04 Sep

Juan Manuel Castro Prieto : « Jamais sans ma chambre »

Juan Manuel Castro Prieto insère le film argentique de sa chambre photographique. © cetavoir

Juan Manuel Castro Prieto insère le film argentique de sa chambre photographique. © cetavoir

Juan Manuel Castro Prieto travaille à l’argentique depuis 38 ans. « Pérou, la vallée sacrée », son exposition à La Chapelle du Tiers-Ordre de Perpignan, montre une série de photos prises entre 2009 et 2010, sur les traces de son modèle, le premier grand photographe latino-américain, Martin Chambi. 

Ni sang ni guerre. Les photos de Juan Manuel Castro Prieto détonnent au milieu des 26 expositions de Visa pour l’Image, cru 2015. « Je suis un photographe bizarre, je ne prends pas en photo les conflits, je prends des moments de la vie quotidienne. » Pour la série « Pérou, la vallée sacrée », le Madrilène suit les traces de Martin Chambi, photographe péruvien mort en 1973 à 81 ans, dont l’oeuvre le fascine. « Ses photos ressemblent à de la peinture, avec des lumières propres : c’est quelque chose de très spécial. »

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La photographie pour dénoncer l’injustice sociale en Espagne

L’émotion du public est réelle devant les photographies d’Andres Kudacki. Les Espagnols, qui sortent d’une terrible crise, sont particulièrement touchés par l’exposition sur le mal-logement dans leur pays, à l’église des Dominicains de Perpignan.

En 2013, plus de 67 000 personnes ont été expulsées de leur appartement en Espagne. Daniel, de Jerez, et les Barcelonaises Laura et Maixa poussent un cri du cœur.

THIBAUT CARAGE et LUCIE PUYJALINET

Librairie éphémère de Visa : des « oeuvres qu’on ne trouve nulle part ailleurs »

Corinne Duchemin, responsable de la Librairie éphémère de Visa pour l'image avec son livre-photos coup de coeur de l'année. © Anne-Sophie Blot

Corinne Duchemin, responsable de la Librairie éphémère de Visa pour l’image, avec son livre-photos coup de coeur de l’année. © Anne-Sophie Blot

« Les gens achètent des livres de photos parce qu’une photo c’est une émotion, une claque. Ils veulent s’en emparer. » Corinne Duchemin s’occupe de la libraire éphémère de Visa pour l’image depuis onze ans. Sa priorité : proposer de l’originalité en permanence autour d’un concept « qui n’existe nulle part ailleurs ». Pour y parvenir, la professionnelle des livres depuis 25 ans commande des ouvrages dans le monde entier, « en Chine, Afghanistan, Mongolie… Toujours à la recherche de la perle rare ».

La librairie éphémère dispose de 600 références, 4 500 volumes. Parmi eux, un fonds d’incontournables comme Capa, Depardon, des coups de cœur de la libraire présents à chaque Visa sur les étals, et beaucoup de nouveautés. « Cette année, la richesse de la production est impressionnante. C’est la preuve que le livre photo va bien. » Corinne Duchemin note en revanche une baisse de la production de livres sur la guerre.

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Edouard Elias dans l’intimité d’une base militaire

Le Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2015 est remis vendredi soir à Edouard Elias. Le photoreporter a passé un mois en Centrafrique avec une troupe de la Légion étrangère. Il raconte comment il est parvenu à se faire accepter dans ce « huis clos humain ».

Retranchés derrière des sacs de sables, des soldats attendent leur commandant. Bambari, République centrafricaine, avant-poste français, 16 août 2014. © Edouard Elias / Getty Images Reportage Lauréat du Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2015 Soldiers sheltering behind sandbags while waiting for their commander.              Bambari, Central African Republic, French outpost, August 16, 2014 © Edouard Elias / Getty Images Reportage Winner of the Ville de Perpignan Rémi Ochlik Award 2015 Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 27e édition du Festival International du Photojournalisme "Visa pour l'Image - Perpignan" 2015 au format 1/4 de page maximum.
Résolution maximale pour publication multimédia : 72 dpi

The photos provided here are copyright but may be used royalty-free for press presentation and promotion of the  27th International Festival of Photojournalism Visa pour l'Image - Perpignan 2015.
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Maximum resolution for online publication: 72 dpi
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Retranchés derrière des sacs de sables, des soldats attendent leur commandant. Bambari, République centrafricaine, avant-poste français, 16 août 2014. © Edouard Elias

La toilette, les séances de sport, les repas, les moments de détente mais aussi le chargement des équipements, la préparation des opérations, les tensions sur le front… Edouard Elias a été de tous les instants de vie des soldats. Au plus près d’eux durant un mois. « J’aime bien travailler sur la longueur pour m’intégrer. » En août 2014, le photojournaliste de 24 ans rejoint une troupe de la Légion étrangère de l’armée française dans sa base  de Bambari, une ville du sud de la République centrafricaine. Les militaires sont chargés de sécuriser la région dans le cadre de l’opération Sangaris. « Je souhaitais découvrir ce qu’ils vivaient dans cet endroit très reculé et dans cette sorte de huis clos humain. Je voulais raconter leur histoire, leur quotidien. »

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Pascal Maitre sur « l’autoroute » du fleuve Congo

Pascal Maitre a réalisé ce reportage sur le fleuve Congo pour le magazine National Geographic. Le photojournaliste français s'est rendu quatre fois sur place.

Pascal Maitre, à l’issue de sa conférence à Visa pour l’image, jeudi 3 septembre. © Benjamin CHAUVIRE

Pour le magazine National Geographic, Pascal Maitre a remonté le fleuve Congo à plusieurs reprises en 2013. Il nous raconte le quotidien à bord des imposantes embarcations, véritables vecteurs d’une économie régie par ce cours d’eau légendaire. 

« Je veux juste montrer ce que j’ai vu. » Sans parti pris. Le photojournaliste français Pascal Maitre est un habitué de l’Afrique et du festival Visa pour l’image à Perpignan, où il expose pour la huitième fois. Le Soudan, l’Erythrée, le Cameroun, la Somalie, Madagascar : autant de reportages qui ont construit sa vision du continent et qui l’ont amené à s’intéresser plus particulièrement au fleuve Congo en 2013. Alors qu’il présente son exposition à Perpignan, le photojournaliste tient à mettre en garde : « Il ne faut pas cantonner le continent à la guerre, les tribus, la nature. » L’Afrique, c’est aussi et surtout, pour lui, un potentiel économique.

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« Ils manifestent contre un vote truqué ? »

Caracas, Venezuela, 19 novembre 2013. Des femmes invectivent les partisans de l’opposition lors d’une manifestation devant le Parlement vénézuélien. © Alejandro Cegarra / Getty Images Reportage

Caracas, Venezuela, 19 novembre 2013. Des femmes invectivent les partisans de l’opposition lors d’une manifestation devant le Parlement vénézuélien.         © Alejandro Cegarra / Getty Images Reportage

Chaque jour, les festivaliers de “Visa pour l’Image” commentent une photo dont ils ne connaissent ni l’auteur, ni le contexte. Il s’agit aujourd’hui d’un cliché issu de l’exposition « Le poids de l’héritage d’Hugo Chavez » du photographe Alejandro Cegarra. 

« Elle est très belle. Je trouve que le noir et blanc accroche beaucoup plus que la couleur », commente Yvette, enseignante à la retraite. « On s’attarde plus sur les expressions, les gestes », acquiesce Julie, étudiante. Pour une fois, à Visa, les festivaliers semblent davantage touchés par l’esthétique de la photo que par son sujet. « C’est une bonne photo de communication, mais pas d’émotion », souligne Gabriel, photographe catalan.

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03 Sep

#MIGRANTS « Somebody’s child » : les professionnels de la photo réagissent

© EPA/DOGAN NEWS AGENCY

© EPA/DOGAN NEWS AGENCY

Depuis mercredi, la photo d’un enfant syrien retrouvé mort sur une plage turque interroge la presse internationale et enflamme les réseaux sociaux depuis hier. Il s’appelait Aylan Kurdi, avait 3 ans, et venait de Kobané. Son corps a été rejeté sur la plage de Bodrum avec ceux de onze autres personnes, dont sa mère et son frère âgé de 5 ans.

La Turquie et l’Angleterre, notamment, ont choisi de publier ce cliché en Une. En France, les médias ont mis du temps à réagir avant de la diffuser également.

Présents à Perpignan, les professionnels de la photo s’interrogent : fallait-il la publier ? Si oui, était-ce le meilleur moyen de secouer l’opinion publique ? Continuer la lecture

Me-Mo Magazine, un média numérique « au-delà du reportage photo »

Les créateurs ont présenté leur magazine au public de Visa pour l'Image, ce mercredi 2 septembre. © Justin Mourez

Les créateurs ont présenté leur magazine au public de Visa pour l’Image, ce mercredi 2 septembre. © Justin Mourez

Me-Mo comme « Memory in Motion », littéralement “mémoire en mouvement”. Le magazine en ligne, disponible uniquement sur iPad, a vu le jour en février 2015. Le deuxième numéro de Me-Mo Magazine, “Disintegration”, est sorti ce mercredi 2 septembre.

Une photographie capte un instant T. La scène, qu’elle soit posée ou en action, reste figée. A celui qui la regarde d’imaginer l’avant et l’après grâce aux nouvelles technologies.

Mercredi, les créateurs de Me-Mo Magazine – les photographes Manu Brabo, Guillem Valle, Fabio Bucciarelli, et Maral Deghati, photo-éditrice et rédactrice en chef – ont présenté leur projet au public de Visa pour l’Image.

Ce magazine numérique, uniquement disponible sur tablette, propose des longs formats photographiques qui immergent le lecteur/spectateur dans le reportage. Un reportage photo classique se regarde en faisant défiler les photos par un glissement de doigt. Me-Mo va plus loin. L’utilisateur plonge littéralement dans le reportage, décide quel cliché il veut regarder.

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Éditeurs photos : comment leur taper dans l’oeil

Geronimo Molina, photographe colombien, présente son travail à Gilles Favier, directeur artistique du festival ImageSingulières.

Geronimo Molina, photographe colombien, présente son travail à Gilles Favier, directeur artistique du festival ImageSingulières. © Camille Vittet

A Visa, les éditeurs photos et les iconographes enchaînent les rendez-vous, sélectionnent les travaux des photoreporters qui pourraient intéresser leurs titres. Voici quelques clés pour préparer un entretien et décrocher une publication.

Difficile pour un photojournaliste de percer sur un marché saturé d’images. Pour y parvenir, Laetitia Guillemin et Emmanuel Zbinden, membres de l’ANI (Association nationale des iconographes), insistent sur le langage visuel. « C’est très comparable au style littéraire. Le langage visuel marque la singularité d’une personne », explique Emmanuel Zbinden.

« Prenons le sujet des migrants. Un photographe montrera un aspect personnel du sujet en ayant une écriture en noir et blanc, avec beaucoup de contrastes. Un autre choisira la couleur pour être dans une réalité plus immédiate », détaille Laetitia Guillemin. Cette iconographe indépendante travaille notamment pour le Monde diplomatique. Elle considère le langage visuel comme un moyen pour le photographe de faire passer un message plus fort.

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Tchernobyl, une ville touristique comme les autres

Pendant leur journée de visite dans la zone d’exclusion, les touristes ont quelques minutes pour se prendre en photo devant le sarcophage entourant le réacteur numéro 4.  Pripyat, Ukraine, 2013. © Gerd Ludwig / National Geographic Creative / National Geographic Magazine

Pendant leur journée de visite dans la zone d’exclusion, les touristes ont quelques minutes pour se prendre en photo devant le sarcophage entourant le réacteur numéro 4. Pripyat, Ukraine, 2013.© Gerd Ludwig / National Geographic Creative / National Geographic Magazine

Le photojournaliste allemand Gerd Ludwig se rend régulièrement à Tchernobyl depuis plus de 20 ans. Son travail actuel, exposé à Visa pour l’image, se concentre sur un aspect peu abordé : le tourisme nucléaire, pratiqué dès 2011 sur le site ukrainien.

Les Américains appellent cela le « ruin porn ». Autrement dit, la fascination pour les ruines et les paysages dévastés. Une tendance que revendique Gerd Ludwig. « En tant que journaliste, nous avons une attirance pour les scènes post-apocalyptiques », explique-t-il en déambulant le long de son exposition Tourisme nucléaire. C’est accidentellement que le photographe allemand a débuté un travail de longue haleine sur le site nucléaire de Tchernobyl et la ville fantôme de Pripyat. « En 1993, National Geographic m’avait chargé de réaliser un reportage sur la pollution en ex-URSS. J’ai passé plus de temps que prévu à Tchernobyl : c’est devenu une histoire dans l’histoire. »

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