04 Sep

Les années 30 d’Alger à Port-Vendres

Administrateur au Centre de documentation des Français d'Algérie, Jean-Pierre Brun s'est vu confier la mission de remettre au goût du jour les légendes photos de l'exposition.  Crédit photo : Alexandre HerKlein

Administrateur au Centre de documentation des Français d’Algérie, Jean-Pierre Brun a écrit les légendes photos de l’exposition. © Alexandre Klein

Elles en ont fait du voyage, les photos exposées au Centre de documentation des Français d’Algérie pour le festival Off. De l’Algérie à Narbonne, pour revenir à Perpignan. 

Des photos des années 1930 ressurgissent du passé, comme un album de famille.  Avec « 1930, d’Alger à Port-Vendres », le Centre de documentation des Français d’Algérie propose au public, dans le cadre du festival Off, de revenir plusieurs décennies en arrière.

Une trentaine de photos en noir et blanc, dont l’auteur est inconnu, dépeignent le voyage d’un petit groupe parti d’Alger pour se rendre en « métropole », comme on disait à l’époque. Destination : Port-Vendres, Lourdes… Jean-Pierre Brun, administrateur du Centre, en réécrit l’histoire.

Les photos de l’excursion ont été sélectionnées dans un fonds d’archives de plus de 2 000 plaques photographiques, provenant du Cercle algérianiste des Pyrénées Orientales. « Quelqu’un avait donné, dans les années 80, ces plaques à un photographe professionnel de Narbonne. Le photographe en question nous les a confiées quelques années plus tard », explique la présidente du Cercle, Suzy Simon-Nicaise.

Accompagné de notes, le « trésor » du Cercle avait fait l’objet d’exposition en 2013. Une nouvelle série du fonds a été exploitée cette année : le voyage d’Alger à Port-Vendres.

La curiosité de cette exposition, c’est que l’on n’est pas ici dans le photojournalisme mais plutôt dans le docu-fiction. Les vieilles photos sont accompagnées de légendes écrites par Jean-Pierre Brun lui-même. L’administrateur du Centre de documentation des Français d’Algérie a passé quelques soirées à imaginer les réflexions qu’aurait pu livrer la femme du photographe amateur. « Je fixais une photo et je la ruminais J’essayais de voir ensuite ce qu’elle aurait pu dire pour chaque scène. » Ce qui donne un regard pour le moins surprenant et très personnel sur des scènes de la vie courante.

En dessous d’une photo d’autocar prêt à partir avec son petit groupe, la légende fictive évoque un dialogue que l’on peut ainsi résumer. Au chauffeur qui leur demande si, en Algérie, ils ont de si beaux autocars, l’épouse imaginée rétorque : « Oui, monsieur, et d’aussi modernes que les vôtres. Mais pour qui nous prend-il ? Pour des chameliers ? »

Les plaques et les tirages constituent un ensemble intéressant. Les professionnels auraient été « bluffés » par la qualité des photos, selon Jean-Pierre Brun.

Alexandre KLEIN

Centrafrique : deux regards différents sur un même conflit

Michaël Zumstein et Pierre Terdjman ont travaillé ensemble en Centrafrique. Les deux photojournalistes exposent leur travail au festival Visa pour l’image. En découvrant leurs photos, surprise : les mêmes clichés ne racontent pas la même histoire.

« Quand on est photojournaliste, on sait l’importance de voyager ensemble, pour des raisons de sécurité, pour partager les coûts… », explique Michaël Zumstein. Arrivé en Centrafrique fin 2013, il est, avec Pierre Terdjman, l’un des premiers à se rendre sur les lieux. A cette époque, ils ne sont que cinq ou six à s’intéresser au conflit qui oppose la rébellion Seleka au pouvoir, et les milices chrétiennes, les anti-balaka. Continuer la lecture

Mary F. Calvert rend leur voix aux militaires violées

Le sergent Jennifer Norris avait 21 ans lorsqu’elle a rejoint l’US Air Force. Son recruteur à la base aérienne de Lackland à San Antonio, au Texas, l’a droguée puis violée. Nancy Parrish, présidente de l’association « Protect Our Defenders » (Protégez nos défenseurs), réconforte le sergent Norris après son témoignage à l’audience de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, au Capitole, à Washington. © Mary F. Calvert / Zuma Press - Prix Canon de la femme photojournaliste 2013 décerné par l’AFJ

Le sergent Jennifer Norris avait 21 ans lorsqu’elle a rejoint l’US Air Force. Son recruteur à la base aérienne de Lackland à San Antonio, au Texas, l’a droguée puis violée. Nancy Parrish, présidente de l’association « Protect Our Defenders » (Protégez nos défenseurs), réconforte le sergent Norris après son témoignage à l’audience de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, au Capitole, à Washington.© Mary F. Calvert / Zuma Press – Prix Canon de la femme photojournaliste 2013 décerné par l’AFJ

Viols, agressions et abus sexuels… Des crimes contre les femmes passés sous silence dans l’armée américaine. Mary F. Calvert les dénonce dans une série de photos exposée au Couvent des Minimes dans le cadre de la 26e édition de Visa pour l’image à Perpignan.

Indécise. Mary F. Calvert ne sait pas quel cliché choisir. Quelle femme l’a le plus touchée parmi celles photographiées dans son exposition « Une lutte passée sous silence : les agressions sexuelles au sein de l’armée américaine ». Jessica Hinves, Jennifer Norris, Carrie Goodwin, Sophie Champoux, Heather Picovitch ont toutes été violées ou harcelées sexuellement. Elles étaient mécaniciennes spécialisées dans les avions de chasse, sergent, recruteur ou membre du corps des Marines. Et l’armée a étouffé leur voix. Leur crime : avoir parlé. Pourtant, les affiches de prévention placardées dans les casernes militaires le leur conseillaient. « Je me suis toujours dit que ces messages ne servaient à rien. Ils m’interpelaient à chaque fois que j’animais des formations en photographie dans des casernes. Je ne pensais pas que ça pouvait arriver dans l’armée américaine. » Continuer la lecture

La tour de David, le bidonville vertical de Caracas

Jorge Silva, photoreporter pour Reuters au Venezuela, présente son exposition la tour de David à Visa pour l'image.

Jorge Silva, photo-reporter pour Reuters au Venezuela, présente son exposition « La tour de David » à Visa pour l’image. © Laure Fumas

Squat le plus élevé au monde, la tour de David domine Caracas, au Venezuela. Le photographe Jorge Silva a vécu pendant deux mois dans ce gratte-ciel converti en quartier par ses 3 000 habitants.

Le repaire des trafiquants, bandits, assassins et autres kidnappeurs. Un microcosme où la seule loi en vigueur serait celle de la jungle et les règlements de compte monnaie courante. La cave de l’immeuble abriterait même un crocodile prêt à dévorer les visiteurs… La réputation de la tour de David à Caracas n’était plus à faire lorsque Jorge Silva, photo-reporter, y a fait ses premiers pas au début de l’année. « C’était une obsession. Je voulais percer le mystère ». Et surtout faire tomber le mythe. Loin des clichés, le correspondant de Reuters au Venezuela a découvert un quotidien de débrouille et de solidarité. Continuer la lecture

03 Sep

Le off catalan des photoreporters nord-vietnamiens

Maï Nam retrouve sa fille, devant les caméras de France 3. Même le soir, Maï Nam n'en finit pas d'intéresser les médias. Né en 1931, il devient photographe pour L'Avant-garde, un journal vietnamien, à 22 ans. Soldat et reporter, il a couvert la "guerre de libération" contre les Américains. Il a ensuite poursuivi sa carrière à l'Avant-Garde, jusqu'à la retraite. Visa pour l'Image met à l'honneur ses clichés, exposés pour la première fois dans le monde occidental. © Ryad Benaidji

Maï Nam retrouve sa fille, devant les caméras de France 3. Même le soir, Maï Nam n’en finit pas d’intéresser les médias. Né en 1931, il devient photographe pour L’Avant-garde, un journal vietnamien, à 22 ans. Soldat et reporter, il a couvert la « guerre de libération » contre les Américains. Il a ensuite poursuivi sa carrière à l’Avant-Garde, jusqu’à la retraite. Visa pour l’Image met à l’honneur ses clichés, exposés pour la première fois dans le monde occidental. © Ryad Benaidji

Les quatre soldats-reporters nord-vietnamiens sont les attractions de Visa pour l’Image. Hasard, la fille de l’un d’eux, Maï Nam, vit à une vingtaine de kilomètres de Perpignan. L’occasion de se retrouver autour d’un repas. Et d’évoquer de drôles de souvenirs…

Pour une première en France, c’est réussi. Maï Nam, arrivé il y a deux jours de Hanoï, présente dans l’exposition Ceux du Nord des clichés inédits de la guerre du Vietnam. Il a aussi pu revoir sa fille Vân, 54 ans, qui vit depuis deux ans à Ille-sur-Têt avec son mari, près de Perpignan. Emue par ce coup du sort inattendu, elle a invité ce mardi soir son papa et ses collègues, Doan Công Tinh, Chu Chi Thành et Hua Kiem. Etaient aussi présents son mari Claude Gendre, et Huyen, la traductrice, par ailleurs journaliste au Vietnam et surtout amie de Vân. Continuer la lecture

Ukraine : la guerre dans l’objectif

Confrontation entre les militants pro-européens et la police dans la zone de conflit de la rue Hrushevskoho. Kiev, Ukraine, 22 janvier 2014. © Guillaume Herbaut / Institute

Confrontation entre les militants pro-européens et la police dans la zone de conflit de la rue Hrushevskoho. Kiev, Ukraine, 22 janvier 2014. © Guillaume Herbaut / Institute

L’un est français, l’autre ukrainien. Visa pour l’Image expose les photos de Guillaume Herbaut et Maxim Dondyuk au couvent des Minimes, à Perpignan. Les deux photojournalistes ont une lecture du conflit ukrainien qui frôle parfois le film d’action.

Vous les avez forcement vues en lisant les magazines et quotidiens évoquant le conflit ukrainien. Votre œil s’est arrêté sur ces combattants en tenue de ski affrontant des soldats bien armés, ou ces combats, place Maïdan, aux couleurs surréalistes.

Maxim Dondyuk et Guillaume Herbaut ont été les témoins directs de ces événements cruciaux, à Kiev comme dans le Donbass, théâtre de violents affrontements entre Ukrainiens et militaires russes. Continuer la lecture

02 Sep

« Ceux du Nord » : la guerre du Vietnam vue par les vainqueurs

9 mars 1973. Suite aux accords de paix signés à Paris le 27 janvier 1973, le plus grand échange de prisonniers dans l’histoire de la guerre du Vietnam a lieu au printemps 1973 près du fleuve Thach Han, dans la province de Quang Tri. Les prisonniers nord-vietnamiens libérés par les Sud-Vietnamiens courent vers leurs compagnons d’armes. À l’arrière-plan, on aperçoit  les drapeaux sud-vietnamiens. © Chu Chi Thành

9 mars 1973. Suite aux accords de paix signés à Paris le 27 janvier 1973, le plus grand échange de prisonniers dans l’histoire de la guerre du Vietnam a lieu au printemps 1973 près du fleuve Thach Han, dans la province de Quang Tri. Les prisonniers nord-vietnamiens libérés par les Sud-Vietnamiens courent vers leurs compagnons d’armes. À l’arrière-plan, on aperçoit les drapeaux sud-vietnamiens. © Chu Chi Thành

L’exposition « Ceux du Nord » permet de vivre la guerre du Vietnam, telle qu’elle a été couverte par quatre soldats-reporters du camp pro-soviétique. On découvre une guerre du petit peuple, un regard nouveau sur un pan d’histoire déjà largement médiatisé.

Torses nus, des dizaines d’hommes traversent une rivière en courant. Une foule de soldats se précipite vers eux. Il y a des sourires, des accolades. Nous sommes le 9 mars 1973, au bord du Thach Han River. Le plus important échange de prisonniers de la guerre du Vietnam vient d’avoir lieu. « C’est une scène que je ne pourrai jamais oublier », affirme Chi Chu, auteur du cliché, exposé à Visa pour l’image. Continuer la lecture

Infiltré dans les camps Rohingyas de Birmanie

Depuis les émeutes de juin 2012, plus de 140 000 personnes appartenant à la minorité musulmane des Rohingyas sont confinées dans des camps de déplacés dans l’État de l’Arakan. Sittwe, Birmanie (Myanmar), août 2013. © Bruno Amsellem / Signatures

Depuis les émeutes de juin 2012, plus de 140 000 personnes appartenant à la minorité musulmane des Rohingyas sont confinées dans des camps de déplacés dans l’État de l’Arakan. Sittwe, Birmanie (Myanmar), août 2013. © Bruno Amsellem / Signatures

L’été dernier, le photographe Bruno Amsellem s’est rendu en Birmanie dans les camps des Rohingyas, une minorité musulmane persécutée par les bouddhistes extrémistes du pays. Il expose ses clichés cette année à Perpignan et raconte son parcours pour infiltrer ces camps très fermés.

Bruno Amsellem est un habitué de Visa pour l’image. Déjà présent en 2006 et 2012, le photographe lyonnais revient cette année avec un reportage sur les Rohingyas du sud-ouest de la Birmanie. Pendant plusieurs mois, lui et la journaliste Anne-Lise Fantino se sont immergés pour le magazine Femmes en résistance dans le quotidien de cette société musulmane persécutée par les bouddhistes qui leur refusent la nationalité birmane. Continuer la lecture

Avec « Dysturb », le photojournalisme s’affiche en grand dans les rues de Perpignan

Le collectif Dysturb colle des affiches dans la rue de l'Académie (Perpignan). © Alexandre Ollivieri

Le collectif Dysturb colle des affiches dans la rue de l’Académie (Perpignan). © Alexandre Ollivieri

Photojournalistes et colleurs d’affiches sont les deux casquettes des reporters du collectif « Dysturb » pendant Visa 2014. Dans les rues de Perpignan, leur initiative, une première, plaît au public.

Posté devant la caserne Mangin, les yeux en l’air, Godelin semble captivé par la photo du reporter Benoît Gysembergh. Perpignanais depuis toujours, il connaît bien Visa pour l’image. L’initiative du collectif « Dysturb » de coller l’actualité aux murs de la ville le surprend agréablement : « Je suis à la fois étonné par la taille de cette photo et touché par ce qu’elle représente. »  Sur le cliché, deux enfants de dos, à qui il manque chacun une jambe, se déplacent en béquilles. La scène a été captée en 1995, le long de la rivière Una, en Bosnie-Herzégovine. Continuer la lecture

Vista Hermosa, la prison aux mains du Gang boss

Prison Vista Hermosa, Ciudad Bolivar, Venezuela, mars 2013. Soirée de fête dans la prison avec les familles des détenus. Sébàstian Liste.

Prison Vista Hermosa, Ciudad Bolivar, Venezuela, mars 2013.Soirée de fête dans la prison avec les familles des détenus. Sébàstian Liste.

Dans le pays de Chavez, plus de la moitié des centres de détention sont entre les mains des détenus. Après avoir côtoyé la violence des favelas au Brésil, le photographe Sebastián Liste ouvre les portes de Vista Hermosa, la plus vaste des prisons auto-gérées de Caracas.

« Avec la mort la mort de Chavez, une nouvelle révolution a commencé. Celle du chaos. » Sebastián Liste, photographe et sociologue de formation, a suivi pendant deux ans le quotidien des barrios vénézuéliens. En contact étroit avec les gangs, il entend parler des prisons autogérées.

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