01 Fév

Pozla récompensé à Angoulême : « C’est très étrange… »

« C’est une des plus belles reconnaissances du milieu de la BD ! » explique Pozla, l’auteur des Carnets de santé foireuse récompensé lors du 43ème festival international de la bande dessinée d’Angoulême (16). Très ému, il raconte à La Bullothèque (le blog BD de France 3 Picardie) comment il vit cette récompense inattendue : un Fauve d’Angoulême…

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La Bullothèque : Que ressentez-vous après avoir reçu ce Prix spécial du Jury  ?

 

 

Pozla : C’est très étrange… Surtout par rapport à ce bouquin : c’est un parcours assez fou car il est lié à un passage merdique de ma vie. Ca a été une galère, une non reconnaissance, dans mon coin, seul avec ma femme… Un huis clos avec la maladie… Et depuis que je l’ai mis au grand jour, c’est le grand écart ! Ce prix est une des plus belles reconnaissances du milieu de la BD, et ça va plus loin qu’une simple récompense, que mon seul travail. Ca signifie que mon histoire, mes galères ont été comprises, reconnues par le public.

 

La Bullothèque : Qu’est-ce que ce prix pourrait changer dans votre proche avenir ?

 

Pozla : Ca me conforte dans ma position d’auteur, seul à la barre d’un album. Et je suis assez content que ça mette aussi un coup de projecteur sur mes projets moins grand public comme Monkey Bizness (avec Eldiablo, ndlr).

 

La Bullothèque : Quelle est votre actu ?

Pozla : Je travaille sur le 3ème et dernier tome de Monkey Bizness, travail avec Eldiablo et ma femme, et j’ai d’autres projets à l’étude…

 

Lire également :

 

Précédent article de La Bullothèque sur le sujet

Angoulême 2016 : Pozla Prix spécial du jury !

 

Article de France 3 Picardie sur le sujet

Pozla reçoit le prix spécial du jury à Angoulême pour son « Carnet de santé foireuse »

SM

 

Alexandre Jacob, journal d’un anarchiste cambrioleur

de Vincent Henry et Gaël Henry

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Début du XXème siècle. Le procès d’Alexandre Jacob et de ses camarades se tient au Palais de Justice d’Amiens. Ils sont accusés de plus de trois-cent vols par effraction. Alexandre Jacob qui se définit comme anarchiste-cambrioleur en profite pour transformer les débats en tribune politique.

« En un mot il m’a répugné de me livrer à la prostitution du travail. La mendicité c’est l’avilissement, la négation de toute dignité. Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. »

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Alexandre Jacob, né à Marseille, embarque très jeune sur des bateaux de commerce. Il fait le tour du monde et découvre les inégalités et l’exploitation. Revenu en France, il épouse la cause anarchiste à laquelle il reste fidèle jusqu’à sa mort en 1954. Si Jacob est un voleur, ils ne volent que les riches qui sont du côté de la loi, de l’Eglise, de la politique et du sang. Et c’est pour « donner aux pauvres » et au mouvement anarchiste. L’argent va ainsi servir à financer journaux militants, campagnes politiques…

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La trajectoire de cet aventurier, qui inspira le personnage d’Arsène Lupin à Maurice Leblanc, est ici restitué avec éclat par Vincent Henry au scénario et Gaël Henry aux pinceaux. Mais contrairement au « Gentleman-cambrioleur », Jacob revendique son enracinement social et son engagement. Le scénario est chronologique. Il est jalonné par les moments importants de la vie d’Alexandre Jacob… Le procès qui l’enverra au bagne de Cayenne, constituant un temps fort de l’ouvrage. A chaque péripétie, chaque épreuve, le personnage est ainsi porté par son combat politique.

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Le graphisme en noir et blanc, qui s’inspire des dessins de presse de la fin du XIXème, donne au récit tout son relief. Les visages proches de la caricature et les décors vite brossés s’accordent à l’ambiance de l‘époque et à ce personnage haut en couleur. L’humour n’est pas en reste. Et on sourit plus d’une fois aux grimaces du juge qui s’étrangle devant le discours tenu par Jacob quand il comparaît à la barre.

Le propos très politique, comme le souligne la citation inscrite sur la quatrième de couverture « La propriété, c’est le vol ! », résonne encore aujourd’hui. Et l’histoire de « ces travailleurs de la nuit » depasse la simple biographie ou le roman d’aventure pour nous immerger dans une certaine lutte des classes telle qu’elle a pu exister au début du siècle dernier.

Mathieu Krim

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Fiche technique :

Scénario : Vincent Henry

Dessin : Gaël Henry

Editeur : Sarbacane

156 pages