04 Sep

Centrafrique : deux regards différents sur un même conflit

Michaël Zumstein et Pierre Terdjman ont travaillé ensemble en Centrafrique. Les deux photojournalistes exposent leur travail au festival Visa pour l’image. En découvrant leurs photos, surprise : les mêmes clichés ne racontent pas la même histoire.

« Quand on est photojournaliste, on sait l’importance de voyager ensemble, pour des raisons de sécurité, pour partager les coûts… », explique Michaël Zumstein. Arrivé en Centrafrique fin 2013, il est, avec Pierre Terdjman, l’un des premiers à se rendre sur les lieux. A cette époque, ils ne sont que cinq ou six à s’intéresser au conflit qui oppose la rébellion Seleka au pouvoir, et les milices chrétiennes, les anti-balaka. Continuer la lecture

La photo du jour : « Cette image me fait peur »

Monrovia, Libéria, 23 juillet 2003. Les forces pro-gouvernementales s'opposent aux forces rebelles du LURD.

Monrovia, Libéria, 23 juillet 2003. Les forces pro-gouvernementales s’opposent aux forces rebelles du LURD. © Chris Hondros

Commenter et tenter de légender une photo. Pendant une semaine, les festivaliers de Visa pour l’image à Perpignan se prêtent à l’exercice. Aujourd’hui, décryptage d’une image tirée de l’exposition « Testament », en hommage à Chris Hondros.

« Cette photo m’insupporte, je ne veux même pas la voir ». Patrick, commerçant à Perpignan, est catégorique. Il ne se sent pas concerné par l’actualité mondiale et trouve même le cliché « violent et sans intérêt ». Il ne saura donc jamais qu’elle a été prise le 23 juillet 2003, lors de la guerre civile au Libéria, par Chris Hondros. Le travail du photographe américain, tué en 2011 en Libye, est présenté à l’hôtel Pams de Perpignan pendant Visa. Continuer la lecture

Mary F. Calvert rend leur voix aux militaires violées

Le sergent Jennifer Norris avait 21 ans lorsqu’elle a rejoint l’US Air Force. Son recruteur à la base aérienne de Lackland à San Antonio, au Texas, l’a droguée puis violée. Nancy Parrish, présidente de l’association « Protect Our Defenders » (Protégez nos défenseurs), réconforte le sergent Norris après son témoignage à l’audience de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, au Capitole, à Washington. © Mary F. Calvert / Zuma Press - Prix Canon de la femme photojournaliste 2013 décerné par l’AFJ

Le sergent Jennifer Norris avait 21 ans lorsqu’elle a rejoint l’US Air Force. Son recruteur à la base aérienne de Lackland à San Antonio, au Texas, l’a droguée puis violée. Nancy Parrish, présidente de l’association « Protect Our Defenders » (Protégez nos défenseurs), réconforte le sergent Norris après son témoignage à l’audience de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, au Capitole, à Washington.© Mary F. Calvert / Zuma Press – Prix Canon de la femme photojournaliste 2013 décerné par l’AFJ

Viols, agressions et abus sexuels… Des crimes contre les femmes passés sous silence dans l’armée américaine. Mary F. Calvert les dénonce dans une série de photos exposée au Couvent des Minimes dans le cadre de la 26e édition de Visa pour l’image à Perpignan.

Indécise. Mary F. Calvert ne sait pas quel cliché choisir. Quelle femme l’a le plus touchée parmi celles photographiées dans son exposition « Une lutte passée sous silence : les agressions sexuelles au sein de l’armée américaine ». Jessica Hinves, Jennifer Norris, Carrie Goodwin, Sophie Champoux, Heather Picovitch ont toutes été violées ou harcelées sexuellement. Elles étaient mécaniciennes spécialisées dans les avions de chasse, sergent, recruteur ou membre du corps des Marines. Et l’armée a étouffé leur voix. Leur crime : avoir parlé. Pourtant, les affiches de prévention placardées dans les casernes militaires le leur conseillaient. « Je me suis toujours dit que ces messages ne servaient à rien. Ils m’interpelaient à chaque fois que j’animais des formations en photographie dans des casernes. Je ne pensais pas que ça pouvait arriver dans l’armée américaine. » Continuer la lecture

La tour de David, le bidonville vertical de Caracas

Jorge Silva, photoreporter pour Reuters au Venezuela, présente son exposition la tour de David à Visa pour l'image.

Jorge Silva, photo-reporter pour Reuters au Venezuela, présente son exposition « La tour de David » à Visa pour l’image. © Laure Fumas

Squat le plus élevé au monde, la tour de David domine Caracas, au Venezuela. Le photographe Jorge Silva a vécu pendant deux mois dans ce gratte-ciel converti en quartier par ses 3 000 habitants.

Le repaire des trafiquants, bandits, assassins et autres kidnappeurs. Un microcosme où la seule loi en vigueur serait celle de la jungle et les règlements de compte monnaie courante. La cave de l’immeuble abriterait même un crocodile prêt à dévorer les visiteurs… La réputation de la tour de David à Caracas n’était plus à faire lorsque Jorge Silva, photo-reporter, y a fait ses premiers pas au début de l’année. « C’était une obsession. Je voulais percer le mystère ». Et surtout faire tomber le mythe. Loin des clichés, le correspondant de Reuters au Venezuela a découvert un quotidien de débrouille et de solidarité. Continuer la lecture

03 Sep

Le off catalan des photoreporters nord-vietnamiens

Maï Nam retrouve sa fille, devant les caméras de France 3. Même le soir, Maï Nam n'en finit pas d'intéresser les médias. Né en 1931, il devient photographe pour L'Avant-garde, un journal vietnamien, à 22 ans. Soldat et reporter, il a couvert la "guerre de libération" contre les Américains. Il a ensuite poursuivi sa carrière à l'Avant-Garde, jusqu'à la retraite. Visa pour l'Image met à l'honneur ses clichés, exposés pour la première fois dans le monde occidental. © Ryad Benaidji

Maï Nam retrouve sa fille, devant les caméras de France 3. Même le soir, Maï Nam n’en finit pas d’intéresser les médias. Né en 1931, il devient photographe pour L’Avant-garde, un journal vietnamien, à 22 ans. Soldat et reporter, il a couvert la « guerre de libération » contre les Américains. Il a ensuite poursuivi sa carrière à l’Avant-Garde, jusqu’à la retraite. Visa pour l’Image met à l’honneur ses clichés, exposés pour la première fois dans le monde occidental. © Ryad Benaidji

Les quatre soldats-reporters nord-vietnamiens sont les attractions de Visa pour l’Image. Hasard, la fille de l’un d’eux, Maï Nam, vit à une vingtaine de kilomètres de Perpignan. L’occasion de se retrouver autour d’un repas. Et d’évoquer de drôles de souvenirs…

Pour une première en France, c’est réussi. Maï Nam, arrivé il y a deux jours de Hanoï, présente dans l’exposition Ceux du Nord des clichés inédits de la guerre du Vietnam. Il a aussi pu revoir sa fille Vân, 54 ans, qui vit depuis deux ans à Ille-sur-Têt avec son mari, près de Perpignan. Emue par ce coup du sort inattendu, elle a invité ce mardi soir son papa et ses collègues, Doan Công Tinh, Chu Chi Thành et Hua Kiem. Etaient aussi présents son mari Claude Gendre, et Huyen, la traductrice, par ailleurs journaliste au Vietnam et surtout amie de Vân. Continuer la lecture

Couvrez cet objectif que je ne saurais voir

Pas toujours facile d'utiliser un appareil photo. © Amélie Daviet

Pas toujours facile d’utiliser un appareil photo. © Amélie Daviet

L’objectif frétillant en prolongement du nombril, les photo-reporters amateurs ont investi Visa pour l’image.

Cette gente en grande majorité masculine parcourt les salles d’expositions, armée de sérieux et de l’importance que lui confèrent des appareils photos aux dimensions impressionnantes.

Rien de tel qu’un coup de monopode bien placé pour signaler au visiteur lambda qu’il gène. « Excusez-vous », semblent exiger ces photographes amateurs, n’hésitant pas à écarter la foule pour capter une meilleure lumière. C’est que l’immortalisation des photos des autres demande du doigté… et visiblement, surtout du matériel. Continuer la lecture

« Une photo, un auteur » avec Gaël Turine

À Visa pour l’Image, l’exposition « Le mur et la peur » de Gaël Turine montre une réalité méconnue : l’existence d’un mur-frontière, long de 3 200 km, séparant l’Inde du Bangladesh. Cette réalité, le Belge, membre de l’Agence VU’, l’a côtoyée pendant près de deux ans. Tantôt d’un côté du mur, tantôt de l’autre.

Un calme trompeur. Comment vit-on à côté d’un mur ou de barbelés surveillés par la police indienne, que les Bangladais tentent de franchir au risque de leur vie ? Comme dans le cliché ci-dessous, le photographe raconte la vie quotidienne à l’ombre de ce qu’il appelle « le mur de la peur ». En 2013, Gaël Turine s’est vu décerner le Prix spécial du meilleur reportage photo par l’Agence française du développement pour ce travail inédit.

Etre reconnu dans le métier, c’est leur objectif

Coline Rohart et Florian Tomasini présentent pour la première fois leurs reportages au festival Off de Visa. © Alexandre Ollivieri

Coline Rohart et Florian Tomasini présentent pour la première fois leurs reportages au festival Off de Visa. © Alexandre Ollivieri

À Perpignan, les grands noms du photojournalisme côtoient les amateurs. Parmi eux, deux jeunes photographes qui exposent au festival Off et qui rêvent, un jour, d’atteindre Visa.

À 20 et 21 ans, ils sont les benjamins de l’événement et les deux seuls en lice pour le prix « jeunes » de Visa Off, réservé aux moins de 25 ans. Jusqu’au 13 septembre, Coline Rohart et Florian Tomasini présentent chacun un reportage, à l’occasion du festival de photo-reportage amateur. « Ils ont le talent et ont parfaitement compris l’esprit du Off, se réjouit Didier Hoiry, qui dirige la manifestation. Ils ont les moyens pour percer dans ce milieu. »

Leur rêve ? Présenter leur travail au festival officiel de Visa pour l’image. « Ce serait magnifique de côtoyer tous ces professionnels », explique Coline, étudiante en Master Sciences Po à Aix-en-Provence. « Visa, c’est un tremplin formidable pour la suite, ajoute Florian, titulaire d’une licence internationale en audiovisuel. Ça permet de multiplier les contacts. » Continuer la lecture

Ukraine : la guerre dans l’objectif

Confrontation entre les militants pro-européens et la police dans la zone de conflit de la rue Hrushevskoho. Kiev, Ukraine, 22 janvier 2014. © Guillaume Herbaut / Institute

Confrontation entre les militants pro-européens et la police dans la zone de conflit de la rue Hrushevskoho. Kiev, Ukraine, 22 janvier 2014. © Guillaume Herbaut / Institute

L’un est français, l’autre ukrainien. Visa pour l’Image expose les photos de Guillaume Herbaut et Maxim Dondyuk au couvent des Minimes, à Perpignan. Les deux photojournalistes ont une lecture du conflit ukrainien qui frôle parfois le film d’action.

Vous les avez forcement vues en lisant les magazines et quotidiens évoquant le conflit ukrainien. Votre œil s’est arrêté sur ces combattants en tenue de ski affrontant des soldats bien armés, ou ces combats, place Maïdan, aux couleurs surréalistes.

Maxim Dondyuk et Guillaume Herbaut ont été les témoins directs de ces événements cruciaux, à Kiev comme dans le Donbass, théâtre de violents affrontements entre Ukrainiens et militaires russes. Continuer la lecture

La photo du jour : « Sur ce cliché, on ne sent pas vraiment le danger »

Inde : province du Bengale-Occidental, ville frontalière de Hili. Deux Bangladaises tentent de franchir le mur qui les sépare de l'Inde.

Inde : province du Bengale-Occidental, ville frontalière de Hili. Deux Bangladaises tentent de franchir le mur qui les sépare de l’Inde. © Gaël Turine / Agence VU’.

Comme chaque jour pendant une semaine, les festivaliers de Visa pour l’image à Perpignan se prêtent à l’exercice : commenter la photo du jour. Aujourd’hui, décryptage d’une image issue du « Mur de la peur », exposition de Gaël Turine, photographe pour l’agence Vu’.

La photo entre les mains, Marine comme Alain ou Marie-Claire marquent une pause puis décryptent la photo de Gaël Turine sans trop de difficulté : « Ces femmes fuient la misère ! ». Le mur « haut et épais » les a mis sur la piste. « Moi, je serais bien incapable de sauter un mur comme celui-ci. Quand j’étais petit, j’escaladais pour voler des fruits chez mes voisins mais là, c’est balèze. Leurs vies doivent être menacées », commente Alain, un Perpignanais de 51 ans. Continuer la lecture