditeur, c’est qu’elles venaient de toute origine sociale : il u avait aussi bein des bourgeoises que des ouvrières ou des prostituées… c’était vraiment un mouvement « vertical ». L’idée était donc de synthétiser cela tout en proposant de véritables histoires vivantes et romanesques ».
Sans aucun doute pour ces deux premiers tomes, l’objectif est clairement atteint. Et l’idée force qui ressort à l’issue de cette lecture agréable est sans aucun doute :Continuons le combat !
Stanislas Madej
Fiche technique
Les éléphants rouges
Scénario : Wilfried Lupano
Dessin : Lucy Mazel
Editeur: Vents d’Ouest
56 pages – 24×32 – 14,50 €
L’aristocrate fantôme
Scénario : Wilfried Lupano
Dessin : Anthony Jean
Editeur: Vents d’Ouest
56 pages – 24×32 – 14,50 €
Nous ne dirons rien de leurs femelles
A paraître en 2016
Scénario : Wilfried Lupano
Dessin : Xavier Fourquemin
Editeur: Vents d’Ouest
56 pages – 24×32 – 14,50 €