de Pierre Christin et Olivier Ballez
Robert Moses fut celui qui de 1930 à 1970 remodela le visage de New-York. Avec lui, c’est la mise en place des gigantesques autoroutes de New York, des ponts, des parcs, des parkings, des buildings. D’abord adulé puis totalement contesté, cet homme aura néanmoins marqué l’architecture de New York pour longtemps.
Le vétéran Pierre Christin au scénario, accompagné du plus jeune Olivier Ballez aux crayons, s’attachent à retracer la vie d’un homme aussi peu connu qu’il fut puissant et respecté pour son œuvre importante. Contrairement au Baron Haussmann, grand bâtisseur de Paris au XIXème siècle, qui fut pour Moses, une source d’inspiration constante, l’architecte new-yorkais est très peu connu du grand public. Il joua pourtant un rôle de premier ordre et son influence qui débute avec la démocratisation de l’automobile s’achèvera à la fin des années soixante. Il avait alors engagé des projets pharaoniques de voies urbaines coupant Manhattan en deux qui vont se heurter à une forte opposition. C’est une femme, Jane Jacobs, qui incarne cette résistance à celui qui, durant les années de crise de la ville, sera critiqué pour sa brutalité.
Le trait épais et simple d’Olivier Ballez colle bien au sujet et à l’époque qui est retranscrite ici. Les choix de narration donnent un aspect très documentaire à cette histoire, ce qui parfois empêche d’atteindre un certain registre émotionnel comme cela peut l’être dans une fiction. Et l’on regrette parfois cette distance créée entre le lecteur et Robert Moses. Pour autant, les auteurs présentent un personnage complexe, avec certains côtés sympathiques et d’autres beaucoup moins, notamment quand il affirme ne pas aimer les pauvres et les mépriser. Ce qui ne l’empêchera pas de construire des logements, des piscines et autres grandes réalisations pour les classes populaires.
L’album est chronologique. Au début de sa carrière, Robert Moses semble s’opposer aux puissants pour affirmer son point de vue… Puis l’âge venant, il devient lui même l’un des grands décideurs de la ville jusqu’à son déclin… L’architecte meurt en 1981 dans l’indifférence…
Cet album qui lui rend hommage rappelle qu’à travers l’ensemble de ses réalisations, il est un des rares à avoir façonné la «grande pomme».
Mathieu Krim
Fiche technique :
Scénario : Pierre Christin
Dessin : Olivier Ballez
Editeur : Glénat
98 pages
98 pages