04 Sep

La photo du jour : « Cette image me fait peur »

Monrovia, Libéria, 23 juillet 2003. Les forces pro-gouvernementales s'opposent aux forces rebelles du LURD.

Monrovia, Libéria, 23 juillet 2003. Les forces pro-gouvernementales s’opposent aux forces rebelles du LURD. © Chris Hondros

Commenter et tenter de légender une photo. Pendant une semaine, les festivaliers de Visa pour l’image à Perpignan se prêtent à l’exercice. Aujourd’hui, décryptage d’une image tirée de l’exposition « Testament », en hommage à Chris Hondros.

« Cette photo m’insupporte, je ne veux même pas la voir ». Patrick, commerçant à Perpignan, est catégorique. Il ne se sent pas concerné par l’actualité mondiale et trouve même le cliché « violent et sans intérêt ». Il ne saura donc jamais qu’elle a été prise le 23 juillet 2003, lors de la guerre civile au Libéria, par Chris Hondros. Le travail du photographe américain, tué en 2011 en Libye, est présenté à l’hôtel Pams de Perpignan pendant Visa. Continuer la lecture

Mary F. Calvert rend leur voix aux militaires violées

Le sergent Jennifer Norris avait 21 ans lorsqu’elle a rejoint l’US Air Force. Son recruteur à la base aérienne de Lackland à San Antonio, au Texas, l’a droguée puis violée. Nancy Parrish, présidente de l’association « Protect Our Defenders » (Protégez nos défenseurs), réconforte le sergent Norris après son témoignage à l’audience de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, au Capitole, à Washington. © Mary F. Calvert / Zuma Press - Prix Canon de la femme photojournaliste 2013 décerné par l’AFJ

Le sergent Jennifer Norris avait 21 ans lorsqu’elle a rejoint l’US Air Force. Son recruteur à la base aérienne de Lackland à San Antonio, au Texas, l’a droguée puis violée. Nancy Parrish, présidente de l’association « Protect Our Defenders » (Protégez nos défenseurs), réconforte le sergent Norris après son témoignage à l’audience de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, au Capitole, à Washington.© Mary F. Calvert / Zuma Press – Prix Canon de la femme photojournaliste 2013 décerné par l’AFJ

Viols, agressions et abus sexuels… Des crimes contre les femmes passés sous silence dans l’armée américaine. Mary F. Calvert les dénonce dans une série de photos exposée au Couvent des Minimes dans le cadre de la 26e édition de Visa pour l’image à Perpignan.

Indécise. Mary F. Calvert ne sait pas quel cliché choisir. Quelle femme l’a le plus touchée parmi celles photographiées dans son exposition « Une lutte passée sous silence : les agressions sexuelles au sein de l’armée américaine ». Jessica Hinves, Jennifer Norris, Carrie Goodwin, Sophie Champoux, Heather Picovitch ont toutes été violées ou harcelées sexuellement. Elles étaient mécaniciennes spécialisées dans les avions de chasse, sergent, recruteur ou membre du corps des Marines. Et l’armée a étouffé leur voix. Leur crime : avoir parlé. Pourtant, les affiches de prévention placardées dans les casernes militaires le leur conseillaient. « Je me suis toujours dit que ces messages ne servaient à rien. Ils m’interpelaient à chaque fois que j’animais des formations en photographie dans des casernes. Je ne pensais pas que ça pouvait arriver dans l’armée américaine. » Continuer la lecture

03 Sep

Le off catalan des photoreporters nord-vietnamiens

Maï Nam retrouve sa fille, devant les caméras de France 3. Même le soir, Maï Nam n'en finit pas d'intéresser les médias. Né en 1931, il devient photographe pour L'Avant-garde, un journal vietnamien, à 22 ans. Soldat et reporter, il a couvert la "guerre de libération" contre les Américains. Il a ensuite poursuivi sa carrière à l'Avant-Garde, jusqu'à la retraite. Visa pour l'Image met à l'honneur ses clichés, exposés pour la première fois dans le monde occidental. © Ryad Benaidji

Maï Nam retrouve sa fille, devant les caméras de France 3. Même le soir, Maï Nam n’en finit pas d’intéresser les médias. Né en 1931, il devient photographe pour L’Avant-garde, un journal vietnamien, à 22 ans. Soldat et reporter, il a couvert la « guerre de libération » contre les Américains. Il a ensuite poursuivi sa carrière à l’Avant-Garde, jusqu’à la retraite. Visa pour l’Image met à l’honneur ses clichés, exposés pour la première fois dans le monde occidental. © Ryad Benaidji

Les quatre soldats-reporters nord-vietnamiens sont les attractions de Visa pour l’Image. Hasard, la fille de l’un d’eux, Maï Nam, vit à une vingtaine de kilomètres de Perpignan. L’occasion de se retrouver autour d’un repas. Et d’évoquer de drôles de souvenirs…

Pour une première en France, c’est réussi. Maï Nam, arrivé il y a deux jours de Hanoï, présente dans l’exposition Ceux du Nord des clichés inédits de la guerre du Vietnam. Il a aussi pu revoir sa fille Vân, 54 ans, qui vit depuis deux ans à Ille-sur-Têt avec son mari, près de Perpignan. Emue par ce coup du sort inattendu, elle a invité ce mardi soir son papa et ses collègues, Doan Công Tinh, Chu Chi Thành et Hua Kiem. Etaient aussi présents son mari Claude Gendre, et Huyen, la traductrice, par ailleurs journaliste au Vietnam et surtout amie de Vân. Continuer la lecture

Etre reconnu dans le métier, c’est leur objectif

Coline Rohart et Florian Tomasini présentent pour la première fois leurs reportages au festival Off de Visa. © Alexandre Ollivieri

Coline Rohart et Florian Tomasini présentent pour la première fois leurs reportages au festival Off de Visa. © Alexandre Ollivieri

À Perpignan, les grands noms du photojournalisme côtoient les amateurs. Parmi eux, deux jeunes photographes qui exposent au festival Off et qui rêvent, un jour, d’atteindre Visa.

À 20 et 21 ans, ils sont les benjamins de l’événement et les deux seuls en lice pour le prix « jeunes » de Visa Off, réservé aux moins de 25 ans. Jusqu’au 13 septembre, Coline Rohart et Florian Tomasini présentent chacun un reportage, à l’occasion du festival de photo-reportage amateur. « Ils ont le talent et ont parfaitement compris l’esprit du Off, se réjouit Didier Hoiry, qui dirige la manifestation. Ils ont les moyens pour percer dans ce milieu. »

Leur rêve ? Présenter leur travail au festival officiel de Visa pour l’image. « Ce serait magnifique de côtoyer tous ces professionnels », explique Coline, étudiante en Master Sciences Po à Aix-en-Provence. « Visa, c’est un tremplin formidable pour la suite, ajoute Florian, titulaire d’une licence internationale en audiovisuel. Ça permet de multiplier les contacts. » Continuer la lecture

La photo du jour : « Sur ce cliché, on ne sent pas vraiment le danger »

Inde : province du Bengale-Occidental, ville frontalière de Hili. Deux Bangladaises tentent de franchir le mur qui les sépare de l'Inde.

Inde : province du Bengale-Occidental, ville frontalière de Hili. Deux Bangladaises tentent de franchir le mur qui les sépare de l’Inde. © Gaël Turine / Agence VU’.

Comme chaque jour pendant une semaine, les festivaliers de Visa pour l’image à Perpignan se prêtent à l’exercice : commenter la photo du jour. Aujourd’hui, décryptage d’une image issue du « Mur de la peur », exposition de Gaël Turine, photographe pour l’agence Vu’.

La photo entre les mains, Marine comme Alain ou Marie-Claire marquent une pause puis décryptent la photo de Gaël Turine sans trop de difficulté : « Ces femmes fuient la misère ! ». Le mur « haut et épais » les a mis sur la piste. « Moi, je serais bien incapable de sauter un mur comme celui-ci. Quand j’étais petit, j’escaladais pour voler des fruits chez mes voisins mais là, c’est balèze. Leurs vies doivent être menacées », commente Alain, un Perpignanais de 51 ans. Continuer la lecture

02 Sep

Visa rend hommage aux photographes disparus

Benghazi, Libye, 15 avril 2011. Ali Salem el-Faizani, 10 ans, posté au carrefour où il règle la circulation. Depuis presque deux mois, les écoles de l’est du pays sont fermées à cause du conflit en cours. Certains enfants travaillent pour passer le temps. Benghazi, Libya, April 15, 2011.   Ali Salem el-Faizani (10) at a street corner while working as a traffic officer. With schools across eastern Libya closed for nearly two months because of the ongoing civil conflict, some children such as Al, chose to work to pass the time. © Chris Hondros / Getty Images

Benghazi, Libye, 15 avril 2011.Ali Salem el-Faizani, 10 ans, posté au carrefour où il règle la circulation. Depuis presque deux mois, les écoles de l’est du pays sont fermées à cause du conflit en cours. Certains enfants travaillent pour passer le temps.© Chris Hondros / Getty Images

Camille Lepage, Anja Niedringhaus, James Foley… La liste de reporters disparus sur les champs de bataille, appareil photo en main, s’allonge chaque année. Comment témoigner sans s’exposer, c’est la question centrale de cette 26e édition. 

« Lorsqu’on est reporter, la guerre, c’est le Graal de la profession. » Par ces mots, Régis Le Sommier, directeur adjoint de Paris Match, illustre ce besoin incessant de Chris Hondros de « sauter dans le vide ». Au point d’y laisser sa vie le 20 avril 2011, en Libye.

Chaque jour, des journalistes se mettent en danger pour capter une image d’un conflit ou mettre des mots sur une guerre. Ces photos recouvrent une partie des murs de Visa pour l’image depuis vingt-six ans. Devant les disparitions de ces témoins, le festival refuse de rester muet. « C’est important de rendre hommage à ces gens qui ont pris des risques immenses pour montrer ce qu’il se passe dans le monde. Heureusement que Visa est là pour jouer ce rôle », souligne le photographe Bruno Amsellem. Continuer la lecture

« Ceux du Nord » : la guerre du Vietnam vue par les vainqueurs

9 mars 1973. Suite aux accords de paix signés à Paris le 27 janvier 1973, le plus grand échange de prisonniers dans l’histoire de la guerre du Vietnam a lieu au printemps 1973 près du fleuve Thach Han, dans la province de Quang Tri. Les prisonniers nord-vietnamiens libérés par les Sud-Vietnamiens courent vers leurs compagnons d’armes. À l’arrière-plan, on aperçoit  les drapeaux sud-vietnamiens. © Chu Chi Thành

9 mars 1973. Suite aux accords de paix signés à Paris le 27 janvier 1973, le plus grand échange de prisonniers dans l’histoire de la guerre du Vietnam a lieu au printemps 1973 près du fleuve Thach Han, dans la province de Quang Tri. Les prisonniers nord-vietnamiens libérés par les Sud-Vietnamiens courent vers leurs compagnons d’armes. À l’arrière-plan, on aperçoit les drapeaux sud-vietnamiens. © Chu Chi Thành

L’exposition « Ceux du Nord » permet de vivre la guerre du Vietnam, telle qu’elle a été couverte par quatre soldats-reporters du camp pro-soviétique. On découvre une guerre du petit peuple, un regard nouveau sur un pan d’histoire déjà largement médiatisé.

Torses nus, des dizaines d’hommes traversent une rivière en courant. Une foule de soldats se précipite vers eux. Il y a des sourires, des accolades. Nous sommes le 9 mars 1973, au bord du Thach Han River. Le plus important échange de prisonniers de la guerre du Vietnam vient d’avoir lieu. « C’est une scène que je ne pourrai jamais oublier », affirme Chi Chu, auteur du cliché, exposé à Visa pour l’image. Continuer la lecture

Infiltré dans les camps Rohingyas de Birmanie

Depuis les émeutes de juin 2012, plus de 140 000 personnes appartenant à la minorité musulmane des Rohingyas sont confinées dans des camps de déplacés dans l’État de l’Arakan. Sittwe, Birmanie (Myanmar), août 2013. © Bruno Amsellem / Signatures

Depuis les émeutes de juin 2012, plus de 140 000 personnes appartenant à la minorité musulmane des Rohingyas sont confinées dans des camps de déplacés dans l’État de l’Arakan. Sittwe, Birmanie (Myanmar), août 2013. © Bruno Amsellem / Signatures

L’été dernier, le photographe Bruno Amsellem s’est rendu en Birmanie dans les camps des Rohingyas, une minorité musulmane persécutée par les bouddhistes extrémistes du pays. Il expose ses clichés cette année à Perpignan et raconte son parcours pour infiltrer ces camps très fermés.

Bruno Amsellem est un habitué de Visa pour l’image. Déjà présent en 2006 et 2012, le photographe lyonnais revient cette année avec un reportage sur les Rohingyas du sud-ouest de la Birmanie. Pendant plusieurs mois, lui et la journaliste Anne-Lise Fantino se sont immergés pour le magazine Femmes en résistance dans le quotidien de cette société musulmane persécutée par les bouddhistes qui leur refusent la nationalité birmane. Continuer la lecture

Avec « Dysturb », le photojournalisme s’affiche en grand dans les rues de Perpignan

Le collectif Dysturb colle des affiches dans la rue de l'Académie (Perpignan). © Alexandre Ollivieri

Le collectif Dysturb colle des affiches dans la rue de l’Académie (Perpignan). © Alexandre Ollivieri

Photojournalistes et colleurs d’affiches sont les deux casquettes des reporters du collectif « Dysturb » pendant Visa 2014. Dans les rues de Perpignan, leur initiative, une première, plaît au public.

Posté devant la caserne Mangin, les yeux en l’air, Godelin semble captivé par la photo du reporter Benoît Gysembergh. Perpignanais depuis toujours, il connaît bien Visa pour l’image. L’initiative du collectif « Dysturb » de coller l’actualité aux murs de la ville le surprend agréablement : « Je suis à la fois étonné par la taille de cette photo et touché par ce qu’elle représente. »  Sur le cliché, deux enfants de dos, à qui il manque chacun une jambe, se déplacent en béquilles. La scène a été captée en 1995, le long de la rivière Una, en Bosnie-Herzégovine. Continuer la lecture

« Le Grand Incendie » décroche le Visa d’or 2014 du webdocumentaire

Le webdoc le Grand incendie a remporté le prix Visa d'or 2014. (Capture d'écran).

Le webdoc Le Grand Incendie a remporté le prix Visa d’or 2014. (Capture d’écran)

« Le Grand Incendie », de Samuel Bollendorff et Olivia Colo, a remporté la sixième édition du Visa d’or du webdocumentaire RFI-France 24. Leur travail, réalisé pour France Télévisions, évoque des immolations par le feu qui ont eu lieu en France entre 2011 et 2013. La plupart sont liées à des souffrances sociales.

« En France, une personne s’immole par le feu tous les quinze jours. » Cette information ouvre le sujet et rappelle que les drames de ce genre sont fréquents, bien que souvent méconnus. Des locaux de France Télécom à Mérignac en passant par un lycée de Béziers ou un arrêt de tram à Saint-Priest, le documentaire présente, sobrement, les circonstances de ces immolations et dénonce certaines dérives du monde du travail.

La parole est donnée aux proches des victimes et aux témoins. Mêmes certains immolés s’expriment, à travers un courrier laissé avant de passer à l’acte. Les témoignages sont ponctués d’images d’archives de journaux télévisés, qui montrent les dirigeants des entreprises concernées au plan de communication lisse, malgré l’horreur des faits.

Samuel Bollendorff et Olivia Colo recevront leur prix à l’occasion de la soirée de projection de ce mercredi 3 septembre.

V. D. et G. V.