04 Sep

« Elle doit être triste car sans futur »

Vicenzo a une otite et de la fièvre, Stacy a dû le récupérer à la crèche pour l’amener chez le médecin. Ils vivent tous les deux dans un logement du Dahlia, un établissement d’accueil mère-enfant à Hellemmes. Mars 2015. © Viviane Dalles

Vicenzo a une otite et de la fièvre, Stacy a dû le récupérer à la crèche pour l’amener chez le médecin. Ils vivent tous les deux dans un logement du Dahlia, un établissement d’accueil mère-enfant à Hellemmes. Mars 2015.© Viviane Dalles

Chaque jour, les festivaliers de Visa pour l’Image commentent une photo dont ils ne connaissent ni l’auteur, ni le contexte. Il s’agit aujourd’hui d’un cliché issu de l’exposition Devenir mère ado de la photographe française Viviane Dalles.

« C’est une jeune femme seule… Ah non, regarde elle a un enfant ! », fait remarquer Julie à son compagnon Rémi. « Elle a l’air malheureuse, dans ce qui ressemble à une rame de métro », commentent les deux trentenaires de Perpignan. « Malheureuse », mais aussi « seule » ou « triste ». C’est ce que les festivaliers remarquent lorsqu’ils observent la photographie de Viviane Dalles.

« Elle est doit être triste car elle est sans futur », avance Eugénie, une Allemande de 59 ans, venue au festival en famille. Sa fille, Patricia, mère d’une petite fille de 5 mois, continue : « Elle doit téléphoner à sa mère pour avoir de l’aide. »

Pour les visiteurs, le lieu du cliché fait débat. Selon Eugénie, parce que Stacy – la jeune femme de la photo – a « le teint très pâle » et que les couleurs ambiantes sont « grises », c’est en Russie. D’autres voient ça dans une « grande ville européenne », voire en région parisienne pour Rémi. La photographie a en réalité été prise à Hellemmes, une petite ville du Nord-Pas-de-Calais.

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« Ils manifestent contre un vote truqué ? »

Caracas, Venezuela, 19 novembre 2013. Des femmes invectivent les partisans de l’opposition lors d’une manifestation devant le Parlement vénézuélien. © Alejandro Cegarra / Getty Images Reportage

Caracas, Venezuela, 19 novembre 2013. Des femmes invectivent les partisans de l’opposition lors d’une manifestation devant le Parlement vénézuélien.         © Alejandro Cegarra / Getty Images Reportage

Chaque jour, les festivaliers de “Visa pour l’Image” commentent une photo dont ils ne connaissent ni l’auteur, ni le contexte. Il s’agit aujourd’hui d’un cliché issu de l’exposition « Le poids de l’héritage d’Hugo Chavez » du photographe Alejandro Cegarra. 

« Elle est très belle. Je trouve que le noir et blanc accroche beaucoup plus que la couleur », commente Yvette, enseignante à la retraite. « On s’attarde plus sur les expressions, les gestes », acquiesce Julie, étudiante. Pour une fois, à Visa, les festivaliers semblent davantage touchés par l’esthétique de la photo que par son sujet. « C’est une bonne photo de communication, mais pas d’émotion », souligne Gabriel, photographe catalan.

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03 Sep

« Le monde est complètement fou »

Un policier tente de protéger une policière accusée d’avoir tiré sur un manifestant. Elle a été pourchassée et rouée de coups par des manifestants s’opposant à la candidature du président à un troisième mandat. Quartier de Buterere, Bujumbura, Burundi, 12 mai 2015. © Goran Tomasevic / Reuters

Un policier tente de protéger une policière accusée d’avoir tiré sur un manifestant. Elle a été pourchassée et rouée de coups par des manifestants s’opposant à la candidature du président à un troisième mandat. Quartier de Buterere, Bujumbura, Burundi, 12 mai 2015.© Goran Tomasevic / Reuters

Chaque jour, les festivaliers découvrent des centaines de clichés et tentent de comprendre le message du photojournaliste. Sans la légende, la mission est compliquée. L’exercice porte aujourd’hui sur une image de Goran Tomasevic, tirée de « Burundi : trois fois, non ! » prise lors d’une manifestation contre la candidature de Joseph Nkurunziza.

« Plus rien ne m’étonne. » Jean-Pierre Ygrié ne regarde la photo que quelques secondes. « Le monde est complètement fou. » Le retraité, passionné de photos, ne s’attarde pas sur le contexte du cliché. Norma Maurice, elle, comprend très vite. « J’ai été en Afrique du Sud. Ce que je vois me fait penser aux tensions sociales post-Apartheid. » L’étudiante décrit facilement les protagonistes : « On dirait les policiers ou quelqu’un de l’armée qui se fait attaquer ». Roxanne Bertrand voit surtout « un homme qui a une paume de main apaisante » dans un contexte de « tension palpable ». La professeure d’anglais s’interroge pourtant sur la scène à droite de la photo. « C’est pas une pierre ? » Elle aurait aimé que le photographe Goran Tomasevic élargisse le plan pour une meilleure lisibilité.

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02 Sep

« Pour une fois à Visa, ça n’a pas l’air d’être un conflit »

La vie à bord du bateau JCM-Services (Jésus-Christ Merveilleux Services) et sur la rive du fleuve après Mbandaka, 100 km avant Lisala. Les gens du village viennent vendre crocodiles (25 dollars), poulets, canards, et acheter des marchandises. © Pascal Maitre / Cosmos / National Geographic Magazine

La vie à bord du bateau JCM-Services (Jésus-Christ Merveilleux Services) et sur la rive du fleuve après Mbandaka, 100 km avant Lisala. Les gens du village viennent vendre crocodiles (25 dollars), poulets, canards, et acheter des marchandises. © Pascal Maitre / Cosmos / National Geographic Magazine

Chaque jour, les festivaliers découvrent des centaines de clichés et tentent de comprendre le message du photojournaliste. Sans la légende, la mission est plus compliquée. Certains visiteurs se sont essayés à l’exercice avec une image de Pascal Maître, un reportage sur le fleuve Congo.

« Au premier plan, il y a un alligator ligoté, qui vient sans doute d’être chassé, avec des animaux de la ferme ! On ne sait pas trop ce que va devenir l’alligator. » Martin Grimaldi est un Nimois de 20 ans venu faire les vendanges. « Il y a ces deux jeunes qui rament. Ils essaient peut-être de gagner leur vie. On se trouve sans doute dans un pays africain. » Juste au moins sur la région.

Gérard Chaumeron, originaire de Loupian (Hérault), hésite, et se lance : « Pour une fois à Visa, ça n’a pas l’air d’être un conflit. C’est peut-être une opération de sauvetage d’animaux.» Il est vite repris par son épouse, Marthe. « C’est étonnant que tu penses ça, toi, qui est si pragmatique. Je crois plutôt que les deux hommes transportent les animaux jusqu’à un marché. La scène pourrait peut-être se dérouler en Guyane. »

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01 Sep

« Ce n’est même plus de la tristesse, c’est de la douleur »

Carmen Martinez Ayuso (85 ans) s’est fait saisir son appartement lorsque son fils a perdu son emploi et qu’elle ne pouvait plus payer le prêt hypothécaire et les taux d’intérêt élevés. © Andres Kudacki / AP

Carmen Martinez Ayuso (85 ans) s’est fait saisir son appartement lorsque son fils a perdu son emploi et qu’elle ne pouvait plus payer le prêt hypothécaire et les taux d’intérêts élevés. © Andres Kudacki / AP

Contextualiser une photo sans sa légende. C’est le jeu auquel les festivaliers de Visa pour l’image se prêtent, chaque jour. Aujourd’hui, ils réagissent sur un cliché d’Andres Kudacki. Une scène qui illustre la crise du logement en Espagne.

Difficile de décrypter cette image qui incarne le désespoir. C’est ce que laisse entendre Göran Stenberg, photographe retraité. « Manifestement, ce cliché dégage une certaine peine. La scène pourrait se dérouler n’importe où en Europe », estime ce Suédois. Assis sur les marches de l’ancienne université de Perpignan, il procède par élimination. « Ce n’est pas en Suède, nous n’avons pas ce genre de vêtements. Peut-être en Roumanie ou en Grèce ».

À quelques pas de là, Véronique, festivalière venue de Périgueux, se laisse influencer par ce qu’elle appelle ses « origines » professionnelles. « C’est la maladie d’Alzheimer. Cette dame est perdue dans une maison de retraite ». Une situation que cette aide-soignante vit au quotidien.

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31 Août

« Pourquoi elle a des couvertures ? »

Près de Suruc, ville du sud-est, province de Sanliurfa, Turquie, 2 octobre 2014. Une femme kurde et sa fille attendent après leur passage de Syrie en Turquie, sous les tirs de mortier venant des deux côtés. © Bülent Kiliç / AFP Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 27e édition du Festival International du Photojournalisme "Visa pour l'Image - Perpignan" 2015 au format 1/4 de page maximum.
Résolution maximale pour publication multimédia : 72 dpi

The photos provided here are copyright but may be used royalty-free for press presentation and promotion of the  27th International Festival of Photojournalism Visa pour l'Image - Perpignan 2015.
Maximum size printed: quarter page
Maximum resolution for online publication: 72 dpi
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Près de Suruc, ville du sud-est, province de Sanliurfa, Turquie, 2 octobre 2014. Une femme kurde et sa fille attendent après leur passage de Syrie en Turquie, sous les tirs de mortier venant des deux côtés. © Bülent Kiliç / AFP

Chaque jour, les festivaliers de “Visa pour l’Image” commentent une photo dont ils ne connaissent ni l’auteur, ni le contexte. Il s’agit aujourd’hui d’un cliché issu de l’exposition “De Kiev à Kobané”, de Bülent Kiliç, photoreporter turc à l’AFP.

« Maman, pourquoi elle a une veste ? Pourquoi elle mange du pain ? Pourquoi elle a des couvertures ? » Après avoir regardé longuement la photo, Olivia, 5 ans, se pose plein de questions sur la petite fille kurde. La jeune festivalière est venue avec ses parents de Font-Romeu. « Elle a peur », affirme Mathilda, 8 ans, sa grande sœur. Pas facile pour leur mère, Anna, d’expliquer le sens de la photographie. Mais d’un autre côté, « on ne peut pas les laisser avec ces images dans la tête, sans explication », affirme Vincent, le père. Continuer la lecture