Me-Mo comme « Memory in Motion », littéralement “mémoire en mouvement”. Le magazine en ligne, disponible uniquement sur iPad, a vu le jour en février 2015. Le deuxième numéro de Me-Mo Magazine, “Disintegration”, est sorti ce mercredi 2 septembre.
Une photographie capte un instant T. La scène, qu’elle soit posée ou en action, reste figée. A celui qui la regarde d’imaginer l’avant et l’après grâce aux nouvelles technologies.
Mercredi, les créateurs de Me-Mo Magazine – les photographes Manu Brabo, Guillem Valle, Fabio Bucciarelli, et Maral Deghati, photo-éditrice et rédactrice en chef – ont présenté leur projet au public de Visa pour l’Image.
Ce magazine numérique, uniquement disponible sur tablette, propose des longs formats photographiques qui immergent le lecteur/spectateur dans le reportage. Un reportage photo classique se regarde en faisant défiler les photos par un glissement de doigt. Me-Mo va plus loin. L’utilisateur plonge littéralement dans le reportage, décide quel cliché il veut regarder.
Dans « Inside the Lybian war » de Fabio Bucciarelli, par exemple, l’internaute se retrouve plongé dans le noir d’une prison. Le photo-reportage se vit ici en réalité augmentée. Le lecteur doit bouger sa tablette pour naviguer et ainsi éclairer les images. « Si vous ne voulez pas passer pour un fou dans la rue, vous pouvez aussi regarder les photos sous forme de diaporama », s’amuse Manu Brabo.
Images 3D donc, mais aussi infographies et cartes animées, vidéos… L’outil permet à l’utilisateur de prendre possession de la narration. « C’est tout sauf une présentation conventionnelle. On va au-delà du simple reportage photo », explique Maral Deghati. La légende n’est plus l’unique élément de contextualisation de l’image.
Un magazine communautaire
« Me-Mo n’est pas une agence, mais un magazine pour des photographes freelance, détaille Fabio Bucciarelli, photoreporter (Prix Bayeux 2013). C’est aussi une plateforme pour former une communauté. À l’avenir, on souhaite également apporter un soutien juridique aux photojournalistes. »
Une campagne de crowfunding a permis de financer ce média interactif : 20 000 € ont été récoltés pour son lancement. Le premier numéro, “Miedo” (“Peur”), a été téléchargé 3 000 fois. L’objectif pour son équipe : développer une nouvelle façon de publier des récits photographiques.
Les créateurs sont partis du constat que les lecteurs s’informent de plus en plus sur tablette et sur smartphone. Le photojournalisme n’y échappe pas : la photo à l’ère numérique se doit d’être accompagnée de sons, de vidéos, ou encore d’infographies.
Me-Mo Magazine est donc « un laboratoire » de l’enrichissement de l’image. Tout comme les rédacteurs, les photographes doivent devenir polyvalents :
Me-Mo Magazine est encore en phase de développement. Ses créateurs souhaitent qu’il devienne un trimestriel, disponible en anglais, en italien et en espagnol. Pour le moment, seulement accessible sur la tablette de la marque à la pomme, le magazine pourrait voir le jour sur smartphone.
Sophie MOREAU & Justin MOUREZ