23 Jan

Maudit Allende

de Jorge Gonzales et Olivier Bras

 Après le coup d’état militaire du 11 septembre 1973 qui sonna le glas des espoirs d’un Chili socialiste, Léo a été éduqué dans le culte du sauveur de la nation, le général Augusto Pinochet. Trente ans plus tard, dans les années 2000, Léo part travailler à Londres. Il y découvre une version très différente de l’Histoire telle qu’on lui a inculquée : celle d’une tentative démocratique pour changer la société chilienne avortée dans le sang… 

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Futuropolis publie avec cet ouvrage un album majeur de cette année 2015. Inclassable, ce roman graphique est d’abord d’une grande beauté plastique. Le trait de Jorge Gonzales, dessinateur argentin qui vit et travaille en Espagne, est à la fois doux et violent. Il alterne des pages très sombres qui correspondent à la période de la dictature et d’autres moments plus légers.

Maudit Allende, c’est le récit d’une prise de conscience, celle de Léo. L’album raconte à travers le parcours du jeune homme, l’Histoire du Chili. La famille de Léo, contrairement à beaucoup de Chiliens de l’époque n’a pas fui à la dictature de Pinochet mais s’est exilée en Afrique du Sud après l’élection de Salvador Allende, craignant la mise en place d’un régime socialiste. C’est bien plus tard que Léo découvrira le rôle joué par les deux hommes.

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La période des trois années où Salvador Allende a été président du Chili est encore ressentie par le peuple chilien comme une blessure dont on ne guérit pas. Comment trouver le chemin de la vérité ? Quels rôles véritables ont joué Allende et Pinochet ?… C’est à ces questions que Léo, le narrateur répond en donnant sa propre version, étayée par les recherches et les rencontres qu’il fait.

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Le titre trompeur “Maudit Allende” pourrait nous faire croire que les auteurs ont choisi le camp du dictateur. A la lecture de l’album pourtant, on est à chaque page convaincu de la justesse de la démarche et des idées du président élu démocratiquement. Alors “Maudit Allende”, sonne plutôt comme la déception d’une grande occasion manquée. Celle d’un pays qui avait fait le choix de la voie du progrès et de l’émancipation.

Mathieu Krim

 

Fiche technique :

Récit : Olivier Bras

Dessin et peinture : Jorge Gonzales

Editeur : Futuropolis

124 pages

 

 

20 Jan

Robert Moses – Le maître caché de New-York

de Pierre Christin et Olivier Ballez

Robert Moses fut celui qui de 1930 à 1970 remodela le visage de New-York. Avec lui, c’est la mise en place des gigantesques autoroutes de New York, des ponts, des parcs, des parkings, des buildings. D’abord adulé puis totalement contesté, cet homme aura néanmoins marqué l’architecture de New York pour longtemps.

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Le vétéran Pierre Christin au scénario, accompagné du plus jeune Olivier Ballez aux crayons, s’attachent à retracer la vie d’un homme aussi peu connu qu’il fut puissant et respecté pour son œuvre importante. Contrairement au Baron Haussmann, grand bâtisseur de Paris au XIXème siècle, qui fut pour Moses, une source d’inspiration constante, l’architecte new-yorkais est très peu connu du grand public. Il joua pourtant un rôle de premier ordre et son influence qui débute avec la démocratisation de l’automobile s’achèvera à la fin des années soixante. Il avait alors engagé des projets pharaoniques de voies urbaines coupant Manhattan en deux qui vont se heurter à une forte opposition. C’est une femme, Jane Jacobs, qui incarne cette résistance à celui qui, durant les années de crise de la ville, sera critiqué pour sa brutalité.

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Le trait épais et simple d’Olivier Ballez colle bien au sujet et à l’époque qui est retranscrite ici. Les choix de narration donnent un aspect très documentaire à cette histoire, ce qui parfois empêche d’atteindre un certain registre émotionnel comme cela peut l’être dans une fiction. Et l’on regrette parfois cette distance créée entre le lecteur et Robert Moses. Pour autant, les auteurs présentent un personnage complexe, avec certains côtés sympathiques et d’autres beaucoup moins, notamment quand il affirme ne pas aimer les pauvres et les mépriser. Ce qui ne l’empêchera pas de construire des logements, des piscines et autres grandes réalisations pour les classes populaires.

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L’album est chronologique. Au début de sa carrière, Robert Moses semble s’opposer aux puissants pour affirmer son point de vue… Puis l’âge venant, il devient lui même l’un des grands décideurs de la ville jusqu’à son déclin… L’architecte meurt en 1981 dans l’indifférence…

Cet album qui lui rend hommage rappelle qu’à travers l’ensemble de ses réalisations, il est un des rares à avoir façonné la «grande pomme».

Mathieu Krim

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Fiche technique :

Scénario : Pierre Christin

Dessin : Olivier Ballez

Editeur : Glénat

98 pages

98 pages

18 Jan

Tungstène

de Marcello Quintanilha

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Salvador de Bahia, Brésil. Les chemins de quatre habitants de la ville se croisent au pied du fort de Notre Dame de Monte Serrat. Caju, dealer, M. Ney, militaire à la retraite, Richard, policier brutal et sans scrupules, et Keira sa petite amie avec qui il vit une relation chaotique, se retrouvent tous impliqués dans un incident anodin qui va dégénérer en fait divers. decouvrez-les-premieres-planches-de-tungstene-de-marcello-quintanilha,M234095

Dans ce polar brésilien – Marcello Quintanilha est un maître de la BD sud-américaine – tout semble réuni pour que la recette prenne. Des personnages qui cachent leur jeu avant de le dévoiler, d’autres pour qui la violence est un mode de vie… Peu à peu les rouages de cette intrigue implacable se mettent en place : la tension monte inexorablement…

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Et pourtant, une volonté de tout dire, de tout montrer vient gâcher le plaisir de la lecture. La construction est très démonstrative et empêche de se plonger véritablement dans l’histoire. Tout commence pourtant bien… Sous un soleil de plomb près du récif, deux hommes pêchent illégalement à la dynamite. Ils vont être surpris par un apprenti justicier et un dealer à la petite semaine… Rapidement le récit s’alourdit… Et si la tension entre les personnages est palpable, on a parfois l’impression d’une lecture qui n’en finit plus… 182 pages ça peut être long…

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Le dessin réaliste est plutôt séduisant. Mais le trait des visages est parfois trop appuyé. Et on préférera le mouvement donné aux corps, particulièrement dans les scènes d’action. Le choix du noir et blanc est surprenant, surtout compte tenu d’une couverture en couleurs, qui semblait annoncer un graphisme plutôt bariolé. C’est un album qui aurait aussi gagné à être édité dans un format plus grand, étant donné la profusion des détails dans les cases.

Mathieu Krim

 

Fiche technique :

Scénario et dessin : Marcello Quintanilha

Traduit du portugais (Brésil) par Marie Zeni et Christine Zonzon

Editeur : Ça et là

182 pages

11 Jan

Balles perdues

de Walter Hill, Matz et Jef

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Roy Nash sort de prison grâce au boss de la mafia de Chicago qui lui demande en retour d’éliminer trois hommes disparus avec le magot d’un braquage. Pourquoi Roy ? C’est une fine gâchette, il rempli toujours ses contrats, mais surtout, Léna, son ex, a été emmenée par l’un des gangsters, et Roy a cette fille dans la peau.

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Matz reprend ici un scénario écrit par le vétéran, Walter Hill, également producteur et réalisateur, entre autre films, de 48 heures ! avec Nick Nolte et Eddy Murphy. Matz l’adapte pour nous livrer une histoire dans la plus pure tradition de la série noire. Il ne faut pas s’attendre ici à connaître le passé des personnages. On a très peu d’informations sur leur biographie, il faut se contenter de leurs actes pour percevoir qui ils sont. Roy, tueur de son état, comme les autres personnages, ont tous des gueules dignes des polars de cinéma. On retrouve ainsi l’ambiance sombre des films du genre.

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Après un prologue qui se déroule dans une ville fantôme perdue en plein désert, l’histoire se poursuit à Los Angeles. L’action a lieu la nuit la plupart du temps. Avec ce scénario inédit, les auteurs réunissent les ingrédients d’un récit haletant : flics véreux, gangsters tout puissants et sans pitié, femme fatale… Il y a peu de dialogue mais ils font mouches, et les séquences violentes – fusillades et règlements de compte – viennent ponctuer l’intrigue quant il le faut.

balles-perdues-2-thumb Balles perdues est dessiné par Jef qui alterne découpage rythmé et grandes cases qui font comme des pauses dans cet ouvrage assez long (122 pages). Le style très réaliste met en place une ambiance évocatrice et très cinématographique. La dominante sépia renvoie bien sûr à l’âge d’or des histoires de gangsters… Celles des années 20 et 30 auquel cet album rend un bel hommage.

Mathieu Krim

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Fiche technique
Scénario : Walter Hill
Adaptation : Matz
Dessin et couleurs : Jef
Editeur : Rue de Sèvres
122 pages

03 Jan

Tête noire

Complainte des Landes perdues

Cycle 3 : Les sorcières

de Tillier et Dufaux

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Le jeune Vivien, fils du seigneur des Aguries, traverse une forêt noire et marécageuse pour se rendre au château du roi Brendam, sur ordre de son père. Trahit par son fidèle serviteur, il est tué… Mais une belle jeune femme Oriane, a tout vu et d’un baiser, elle ramène Vivien à la vie ! C’est une sorcière… Les jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre mais au bout de quelques temps Vivien doit poursuivre son périple et rejoindre la cour du roi… Il ne sait pas encore quels grands dangers l’attendent là-bas…

Tete noire 2Dufaux présente ici le premier album du nouveau cycle de la saga Complainte des Landes perdues. Après Rosinski et Delaby, c’est au tour de Béatrice Tillier de mettre en images la série. Son dessin est plutôt agréable à lire, même s’il est difficile de succéder à ses prédécesseurs, tant l’univers graphique de chacun d’eux étaient forts et marquants.

Ce premier volume est surtout destiné à poser les bases d’un récit qui sera développé par la suite. Pourtant les personnages de Dufaux sont déjà bien définis et la lecture de l’ouvrage donne envie d’en savoir plus. Le côté fantastique s’inspire de la mythologie celte et bretonne. Dans cet univers où les hommes vont à la chasse et font la guerre, ce sont les femmes, des sorcières, qui usent de leur pouvoir pour diriger les choses. Il est question aussi pour finir d’un démon plus fort que toute la magie noire de ces sorcières.

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On retrouve ici une certaine vision du monde propre à Jean Dufaux et tous les attributs du genre fantastique et médiéval dont il est l’un des grands connaisseurs.

Mathieu Krim

 

Fiche technique

Scénario : Jean Dufaux

Dessin et couleurs : Béatrice Thillier

Editeur : Dargaud

56 pages

 

 

25 Déc

Où sont passés les grands jours ?

Tome 2

de Jim et Alex Tefenkgi

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On savait tous qu’un jour il faudrait devenir des adultes. Personne ne nous avait dit que ça viendrait si vite. Que faire quand toutes nos certitudes s’écroulent et que la vie vole en éclats ? Après le suicide d’un ami, une histoire d’amour gâchée par les mensonges et des amitiés qui s’étiolent, peut-il encore y avoir une éclaircie ? Peut-on encore rassembler les pièces du puzzle de sa jeunesse et réapprendre à vivre ? La réponse est peut-être là, cachée dans ces objets insolites laissés en guise de testament…

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C’est une histoire de trentenaires. Celle d’Hugo, Etienne et Jean-Marc. C’est aussi l’histoire de Fred leur pote, qui est parti mais que personne n’oublie, et celle de son testament : un lance-pierre, des places de concert classique, un livre de Sartre, un monocycle et un accordéon… Comment après la disparition de son meilleur ami, sa séparation avec l’amour de sa vie, Hugo va pouvoir retrouver une raison d’exister ?

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Ce deuxième tome clôt de façon touchante et profonde cette chronique contemporaine publiée chez Bamboo Edition dans la collection Grand Angle. Ici les grands thèmes qui traversent l’existence -l’amitié, l’amour, la mort…- sont abordés avec beaucoup de subtilités. Les dialogues sont ciselés, les personnages tout en finesse… Et on est portés par leur parcours et leur humanité… Leur proximité avec le lecteur est à bien des endroits évidente et ils nous touchent par leurs réactions et leurs préoccupations.

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Le dessin est en harmonie avec le ton adopté dans le scénario. Tout en douceur, il alterne découpage serré et planches plus aérées, et met en valeur les visages des différents protagonistes. La lecture nous emmène en douceur vers une conclusion qui se veut ici résolument optimiste. C’est un récit doux-amer, comme peut l’être parfois la vie, « la vie plus forte que tout », comme l’écrit l’auteur sur la dernière de couverture. Sans jamais rien démontrer, cette mini-série s’impose donc comme une réussite en cette fin d’année.

Mathieu Krim

Fiche technique

Scénario : Jim
Dessin et couleurs : Alex Tefenkgi
Editeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
84 pages

 

20 Déc

Pocahontas La Princesse du Nouveau Monde

de Loïc Locatelli-Kournwsky

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Mataoka, fille du chef Powhatan, vient d’épouser, selon la coutume, son promis. Au même moment, trois navires britanniques abordent la côte Est de l’Amérique. Nous sommes en 1607 et la vie de Pocahontas, comme celle de tout le continent américain, vient de basculer…

Pocahontas qui signifie « petite dévergondée » en algonquin est le surnom que la jeune princesse va recevoir, quand elle sauve la vie de John Smith, un colon anglais, capturé par sa propre tribu. Tombée amoureuse de lui, elle finit par être chassée par les siens. Son aventure l’emmènera au-delà des mers en Angleterre… A travers ce destin hors du commun, c’est toute la tragédie du peuple amérindien qui se joue. La jeune femme quitte les siens pour survivre. Elle devra ensuite changer de nom pour devenir Rebecca, achevant ainsi sa transformation en abandonnant son identité première.

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Cette version de Pocahontas est nettement plus sombre que celle racontée aux enfants par Disney. C’est toute la tragédie de l’exil et du déracinement dont il s’agit. Persuadée qu’un dialogue est possible entre les deux cultures, Pocahontas paiera le prix fort de ce qui préfigure la conquête de l’Amérique et le génocide indien…

Conte désenchanté, ce « Pocahontas » est aussi d’un grand romantisme. Et au final, on n’est pas sûr que la petite princesse ait vraiment trouvé la paix et la sérénité. L’épilogue particulièrement réussi de ce roman graphique évoque un monde où les « natives » ont perdu tout espace pour vivre et exister.

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Le dessin en noir et blanc est renforcé par des aplats d’ocre jaune qui lui confère un aspect plutôt austère mais qui correspond bien à ce qu’on peut imaginer des conditions de vie au dix-septième siècle. C’est la fin d’un monde où la nature est reine, celui des Indiens d’Amérique. C’est aussi l’avènement d’un monde nouveau, celui des hommes blancs. L’histoire de Pocahontas, c’est celle de la douleur de ce bouleversement où il n’y aura aucun retour en arrière.

Mathieu Krim

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Fiche technique
Scénario et dessin : Loïc Locatelli-Kournwsky
Editeur : Sarbacane
125 pages

 

 

15 Déc

Le train des orphelins T3 & T4

Cycle 2 – T3 Lisa / T4 Joey

De Philippe Charlot et Xavier Fourquemin

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1991. Le vieux Jim vient d’épouser la douce Bianca. Mais ce bonheur n’apaise pas les blessures du passé. Les interrogations sur son frère Joey ne cessent de le hanter : qu’est-il devenu depuis qu’ils ont été séparés il y a 70 ans ? Est-il toujours en vie ? De son côté Joey mène une vie paisible quand sa vieille amie, Lisa, orpheline elle aussi, reçoit une invitation à laquelle elle ne peut résister… Le temps est venu d’affronter les traumatismes de son enfance dans l’espoir de retrouver Jim.

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Le troisième tome de cette série nous entraine cette fois sur les traces de deux autres enfants, Lisa et Joey. Comme Harvey et Jim dans les deux premiers épisodes, Lisa et Joey ne doivent compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. Après avoir été confiés à des familles de l’Ouest, ils s’échappent pour tenter de retrouver le père de Joey. Le récit est construit comme dans les deux albums précédents. On alterne entre les années 20 et l’époque contemporaine. Et on éprouve toujours autant de plaisir à suivre les aventures de ces enfants perdus.

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Une bonne partie de l’action se déroule dans la ville de New-York. Files d’attente pour la soupe populaire, logements insalubres, pauvres à tous les coins de rues… La crise des années 30 n’est pas encore arrivée mais déjà les inégalités sociales sont criantes. Le dessin de Xavier Fourquemin est toujours aussi attrayant. Il met en scène avec brio cette Amérique des laissés pour compte, dans laquelle les jeunes orphelins, tentent de trouver leur chemin. On pense évidemment au Kid de Charlie Chaplin, tant par l’environnement dans lequel les gamins évoluent que par le ton employé ici par le scénariste Philippe Charlot.

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On ressent une vraie sympathie à l’égard des personnages de cette saga familiale. La conclusion de ce quatrième tome est plutôt optimiste et offre la perspective d’une suite qu’on attend avec impatience. Rendez-vous donc en janvier 2016 pour la fin du troisième cycle des aventures des Orphelins du train !

M.K.

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Fiche technique

Scénario : Philippe Charlot

Dessins : Xavier Fourquemin

Couleurs : Scarlett Smulkowski

Collection : Grand Angle

Editeur : Bamboo Edition

48 pages (T3), 48 pages (T4)

12 Déc

Communardes : aux armes citoyennes !

Splendide ! La nouvelle série de Wilfried Lupano est une ode au militantisme avant tout et au combat féministe, sur fond de Commune de Paris. Une bouffée d’oxygène dans cette période électorale anxiogène avec deux premiers tomes très réussis. Et un parti pris : chaque opus sera réalisé par un dessinateur différent, Lucy Mazel et Anthony Jean ouvrant la série, Xavier Fourquemin se chargeant du Tome 3 à paraître en 2016.

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Les histoires des deux premiers tomes se situent à Paris, l’une à l’hiver 1870, l’autre en 1871, dans cette période peu apprise à l’école : la Commune de Paris. En résumé, le peuple parisien se révolte contre le pouvoir en place qui déménage provisoirement à Versailles par sécurité. Dans cette histoire, les femmes ont joué un rôle essentiel, comme lors de chaque guerre certes, mais plus encore cette fois. Les historiens situent ces évènements comme le point de départ du militantisme féministe. Une période au cours de laquelle s’illustre notamment Louise Michel, que l’on croise au détour d’une page de « Les éléphants rouges ».

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Dans ces albums, la part belle est faite aux femmes. Mieux qu’un simple hommage : la reconnaissance de leurs actions, de leur volonté d’égalité : Si nos hommes vont au front, notre devoir est d’être avec eux sur le front » expriment-elles en filigrane au long des pages des deux albums.

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Très intéressé depuis toujours par cette période de trois mois de l’histoire de France, Wilfried Lupano a choisi de suivre le destin de trois femmes très différentes : « car ce qui fait la particularité de ces communardes, explique-t-il dans le dossier de presse de son éditeur, c’est qu’elles venaient de toute origine sociale : il u avait aussi bein des bourgeoises que des ouvrières ou des prostituées… c’était vraiment un mouvement « vertical ». L’idée était donc de synthétiser cela tout en proposant de véritables histoires vivantes et romanesques ».

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Sans aucun doute pour ces deux premiers tomes, l’objectif est clairement atteint. Et l’idée force qui ressort à l’issue de cette lecture agréable est sans aucun doute :Continuons le combat !

 

Stanislas Madej

 

Fiche technique

 

Les éléphants rouges

Scénario : Wilfried Lupano

Dessin : Lucy Mazel

Editeur: Vents d’Ouest

56 pages – 24×32 – 14,50 €

 

L’aristocrate fantôme

Scénario : Wilfried Lupano

Dessin : Anthony Jean

Editeur: Vents d’Ouest

56 pages – 24×32 – 14,50 €

 

Nous ne dirons rien de leurs femelles

A paraître en 2016

Scénario : Wilfried Lupano

Dessin : Xavier Fourquemin

Editeur: Vents d’Ouest

56 pages – 24×32 – 14,50 €

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11 Déc

L’enragé du ciel

de Safieddine et Guyon

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Roger Henrard a été le premier à photographier « Paris vu du ciel » à très basse altitude à partir de la fin des années 20. De 1939 à 1940, il réalise au profit des services de renseignements français d’audacieuses missions d’espionnage aérien au dessus de l’Allemagne. Une fois la France occupée, il se repliera en Algérie pour continuer le combat…
Bien que marié et père de famille, Roger Henrard ne cessera jamais de séduire, emportant sur son biplan des belles à qui il fait immanquablement tourner la tête !02

Personnage haut en couleur… Tout à la fois, mécanicien, pilote, espion, inventeur, capitaine d’industrie… C’est un homme qui ne perdra jamais son âme d’enfant et sa capacité à s’enthousiasmer. Passionné par l’aviation et la photographie, il saura lier les deux pour devenir le premier à photographier depuis les airs. Sa fougue et son empressement lui vaudront également quelques déboires. Et la vie se chargera de lui reprendre parfois autant qu’elle aura pu lui offrir.01

La lecture de ce one-shot met en lumière un personnage peu connu du grand public. Cet aventurier de l’air, aura légué à la postérité plusieurs centaines de photographies dont certaines sont exposées au musée Carnavalet à Paris. En fin d’album, quelques pages reprennent d’ailleurs certains de ces clichés.

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Le dessin faussement enfantin de Loïc Guyon est en phase avec un récit tout en mouvement. Le lecteur est entrainé comme dans un tourbillon par ce destin hors-norme qui s’étend sur plus d’un demi siècle. Le traitement des couleurs nous replonge dans l’atmosphère des années 20, période où les biplans étaient les rois du ciel. Mais c’est bien l’histoire d’un homme passionné dont il s’agit. Un homme avec sa grandeur et ses faiblesses.

M.K.

Fiche technique

Scénario :Joseph Safieddine

Dessin et couleurs : Loïc Guyon

Editeur : Sarbacane

160 pages