03 Sep

La photo du jour : « Sur ce cliché, on ne sent pas vraiment le danger »

Inde : province du Bengale-Occidental, ville frontalière de Hili. Deux Bangladaises tentent de franchir le mur qui les sépare de l'Inde.

Inde : province du Bengale-Occidental, ville frontalière de Hili. Deux Bangladaises tentent de franchir le mur qui les sépare de l’Inde. © Gaël Turine / Agence VU’.

Comme chaque jour pendant une semaine, les festivaliers de Visa pour l’image à Perpignan se prêtent à l’exercice : commenter la photo du jour. Aujourd’hui, décryptage d’une image issue du « Mur de la peur », exposition de Gaël Turine, photographe pour l’agence Vu’.

La photo entre les mains, Marine comme Alain ou Marie-Claire marquent une pause puis décryptent la photo de Gaël Turine sans trop de difficulté : « Ces femmes fuient la misère ! ». Le mur « haut et épais » les a mis sur la piste. « Moi, je serais bien incapable de sauter un mur comme celui-ci. Quand j’étais petit, j’escaladais pour voler des fruits chez mes voisins mais là, c’est balèze. Leurs vies doivent être menacées », commente Alain, un Perpignanais de 51 ans.

Un esthétisme trompeur

Alain salue ici le courage de ces deux femmes. © Ophélie Crémillieux.

Alain salue ici le courage de ces deux femmes. © Ophélie Crémillieux.

« Au premier coup d’œil pourtant, ce n’est pas si évident », lâche Josette. Pour la Perpignanaise, la photo « manque d’éloquence ». Elle se dit « trompée par l’esthétisme ». Un sentiment partagé par Olivier. « Les tenues sont colorées. Ces Bangladaises n’ont pas l’air miséreuses. C’est une photo agréable à regarder. Sur ce cliché, on ne sent pas vraiment le danger », décrit le Toulousain.

Selon Francine, « la photo mérite d’être légendée pour délivrer un message clair ». Mais lorsqu’on lui demande si elle aurait préféré une photo « choc » sans doute plus explicite, la Perpignanaise de 77 ans est catégorique, c’est non : « Il y a suffisamment de violence dans la vie quotidienne pour aller la chercher dans une exposition. »

Et pourtant, de chaque côté de ce mur long de 3 200 kilomètres, les gardes-frontières bangladais et ceux de la Border Security Force (forces de sécurité indiennes) patrouillent. Les arrestations violentes et le nombre de morts en font la frontière la plus dangereuse au monde.

 « Le mur et la peur » est visible au couvent des minimes tout au long de cette 26e édition de Visa pour l’image.

Ophélie CREMILLIEUX