07 Nov

Faire son ménage sans faire de mal à la Loue !

Les produits ménagers qui préservent l'environnement et le porte-monnaie

Même quand on est relié à une station d’épuration, mieux vaut faire attention aux produits ménagers que l’on utilise surtout quand on habite sur le bassin versant de la Loue ( 250 communes sur 1880 km2). D’où l’intérêt de l’initiative du CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement du Haut-Doubs) : vendredi 9 novembre à 18 heures, Isabelle Houg va animer un atelier pour savoir décoder les étiquettes de produits ménagers, comprendre les conséquences de l’utilisation de détergents sur la qualité de l’eau des rivières et aussi apprendre à fabriquer ses propres produits à partir de savon de marseille, de vinaigre blanc, de bicarbonate de sodium…

Cette animation du CPIE du Haut-Doubs est organisée par le Gounefay, géré par le communauté de communes du Larmont.

Le rendez-vous est fixé au complexe touristique de Gounefay, au dessus du Larmont. Il faut s’inscrire au 03 81 49 38 57 . tarif : 8 euros par participant.

06 Nov

Une lettre ouverte en réaction aux Assises de la Loue

Jean-François Bonvalot sait de quoi il parle. Il a grandi aux bords de la Loue à Arc-et-Senans et a fait partie des étudiants en hydrobiologie formés par le professeur Verneaux. Ensuite, ce Franc-Comtois a fait carrière dans l’assainissement  et la surveillance des cours d’eau en Alsace. C’est en tant que porte-parole de la société de pêche d’Arc-et-Senans  » La Gaule du Val d’amour » que Jean-François Bonvalot a assisté aux Assises de la Loue le 11 octobre dernier. Lors de son intervention, l’amoureux de la Loue a déploré que la basse Loue soit « oubliée » par les pouvoirs publiques. Une remarque reprise dans sa lettre ouverte aux autorités départementales. Nous la publions intégralement et elle est intéressante à plus d’un titre. Jean-François Bonvalot fait des propositions concrètes. Pour l’instant aucune instance officielle n’a réagi à ce courrier. Vous, vous pouvez le faire en laissant un commentaire.
Lettre ouverte aux autorités départementales

26 Sep

Les réponses des élus à Nicolas Jachet

Chose promise, chose due ! Voici, (enfin !) les réactions des élus au courrier du lecteur de l’Est Républicain Nicolas Jachet. Petit rappel, cet habitant d’Ornans est revenu de ses vacances dans le Verdon remonté comme une pendule comtoise : «A quand pour la Loue des mesures politiques courageuses et efficaces ?» demandait-il dans son courrier couleur vitriol. D’où mon appel aux réactions lancées sur ce blog.

Claude Jeannerot n’a pas tardé à réagir;  «très en colère» à la lecture de ce courrier, le président du conseil général du Doubs m’a fait parvenir le listing de toutes les actions entreprises par sa collectivité, les services de l’état, la chambre d’agriculture, le syndicat mixte de la Loue, la commission locale de l’eau, la maison nationale de l’eau et de la pêche, l’ADIB.. Dix pages qui résument les actions réalisées et à venir du plan d’action décrété en juillet 2010 à la suite de la grave mortalité de poissons dans la Loue.

Pour le conseil général du Doubs, il ne s’agit pas «d’enfermer la Loue dans une enveloppe budgétaire», tous les services concernés doivent se donner les moyens d’agir. Exemple avec les travaux d’assainissement. le département est intervenu et a aidé financièrement des communes pour qu’elles réalisent des travaux.

Des stations d’épuration doivent être construites en 2012 à Rurey, Longeville, Chassagne et Montrond. Quant à celles qui existent déjà, le conseil général note que les «stations d’épurations fonctionnent globalement bien, des efforts restent à faire sur des réseaux notamment là où il y a des fromageries et des réseaux unitaires».

Pour l’épandage, une action a été menée avec la chambre d’agriculture. Une cartographie des surfaces épandables des 42 communes de la Haute-Loue a été réalisée. Trente de ces cartes ont été validées, elles seront envoyées d’ici la fin septembre aux agriculteurs et aux maires avec publication en mairie, histoire que tout le monde soit au courant… En revanche, la proposition d’ «identifier les bâtiments d’élevage «points noirs» et de proposer des solutions concrètes et immédiates de maîtrise de ces pollutions» a fait chou blanc. Il y a eu «peu de remontées d’information du terrain»…

Parmi toutes les actions entreprises, j’ai noté celle du syndicat mixte de la Loue. Il s’agit de mettre en oeuvre des plans de désherbages communaux respectueux de l’environnement avec le soutien de la FREDON (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles). Sur les 25 communes concernées par cette action de prévention et d’aide financière , seulement 6 ou 7 communes ont décidé de ne plus utiliser de produits phytosanitaires pour désherber et de privilégier l’utilisation de matériel pour désherber sans produits ( en brûlant les herbes). Il est même prévu d’organiser l’achat de ce nouveau matériel pour ensuite le prêter aux communes. 6 ou 7 villages seulement ont franchi le pas… C’est l’exemple même des limites des interventions des collectivités et de l’état. Pour changer l’environnement de la Loue, il ne s’agit pas seulement de mettre en place des programmes, il faudrait que tout le monde se sente concerné.

A cet égard, une anecdote que m’a relatée le maire d’Ornans Jean-François Longeot est révélatrice. En novembre 2010, le conseil municipal décide de diminuer le salage des routes en période hivernale, cette technique étant néfaste pour la Loue. Le lendemain de cette décision, il neige ! Coup de téléphone au maire d’un habitant mécontent, avec cette charte pour diminuer les épandages de sel, il risque de se casser la figure. A sa voix, Jean-François Longeot reconnaît l’un de ses administrés et lui fait remarquer qu’il avait défilé il y a quelques temps pour sauver la Loue… Alors que choisir ? des trottoirs enneigés et glissants ou une rivière en voie de rétablissement ? Un jardin sans un brin de mauvaise herbe ou une Loue qui respire et refait venir les touristes pêcheurs ?

Les agriculteurs et les industriels ne sont donc pas les seuls concernés et à devoir être aidés. Les particuliers ont aussi leur responsabilité à prendre. Et dans ce cas, les actions des élus en direction du grand public sont largement insuffisantes et trop sporadiques. Lors du colloque de Rurey organisé par Maurice Demesmay, président du syndicat mixte de la Loue, plusieurs auditeurs ont souhaité être encore mieux informer sur l’état de la Loue et les solutions pour la sauver. Il y a un intérêt pour la rivière, encore faut-il mieux le stimuler dans tout le bassin versant.

Reste le rôle de l’Etat.. Là, pas de réaction officielle au courrier de Nicolas Jachet. Les services de la Direction des Territoires seront muets jusqu’aux assises de la Loue annoncées pour le 11 octobre prochain. L’état est chargé du volet réglementaire et judiciaire. Et là , les moyens de contrôles manquent cruellement. Le conseil général du Doubs a déposé deux plaintes pour actes de dégradation du milieu aquatique, elles sont en cours …

Alors, effectivement des mesures sont prises. Le problème, c’est que cela ne se voit toujours pas au fond de la rivière. Il faut continuer, intensifier et surtout ne pas se calquer sur des échéances électorales. Sauver la Loue, c’est politiquement ingrat. Beaucoup de millions d’euros sont investis sans résultat immédiat. Le maire d’Ornans a fait ses comptes. Depuis sa première élection en 1995, la commune a dépensé 3 800 000 euros traiter ses effluents et ses rejets à la station d’épuration. Et pourtant, les mousses du fonds de la Loue n’ont toujours pas disparu à Ornans.

Ce manque de lisibilité de l’action des élus est aussi accentué par le Mille-feuille administratif qui gère toutes les actions pour améliorer la santé de la Loue. Contrat de rivière, Schéma d’aménagement et de gestion des eaux, Natura 2000, les «couches»  du Mille-feuille ne rendent pas les actions limpides. Claude Jeannerot reconnait lui-même qu’ «il y a besoin de simplifier». C’est un des thèmes qui devrait d’ailleurs être abordé lors des prochaines assises de la Loue.

Isabelle Brunnarius

16 Août

La politique des petits pas pour le Doubs Franco-Suisse.

Le Doubs franco-suisse photographié par l'association de pêche la Franco-Suisse

Même si, selon un proverbe japonais, «ce n’est pas avec un éventail qu’on dissipe les brouillards» , la patience a ses vertus. Les défenseurs du milieu naturel du Doubs franco-suisse pourraient bien observer prochainement des changements dans la gestion des barrages sur le Doubs franco-Suisse.
En avril dernier, les pêcheurs de ce rivière à cheval sur la France et la Suisse faisaient circuler de nouveau une pétition et également une vidéo pour dénoncer les ravages des éclusées sur les poissons.
Un communiqué de presse publié lundi à Berne précise que des nouvelles mesures viennent d’être prises pour améliorer la gestion des barrages. Même si pour Christian Triboulet, président de l’association de pêche la Franco-suisse, «il n’y a rien de nouveau et cela ne va pas changer grand-chose», ce texte affiche un nouvel état d’esprit. Pour le garde-pêche de la Franco-Suisse Patrice Malavaux « le lissage des éclusées par des paliers supplémentaires est moins pire que ce qui se faisait avant, mais une rivière n’est pas faite pour passer quotidiennement de 2 à 40 m3 / sec, et vice versa, que ce soit en une heure ou en  3. Les effets dévastateurs restent les mêmes (…)On continue de faire des études alors que des rapports tout prêts ciblent déjà les nuisances des éclusées et proposent des solutions alternatives permettant de conjuguer production électrique et véritable respect de l’environnement. C’est encore très insuffisant et inquiétant si l’on n’envisage pas d’évolution à l’aube de l’écriture du nouveau Règlement d’eau de 2014″.

Depuis février dernier, les services des états suisses et français et les exploitants des barrages se retrouvent régulièrement pour tenter de faire évoluer la gestion des barrages vers une démarche plus respectueuse du milieu naturel. Cette fois-ci « on s’est mis d’accord, maintenant il faut que cela se fasse concrètement» précise le représentant de la DREAL. Franz Schnider, le représentant de l’office fédéral de l’énergie affirme même que le groupe de travail franco-suisse est «convaincu qu’il y a encore du potentiel si il il y a une meilleure coordination entre les ouvrages». Et c’est justement l’objectif du prochain essai grandeur nature qui doit être réalisé fin août. Dans un second temps, un modèle mathématique pourrait être mis au point pour gagner en réactivité.
Si il suffit juste de mieux travailler ensemble, pourquoi ne pas l’avoir fait plutôt ? Le dossier du Doubs franco-suisse est complexe. Trois groupes de travail existent et à chaque fois, les interlocuteurs sont français et suisses. D’où une certaine lenteur pour prendre des décisions.
Le 27 juin dernier, le groupe de travail binational pour l’amélioration de la qualité des eaux et des milieux aquatiques annonçait qu’il avait «décidé d’entrer le plus rapidement possible dans une démarche concrète et opérationnelle visant à rétablir la migration des poissons et le transport des sédiments dans le Doubs franco-suisse» grâce à des nivellements des seuils ou même l’installation de passes à poissons.
En deux mois, deux avancées ont été présentées, la politique des petits pas semble bien la seule applicable pour les rivières comtoises tant les dossiers sont complexes.

Isabelle Brunnarius

12 Août

A la reconquête du milieu naturel de la Bienne.

Le 8 août dernier, mes confrères de France 3 Franche-Comté ont tourné un reportage au bord de la Bienne. Ce jour là, les représentants de l’association de pêche «La Biennoise», du parc naturel régional du Haut-Jura et de la sous-préfecture de Saint-Claude (39) se sont retrouvés ensemble au chevet de la Bienne.

Voici quelques informations complémentaires qu’il est difficile de donner dans un reportage de deux minutes !
Il aura fallu le récent épisode en mars dernier de forte mortalité de poissons pour qu’un coup d’accélérateur soit donné à la protection de ce milieu naturel.
Le président de «La Biennoise», Charles Varenne insiste sur les rejets des stations d’épurations. Pour lui, il faut agir vite. Il rappelle que son association a recensé 46 rejets entre Lavencia et Saint-Claude. Selon le sous-préfet, Hervé Carrère, l’Onema a vérifié que ces rejets ne seraient pas sources de pollution. En revanche, Hervé Carrère confirme bien la mise en demeure par l’Onema de la commune de Molinges pour qu’elle mette aux normes sa station d’épuration d’ici 2013. Cette commune pourra bénéficier de l’appui technique du parc naturel régional du Haut-Jura et des subventions de l’Agence de l’eau. Mais il y a-t-il encore des budgets pour les autres rivières comtoises quand on sait que de nombreux financements sont mobilisés pour la Loue ? Le sous-préfet m’a assuré qu’il y avait encore des possibilités de financements. En ce moment, le laboratoire départemental du Jura est entrain de mener une étude comparative sur différents poissons pour tenter de comprendre l’origine de la mortalité.
Cette mortalité est bien d’origine multifactorielle. Le passé fortement industrialisé des environs de la Bienne n’est pas négligé. Les fonctionnaires de la Dreal, eux, sont chargés de repérer les éventuelles sources de pollution dans les friches industrielles.
Bref, Hervé Carrère assure que la veille est renforcée sur la Bienne et que des informations sont entrain d’être récupérées. Tout cela dans la «logique de la reconquête du milieu». Les actions prioritaires pourront être définies en fonction des résultats des actions en cours. La prochaine réunion est prévue en septembre.
Et les poissons ? «Il faut les laisser tranquilles !» me précise le sous-préfet. L’interdiction de pêcher même en no-kill est toujours en vigueur. Une interdiction prise en mars dernier par la préfecture du Jura à la demande de «La Biennoise».

Isabelle Brunnarius

26 Juil

Pêche électrique à Cléron : « Nos pires craintes sont confirmées »…

La Loue est bel et bien entrain de devenir une « rivière-atelier », un cours d’eau dont l’évolution pourrait servir de référence pour le suivi d’autres rivières en France ou même en Europe. Depuis le début de la semaine, les pêcheurs des quatre fédérations de pêche de Franche-Comté épaulées par celle de l’Yonne, de Côte d’Or, de Saône-et-Loire et de l’Ain participent à une étude d’envergure pilotée par l’Université de Franche-Comté. Actuellement, la dernière étude de référence est celle du professeur Verneaux, elle date des années 70. Une autre a été réalisée entre 1998 et 2000. Bref, il est temps d’avoir des informations à jour et complètes ! Le recensement effectué ce jeudi à Cléron attriste Christian Rossignon, selon cet hydrobiologiste de la fédération de pêche du Doubs, les poissons comptés aujourd’hui « c’est un millième de ce que nous aurions du trouver aujourd’hui »…
L’étude du laboratoire de Chrono-environnement de l’Université de Besançon va se servir de ces comptages pour évaluer la faune de la Loue. Comme je l’expliquais dans l’article précédent, tout les facettes de la vie du bassin versant doivent être étudiées pendant trois ans sur le terrain puis analysées pendant deux autres années.
Voici le reportage réalisé par Stéphanie Bourgeot et Florence Petit.

18 Juil

L’Université de Franche-Comté et la fédération de pêche du Doubs au chevet de la Loue

La Loue va être auscultée sous toutes les coutures. Les chercheurs du laboratoire de chrono-environnement viennent de commencer leurs travaux. Annoncée depuis au moins un an, cette vaste étude prévue sur cinq ans a enfin commencé ces jours derniers.« Il s’agit,  m’a expliqué François Degiorgi, l’un des coordinateurs de cette étude, d’un travail pluridisciplinaire qui porte aussi bien sur le bassin versant que sur la rivière. L’objectif est de localiser les causes du mauvais état de la Loue puis de chercher à les relier à une spacialisation des effets dans la rivière« .

Programme Loue Université 02122011
Pendant une première phase de trois ans, une quinzaine de chercheurs va travailler sur le terrain pour cette étude. Ils sont chimistes, biologistes, géologues, pédologues; la plupart d’entre eux sont rattachés au laboratoire de chrono-environnement mais le laboratoire de géographie Théma, le museum d’histoire naturelle de Besançon, l’Université de Neuchâtel, le laboratoire d’analyse de Poligny prêteront également main-forte à l’équipe. Déjà des universitaires ont  prélevé des larves et des insectes adultes au bord de la Loue pour pouvoir évaluer la qualité du milieu de façon beaucoup plus précise que les indicateurs utilisés habituellement pour classer les rivières.

Autre partenaire de taille, la fédération de pêche du Doubs. Dès lundi, une soixantaine de pêcheurs est mobilisée chaque jour de la  semaine pour réaliser des pêches électriques afin d’effectuer de nouveaux inventaires piscicoles sur au moins huit stations de la Loue. Toutes les associations de pêche de la vallée, les fédérations de pêche des départements de Bourgogne et de Franche-Comté, le département de l’Ain ainsi que des bénévoles sont mobilisés la semaine prochaine.

Tout les amoureux de la Loue ont encore en tête les images des relevés piscicoles effectués, eux aussi à grand renfort de moyens et de médias par l’Onema en 2010. Alors, pourquoi recommencer et ne vaudrait-il pas commencer à agir concrètement pour diminuer les sources de pollution ?

« Pour que les politiques se bougent encore plus, il faut des preuves sur les origines de la pollution, m’explique Alexandre Cheval, garde pêche de la fédération du Doubs, cette étude va permettre d’affiner le tir, il nous faut des connaissances les plus fines possibles pour réajuster le tir. En 2010, l’Onema n’avait travaillé que sur quatre stations ».

Les « politiques » se sont déjà bougés en finançant cette étude qui coûte 360 000 euros pour la première phase. Environ 80% de  cette somme est prise en charge par l’Agence de l’Eau, le conseil général du Doubs et le conseil régional de Franche-Comté; le reste étant financé par l’Université de Franche-Comté.

De nombreuses études ont été réalisées ces vingt dernières années, pas forcément coordonnées. Tout l’enjeu de ce travail va être de savoir capitaliser les résultats déjà publiés et surtout d’identifier beaucoup plus précisément l’impact des activités humaines sur le bassin versant de la Loue. En 2015, la directive européenne sur l’eau devra être renouvelée. Les premiers résultats  de cette étude sur la Loue pourraient bien être examinés de près.  De ses malheurs, la Loue pourrait ainsi en tirer un petit bénéfice. La rivière, connue dans toute l’Europe par les pêcheurs à la mouche, pourrait se faire aussi une réputation auprès des milieux scientifiques en étant devenue un véritable laboratoire à ciel ouvert.

Isabelle Brunnarius

06 Juil

Les gammares : utiles, oui… mais !

Les gammares sont très utiles pour mesurer la qualité des eaux.

Connaissez-vous les gammares ? Ce sont des invertébrés qui vivent tout le temps dans l’eau, ils sont donc de bons indicateurs pour la qualité de l’eau. Ils se nourrissent d’algues d’où leur rôle important pour l’équilibre des rivières. Deux agents de l’Onema, Michaël Prochazka (en retraite) et André Rousselet (bientôt en retraite) ont eu l’idée de faire une étude comparative pour montrer les dégâts des insecticides sur cette microfaune.

En avril dernier, à la demande du collectif Loue et rivières comtoises,  ils ont publié sur Youtube cette video qu’ils avaient réalisée en mars 2011. La démonstration est implacable : en une heure, une simple sciure récupérée dans une scierie puis jetée dans une bassine d’eau suffit pour tuer tous les gammares. Les scieries sont de nouveau pointées du doigt. Pour conserver leur résineux, elles les plongent dans des bacs qui contiennent des insecticides et des fongicides en forte concentration.

Comme pour les autres activités humaines dans la vallée, des actions de prévention et des contrôles sont effectués mais il y a toujours un mais… L’Adib (Association régionale pour le développement de la forêt et des industries du bois en Franche-Comté ) a effectivement utilisé une première version de cette video sur ce thème  pour alerter ses adhérents sur la toxicité des produits employés mais…toutes les scieries ne sont pas adhérentes à l’Adib et seules les installations soumises à autorisation sont soumises à contrôle. En 2009, cette opération de sensibilisation a concerné une quarantaine de scieries de résineux dans le Doubs et le Jura. La plupart de ces professionnels ne savaient que le traitement du bois pouvaient avoir un tel impact.  Il y a un autre «mais» :  Si des précautions sont bien prises par les grosses scieries,  le traitement directement en forêt n’est absolument pas contrôlé… sans parler de tous les particuliers qui traitent leurs volets ou même leurs rosiers ( ce sont les mêmes matières actives m’a-t-on expliqué).

Dans son rapport, le groupe d’expert du comité des sages s’appuie sur l’étude de l’hydrobiologiste Olivier Adam (2008). Cette «étude  démontre que les communautés aquatiques sont susceptibles d’être exposées de façon chronique aux produits de préservation du bois, y compris les organismes vivant plusieurs kilomètres en aval de l’aire de traitement.» et dans leurs recommandations, les experts concluent : «les données disponibles sur les polluants toxiques susceptibles d’être présents dans l’écosystème sont incomplètes. Notamment, aucune information n’est disponible concernant, par exemple, les herbicides ou les micropolluants résultant des activités de traitement du bois.»

Olivier Adam a justement mis au point un indicateur pour alerter de la présence de micropolluants dans l’eau des rivières. Cet outil qu’il a développé pour sa thèse utilise les gammares, il ne «permet pas de quantifier les micropolluants mais les détecte à des concentrations que l’on ne peut pas mesurer chimiquement» et d’après Olivier Adam, il a l’avantage d’être «simple et peu coûteux». Un outil existe mais…il n’est pas encore utilisé.

Enfin, un de mes nombreux interlocuteurs (j’ai mis un temps fou pour écrire cet article !) m’explique qu’il existe un projet de recensement de toutes les activités industrielles sur le bassin versant de la Loue. Un travail qui pourrait être réalisé par les Chambres de Commerce et d’Industrie du Doubs et du Jura. Mais…renseignement pris, cette action n’est pas du tout financée donc pas du tout à l’ordre du jour dans le Doubs. Dommage, c’était un bon début mais…

Isabelle Brunnarius

08 Juin

SOS Loue et rivières comtoises réagit à l’étude suisse

Comme nous vous l’annoncions il y a quelques jours sur le site internet de France 3 Franche-Comté, le collectif SOS Loue et rivières comtoises a réagi à l’étude du laboratoire de Neuchâtel annonçant la découverte d’un champignon qui pourrait expliquer les mortalités de poissons dans le Doubs et la Loue. Voici le communiqué intégral.

Le communiqué de presse de SOS Loue Rivières Comtoises sur la Saprolégnia

31 Mai

Les réactions après l’annonce de la responsabilité d’un champignon dans les mortalités de poissons dans la Loue et le Doubs

Il ne faudrait pas que cela soit l’arbre qui cache la forêt. Cette maxime résume assez bien la réaction des experts français après la présentation, hier, des conclusions de l’Université de Neuchâtel. Certes, c’est une bonne nouvelle car c’est une avancée dans les recherches sur les causes de mortalité mais, pour Alexandre Cheval, garde-pêche de la fédération de pêche du Doubs, cette mise en évidence du rôle de ce champignon dans la mortalité des poissons de la Loue et du Doubs, est plutôt une « conséquence » de la détérioration du milieu.

Les services de l’Etat insistent aussi sur ce point. Ce champignon n’est pas la cause unique de ces mortalités de poissons constatées depuis 2009 et il ne faudrait pas que les résultats de cette étude suisse conduisent à abandonner toute action visant à améliorer la qualité de l’eau.

Confirmation de Françoise Pozet, vétérinaire biologiste au laboratoire départemental d’analyses basé à Poligny; les causes de mortalité sont multiples et celle avancée par l’Université de Neuchâtel n’est peut être pas celle à mettre en avant. Françoise Pozet a fourni aux chercheurs suisses des prélèvements réalisés sur des poissons de la Loue. La scientifique précise que l’étude n’est pas finie, d’autres étapes sont encore nécessaires avant de valider définitivement cette piste. Et pour cette vétérinaire, « c’est toujours dangereux d’affirmer aussi vite car il y a un risque de mauvaise interprétation. »

Les Français étaient bien au courant de cette étude menée de l’autre côté du Doubs. Dans le rapport  national d’expertise publié en mars dernier, il est précisé qu’ « A ce jour, les éléments de caractérisation du pouvoir pathogène des Saprolegnia parasitica isolées à partir de poissons échantillonnés dans la Loue et le Doubs n’ont pas été finalisés. Cependant, les premiers résultats obtenus par des collègues suisses sur les génomes de plusieurs souches de ce champignon isolées dans les rivières du Jura, montrent que ces souches semblent présenter un caractère monoclonal (même origine génétique). Il pourrait donc y avoir eu, dans la Loue, ainsi que dans d’autres rivières de la région, l’émergence puis la dispersion d’une nouvelle souche ayant un pouvoir pathogène élevé. A ce jour, l’hypothèse de la survenue d’une épidémie bactérienne, virale, ou encore mycosique,comme étant à elle seule responsable des mortalités de poisson constatées, a été rejetée par le groupe d’experts sur la base des résultats d’analyses pratiquées par le LDA39 » , le laboratoire dont fait partie Françoise Pozet. D’où la prudence actuelle vis à vis de cette étude non seulement pour ne pas occulter l’impact du mauvais état des rivières sur la santé des poissons et aussi pour attendre les conclusions définitives de cette étude.