03 Sep

Etre reconnu dans le métier, c’est leur objectif

Coline Rohart et Florian Tomasini présentent pour la première fois leurs reportages au festival Off de Visa. © Alexandre Ollivieri

Coline Rohart et Florian Tomasini présentent pour la première fois leurs reportages au festival Off de Visa. © Alexandre Ollivieri

À Perpignan, les grands noms du photojournalisme côtoient les amateurs. Parmi eux, deux jeunes photographes qui exposent au festival Off et qui rêvent, un jour, d’atteindre Visa.

À 20 et 21 ans, ils sont les benjamins de l’événement et les deux seuls en lice pour le prix « jeunes » de Visa Off, réservé aux moins de 25 ans. Jusqu’au 13 septembre, Coline Rohart et Florian Tomasini présentent chacun un reportage, à l’occasion du festival de photo-reportage amateur. « Ils ont le talent et ont parfaitement compris l’esprit du Off, se réjouit Didier Hoiry, qui dirige la manifestation. Ils ont les moyens pour percer dans ce milieu. »

Leur rêve ? Présenter leur travail au festival officiel de Visa pour l’image. « Ce serait magnifique de côtoyer tous ces professionnels », explique Coline, étudiante en Master Sciences Po à Aix-en-Provence. « Visa, c’est un tremplin formidable pour la suite, ajoute Florian, titulaire d’une licence internationale en audiovisuel. Ça permet de multiplier les contacts. »

Elle raconte le parcours des victimes d’agressions sexuelles

Début 2014, la jeune femme a passé trois mois dans un centre médical spécialisé dans les agressions sexuelles à New-York, dans le Bronx. « Ma principale interlocutrice était Brigitte Alexander, un médecin. Elle m’a permis d’intégrer le centre, de me faire accepter. » Coline a mis deux mois à obtenir l’autorisation de photographier le SART (Sexual Assault Response Team).

Coline a suivi pendant trois mois le quotidien d'un centre spécialisé dans les agressions sexuelles, basé à New-York. Crédit photo : Alexandre Ollivieri

Coline a suivi, pendant trois mois, le quotidien d’un centre spécialisé dans les agressions sexuelles, basé à New-York. © Alexandre Ollivieri

Sur place, elle doit user de tact et de bon sens pour deviner quand son appareil dérange ou non. « J’ai voulu témoigner du travail des médecins et du parcours des victimes. Parfois, je n’essayais même pas de prendre des photos. Mais j’ai aussi le souvenir ému d’une jeune fille de 14 ans, qui acceptait d’être prise en photo parce que discuter avec moi lui faisait du bien. »

Malgré les drames vécus et les précautions à prendre, Coline n’a pas eu d’énormes difficultés à travailler : « Les médecins new-yorkais exportent le modèle du centre à d’autres quartiers de la ville et souhaitent le faire à l’étranger, notamment en Jordanie. Ils voulaient donc parler de leur métier. »

Il part à la rencontre des Orang-Asli

Des embûches, Florian en a connu davantage en Malaisie. En juillet 2013, le Perpignanais fait le pari risqué de l’exotisme et part à la rencontre des Orang-Asli, une population qui vit dans la jungle de Taman Negara. La cohabitation s’annonce d’emblée difficile. Dans une démarche moins journalistique que Coline, il tombe sur le groupe par hasard. Heureusement pour lui, Florian est accompagné d’un guide qui lui sert d’interprète.

Cette rencontre avec les Orang-Asli, dans la jungle de Malaisie, a permis à Florian Tomasini de réaliser une série de portraits. © Alexandre Ollivieri

Cette rencontre avec les Orang-Asli, dans la jungle de Malaisie, a permis à Florian Tomasini de réaliser une série de portraits. © Alexandre Ollivieri

Le jeune homme ne parvient finalement à réaliser qu’une quinzaine de clichés. Uniquement des portraits. « J’ai voulu faire ressortir leurs personnalités et leur manière de vivre en privilégiant l’aspect esthétique et l’émotion. »

Coline, plus pragmatique, a insisté sur le côté narratif et l’aspect social de son reportage. Beau joueur, Florian pense que sa camarade du Off va emporter le prix « jeunes ». « Mes photos sont belles mais son exposition raconte une meilleure histoire », avance naïvement le jeune homme. La récompense, une dotation de 300 euros, sera remise le jeudi 4 septembre, à 18h30, à l’occasion d’une cérémonie à la Chambre de commerce et d’industrie de la ville. En attendant, les deux jeunes reporters, devenus amis, profitent de Visa, de son effervescence. Et rêvent de reconnaissance.

Alexandre OLLIVIERI

« Every two minutes », de Coline Rohart. Berlin Premium Clothing, 37 quai Vauban, passage Doisneau, Perpignan.
« Vivre autrement », de Florian Tomasini. Havas Voyage, 1 place François Arago, Perpignan.