05 Sep

Regards de photographes sur Israël et la Palestine

Mouna Saboni raconte la vie quotidienne de jeunes Palestiniens dans un camp de Bethléem. © Mouna Saboni

Mouna Saboni raconte la vie quotidienne de jeunes Palestiniens dans un camp de Bethléem. © Mouna Saboni

Quatre photographes. Quatre approches du conflit entre Israël et la Palestine pour l’exposition El Haal, à Perpignan jusqu’au 7 septembre.

« On a l’impression que le temps ne passe pas dans cette région du monde. C’est comme si nous assistions à un drame cyclique », explique Monica Santos, de l’agence de direction de projets culturels, Masasam. « De nombreux photographes sont allés sur place pour photographier ces violences, cette haine entre deux peuples. » Continuer la lecture

Israël et la Palestine au coeur de Saint-Jacques

Valentine Vermeil s'est intéressée aux fêtes religieuses en Palestine et Israël. © Laura Morel

Valentine Vermeil s’est intéressée aux fêtes religieuses en Palestine et Israël. © Laura Morel

Philippe Deblauwe, fondateur de l’agence photographique Picturetank, présente le travail de plusieurs de ses photographes sur Israël et la Palestine. Tout cela, dans son propre appartement, au cœur du quartier gitan de Perpignan.

La rue Llucia. Une rue étroite du quartier Saint-Jacques à Perpignan. Les habitants s’y croisent, s’y interpellent. Certains s’attardent quelques instants pour parler aux femmes, assises sur des chaises en plastique au milieu de la chaussée. Des enfants jouent un peu partout, se courent après en criant. La vie ne s’arrête jamais au cœur du quartier gitan. Continuer la lecture

Et les lauréats de Visa 2014 sont …

À l’occasion des soirées de projection des 3 et 4 septembre au Campo Santo, six prix ont été décernés.

4 septembre. Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge

Jeudi, le prix du Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a été remis au photographe français William Daniels pour son travail en République Centrafricaine. Ce prix est destiné à illustrer l’obligation de respecter la mission médicale dans les situations de conflit ou de violence armés. Créé en 2011, il est doté de 8 000 euros grâce à la Fondation Sanofi Espoir.

Photographe de guerre, profession sans improvisation

Monrovia, Liberia, 23 juillet 2003. Cri de guerre. Ce soldat des forces pro-gouvernementales vient de tirer une roquette sur les forces rebelles près d’un pont stratégique de la ligne de front. Malgré l’appel au cessez-le-feu des dirigeants du groupe rebelle LURD, les affrontements ont persisté dans la capitale. © Chris Hondros / Getty Images

Monrovia, Liberia, 23 juillet 2003. Cri de guerre. Ce soldat des forces pro-gouvernementales vient de tirer une roquette sur les forces rebelles près d’un pont stratégique de la ligne de front. Malgré l’appel au cessez-le-feu des dirigeants du groupe rebelle LURD, les affrontements ont persisté dans la capitale. © Chris Hondros / Getty Images

Couvrir une guerre, travailler au cœur d’un conflit et affronter le danger. Les aînés l’ont vécu. De jeunes photographes y aspirent. Au risque d’en oublier l’essentiel. La préparation, l’humilité et la maîtrise des techniques de la photo, tout simplement.

Au premier plan, le brassard et la carte de presse accompagnent deux Nikon. À côté, des stylos, un carnet de notes, une lampe de poche Maglite et une brosse à dents. Le tout déborde d’un Domke marron qui semble accuser le poids des ans. Jusqu’ici, l’image illustre (presque trop) bien la panoplie du parfait photoreporter. Au fond, placé derrière un magnétophone, un objet incliné sur une chaise interpelle : une kalachnikov. Elle éclipserait presque l’idée de reportage pour laisser place à la guerre. Au combat.

Patrick Chauvel, puisque cette photo lui appartient, a couvert des dizaines de conflits. Ses aventures ont construit sa légende. Celle dont rêvent aujourd’hui de jeunes photographes. Au risque de tomber dans la caricature.

 « Moi, ce que je veux, c’est trouver la petite histoire dans la grande. » Le discours est rôdé et les mots répétés à l’envi. La vingtaine à peine passée,  ce photographe a déjà suivi deux guerres. Il a même commencé par ça. « Je voulais faire un reportage sur un conflit », lance-t-il, plein d’aplomb. Continuer la lecture

La photo du jour : « Quand j’ai lu la légende, j’ai eu froid dans le dos »

Rebelle libyen exhortant les habitants à fuir alors que des obus tirés par les forces kadhafistes atterrissent sur la ligne de front à Ben Jawad, à 150 km à l’est de Syrte. Centre de la Libye, 29 mars 2011. A Libyan rebel urging people to leave as shells fired by Gadhafi's forces landed on the front outside Bin Jawaad, 150 km east of Sirte. Central Libya, March 29, 2011. © Anja Niedringhaus / Associated Press

Rebelle libyen exhortant les habitants à fuir alors que des obus tirés par les forces kadhafistes atterrissent sur la ligne de front à Ben Jawad, à 150 km à l’est de Syrte. Centre de la Libye, 29 mars 2011. © Anja Niedringhaus / Associated Press

Chaque jour, les festivaliers de Visa pour l’image se prêtent au jeu de commenter une photo dont ils ne connaissent ni l’auteur, ni le contexte. Il s’agit aujourd’hui d’un cliché issu de l’exposition Hommage de Anja Neidringhaus, photojournaliste allemande tuée en Afghanistan en avril dernier.

« Cet homme pousse un cri de joie. » En découvrant la photo, William, 19 ans, est sûr de lui. « Il vient de libérer quelqu’un, c’est certain. » L’étudiant scrute le visage de l’homme. « Il exulte. Comme un soldat après une victoire, c’est pour ça qu’il est à genoux sur le toit d’une Jeep. » À ses côtés, Anthony est du même avis. « Il célèbre quelque chose, ça se voit à la façon dont il tend les bras. » « Comme un joueur de foot à la fin d’un match que son équipe aurait gagné », ajoute en souriant William. Loin de la réalité.

Angélique, 33 ans, est plus prudente que les deux étudiants. « Je ne pense pas que ce soit un cri de joie mais plutôt d’encouragement, comme quelqu’un qui va au combat. » La jeune femme est sur la bonne voie. À côté d’elle, Sterenn ne dit rien. Elle a déjà vu l’exposition d’Anja Niedringhaus et connaît donc le contexte de la photo. Continuer la lecture

04 Sep

Yunghi Kim, le storytelling d’abord

A l'exposition « Le long cheminement de l’Afrique : de la famine à la réconciliation 1992-1996 » la légende suivante décrit ce cliché "Camp de Kibumba, près de Goma, Zaïre, août 1994. Un million de Rwandais ont fui les combats entre Tutsis et Hutus, entraînant, selon les organisations humanitaires, le plus grand exode de réfugiés de l’histoire moderne. Le monde était sous le choc et les services d’urgence n’étaient pas préparés, ce qui a favorisé la propagation rapide du choléra dans les camps, provoquant la mort de milliers d’autres personnes. © Yunghi Kim / Contact Press Images"

« Camp de Kibumba, près de Goma, Zaïre, août 1994. Un million de Rwandais ont fui les combats entre Tutsis et Hutus, entraînant, selon les organisations humanitaires, le plus grand exode de réfugiés de l’histoire moderne ». © Yunghi Kim / Contact Press Images

De 1992 à 1996, Yunghi Kim, photoreporter américaine (Visa d’or News en 1997), a couvert quatre ans de conflits africains, de la Somalie à l’Afrique du Sud, en passant par le Rwanda. Ni ses clichés, ni ses légendes ne prennent la mesure de ces drames. Pour elle, l’émotion de l’instant prime sur le contexte. Aussi tragique soit-il. 

Entourée d’une vingtaine d’admirateurs de son travail, Yunghi Kim présente au couvent Sainte-Claire son exposition « Le long cheminement de l’Afrique : de la famine à la réconciliation, 1992-1996 ». Un travail mené lors de la famine en Somalie, avec les réfugiés du Rwanda ou encore lors de la libération de Nelson Mandela en Afrique du Sud. « Il n’y avait jamais eu autant de morts en Afrique que durant cette période. »

Ce sont surtout les réfugiés rwandais qui ont nourri son travail. En août 1994, elle était parmi les exilés hutus dans le camp de Kibumba (Zaïre). Les légendes sont concises : « Rwandais ayant fui les combats entre Tutsis et Hutus ». Dérangeant, lorsque l’on sait qu’à cette époque les seconds venaient de massacrer les premiers. A aucun moment, le visiteur mal renseigné ne peut comprendre que des bourreaux se sont peut-être glissés dans ces photos. Continuer la lecture

Pas de visa pour la Syrie

Bombardement d'un baril de TNT sur des habitations civiles. De nombreux blessés et morts sont à déplorer en ce 10 juillet 2014. Les corps sont en lambeau. Cet homme a perdu sa femme déchiquetée à ses pieds. Il crie sa tristesse.

Bombardement d’un baril de TNT sur des habitations civiles. De nombreux blessés et morts sont à déplorer en ce 10 juillet 2014. Les corps sont en lambeau. Cet homme a perdu sa femme déchiquetée à ses pieds. Il crie sa tristesse. ©Laurence Geai/SIPA

L’édition 2013 de Visa pour l’image avait largement mis en avant la crise syrienne. Cette année, elle a disparu des salles d’expositions de Perpignan. 

Jérôme Sessini, Sebastiano Tomada, Goran Tomasevic, trois photographes et autant d’expositions consacrées à la Syrie lors de l’édition 2013 de Visa pour l’image. Le visa d’or avait été attribué à Laurent Van Der Stockt pour son reportage dans la banlieue de Damas au moment des attaques chimiques. Sans compter la venue d’Edith Bouvier pour son livre Chambre avec vue sur la guerre. Cette année, du couvent des Minimes à l’église des Dominicains en passant par la chapelle du Tiers-ordre, Alep est invisible. Que reste-t-il du conflit syrien qui a tant mobilisé ? Continuer la lecture

A Visa, les abeilles ont aussi leur cadre

Florence Bonnet et Laurence Mondon du Collectif citoyen pour l'environnement. L'exposition "Ne me tue pas" sera prochainement à St Michel de Llot. © Amélie Soleille.

Florence Bonnet et Laurence Mondon du Collectif citoyen pour l’environnement. L’exposition « Ne me tue pas » sera prochainement à St Michel de Llot. © Amélie Soleille.

Après la mort de plus de 1 300 ruches à l’hiver 2014, le Collectif citoyen pour l’environnement expose au Off du festival Visa pour l’Image pour sensibiliser l’opinion à la disparition de milliers d’abeilles.

Dans la vie, elles sont cartographe et chargée de communication. Laurence Mondon et Florence Bonnet, du Collectif Citoyen pour l’Environnement, soutiennent les apiculteurs sinistrés des Pyrénées-Orientales : l’hiver dernier, dix-huit d’entre eux ont perdu une grande partie de leurs abeilles. En cause, une intoxication aux pesticides, massivement utilisés dans l’agriculture.

Exposés dans d’anciens cadres de ruches désertées, la vingtaine de clichés montrent les dégâts des pesticides sur la biodiversité et plus précisément l’histoire de la catastrophe à laquelle les apiculteurs du département s’attendaient. « En 2009 déjà, nous avions connu un hiver très meurtrier. Continuer la lecture

Les années 30 d’Alger à Port-Vendres

Administrateur au Centre de documentation des Français d'Algérie, Jean-Pierre Brun s'est vu confier la mission de remettre au goût du jour les légendes photos de l'exposition.  Crédit photo : Alexandre HerKlein

Administrateur au Centre de documentation des Français d’Algérie, Jean-Pierre Brun a écrit les légendes photos de l’exposition. © Alexandre Klein

Elles en ont fait du voyage, les photos exposées au Centre de documentation des Français d’Algérie pour le festival Off. De l’Algérie à Narbonne, pour revenir à Perpignan. 

Des photos des années 1930 ressurgissent du passé, comme un album de famille.  Avec « 1930, d’Alger à Port-Vendres », le Centre de documentation des Français d’Algérie propose au public, dans le cadre du festival Off, de revenir plusieurs décennies en arrière.

Une trentaine de photos en noir et blanc, dont l’auteur est inconnu, dépeignent le voyage d’un petit groupe parti d’Alger pour se rendre en « métropole », comme on disait à l’époque. Destination : Port-Vendres, Lourdes… Jean-Pierre Brun, administrateur du Centre, en réécrit l’histoire.

Les photos de l’excursion ont été sélectionnées dans un fonds d’archives de plus de 2 000 plaques photographiques, provenant du Cercle algérianiste des Pyrénées Orientales. « Quelqu’un avait donné, dans les années 80, ces plaques à un photographe professionnel de Narbonne. Le photographe en question nous les a confiées quelques années plus tard », explique la présidente du Cercle, Suzy Simon-Nicaise.

Accompagné de notes, le « trésor » du Cercle avait fait l’objet d’exposition en 2013. Une nouvelle série du fonds a été exploitée cette année : le voyage d’Alger à Port-Vendres.

La curiosité de cette exposition, c’est que l’on n’est pas ici dans le photojournalisme mais plutôt dans le docu-fiction. Les vieilles photos sont accompagnées de légendes écrites par Jean-Pierre Brun lui-même. L’administrateur du Centre de documentation des Français d’Algérie a passé quelques soirées à imaginer les réflexions qu’aurait pu livrer la femme du photographe amateur. « Je fixais une photo et je la ruminais J’essayais de voir ensuite ce qu’elle aurait pu dire pour chaque scène. » Ce qui donne un regard pour le moins surprenant et très personnel sur des scènes de la vie courante.

En dessous d’une photo d’autocar prêt à partir avec son petit groupe, la légende fictive évoque un dialogue que l’on peut ainsi résumer. Au chauffeur qui leur demande si, en Algérie, ils ont de si beaux autocars, l’épouse imaginée rétorque : « Oui, monsieur, et d’aussi modernes que les vôtres. Mais pour qui nous prend-il ? Pour des chameliers ? »

Les plaques et les tirages constituent un ensemble intéressant. Les professionnels auraient été « bluffés » par la qualité des photos, selon Jean-Pierre Brun.

Alexandre KLEIN

« Une photo, un auteur » avec Sean Sutton

Comment se relever d’une catastrophe naturelle ? Sean Sutton, photographe anglais, s’est rendu aux Philippines quelques jours après le passage du typhon Haiyan le 8 novembre 2013. Le typhon, le plus puissant jamais mesuré, a fait plus de 6 000 morts et ravagé la ville de Tacloban, sur l’île de Leyte.

Il est le témoin de la détresse des Philippins, et photographie leur survie et leur sauvetage pour l’organisation humanitaire MAG (Mines advisory group). Sean Sutton commente l’une de ses photos les plus marquantes. Elle illustre le rapatriement de centaines de sinistrés par avion dans des zones moins touchées.

Son témoignage « L’œil du cyclone » est exposé à Visa pour l’Image dans la chapelle de l’Eglise des Dominicains à Perpignan, jusqu’au 14 septembre.

Julie PHILIPPE