26 Sep

Nicolas Jachet, SOS Loue et rivières comtoises et la filière Comté

Marc Goux a promptement répondu au courrier de Nicolas Jachet. Ce membre actif de SOS Loue et rivières comtoises estime que les politiques n’agissent pas là où il faudrait agir en priorité : « Oui les responsables politiques se mobilisent et les intentions sont bonnes, des décisions vont dans le bon sens. Mais une fois de plus de nouvelles études sont décidées et seront utiles à terme mais elles repoussent des décisions très importantes sur des domaines où les éléments sont parfaitement connus, et des corrections sont indispensables à l’inversion des processus de dégradation. Je note qu’aucun élu n’aborde de front la responsabilité du Comté».

Marc Goux soulève la délicate question de la filière Comté , délicate car c’est sur ce point que l’équilibre entre enjeux environnementaux et enjeux économiques est plus difficile à trouver.

C’est aussi un dossier pour lequel les élus ont peu de marge de manoeuvre. D’après Marc Goux, qui au passage reproche aux médias de ne pas relayer ses interventions sur la question, aucun espoir n’est envisageable pour les rivières, malgré tous les investissements qui seront consentis, si les pratiques agricoles des plateaux karstiques ne sont pas totalement repensées. « Le Comté s’engage dans une double impasse agronomique et de critères de sélection de la race montbéliarde qui le condamne à brève échéance à des lendemains très douloureux. L’effondrement de la biodiversité floristique et l’eutrophisation totale des prairies en sont les symptômes profonds.»

C’est vrai que dans les mois qui viennent, l’avenir de la filière comté va être largement débattu car la fin des quotas laitiers est annoncée pour 2015. Dans un récent reportage diffusé dans notre JT de France 3 Franche-Comté, Claude Vermot-Desroches, président du comité interprofessionnel du Comté affirmait qu’il «fallait trouver d’autres marchés pour pouvoir produire plus donc notre ambition est de pouvoir produire ce que le marché est capable d’absorber. Donc c’est le travail des entreprises, des affineurs, des fruitières, c’est tout cela qui permettra de savoir si oui ou non on peut pas produire du lait. Mais si on obéit pas à ces règles là, c’est un risque d’effondrement d’un système qui marche». Donc la production n’augmenterait que si il y a des débouchés… Le monde est vaste et les hommes gourmands !

Selon Marc Goux «Ne pas avoir le courage de poser ce problème publiquement est une faute grave vis-à-vis des obligations de la DCE eau 2015 et vis-à-vis de tous ceux qui veulent garder l’espoir de revoir ces rivières au niveau de leur réputation hélas ancienne. C’est aussi laisser le comté, autre fierté comtoise, s’enfoncer dans ses impasses ».

Lors d’un précédent entretien , Claude Vermot-Desroches me confirmait son engagement pour tenter de sauver la Loue, lui qui a son exploitation à Cademène, tout près de la rivière.  Maintenir la bonne santé de la filière Comté tout en diminuant l’impact de la filière sur l’environnement, c’est la quadrature du cercle à résoudre dans les années à venir.

Isabelle Brunnarius

Gustave Courbet répond à Nicolas Jachet.

La truite de Courbet version 2012 vu par Jean-Michel Blondeau à partir d'une photo de Patrice Malavaux

Jean-Michel Blondeau, Ornanais et habile webmaster de SOS Loue et rivières comtoises, a concocté tout spécialement pour le blog de la Loue une réponse au courrier de Nicolas Jachet : Il s’est glissé dans la peau de l’illustre peintre !

Voici son billet :

jeudi 30 août 2012 18:47

Très chère Isabelle,

Vous m’avez convié à sortir de mon sommeil pour vous aider à illustrer votre réponse à la lettre du Sieur Jachet, suite à son séjour dans ma vallée. C’est en effet le spectacle le plus désolant qu’il soit possible d’imaginer.

J’ai hésité à vous brosser une prairie du plateau couverte de pissenlits, mais j’ai créé le réalisme et non l’hyper-réalisme, mon style aurait amené la confusion avec les jonquilles de mon époque.

Avec ces nouveaux outils informatiques je ne retrouve pas encore l’habileté de mes pinceaux, mais ce sera bien suffisant pour exprimer ce que j’en pense.

Ce que vous voyez là, ce ne sont que quelques poissons morts, dont la seule vue suffit à me retourner dans mon trou depuis une bonne trentaine d’années.

Ils ne sont pourtant que les indicateurs visibles de problèmes bien plus graves et profonds : C’est en effet toute ma région, la Franche-Comté qui part à vau-l’eau avec son économie malade.

Le comté devenu immangeable, les prix du lait vont s’écrouler, le problème de la pollution agricole se réglera de lui même avec la ruine des paysans. Mais pour le tourisme de qualité qui faisait aussi la richesse de ma chère vallée, il n’y aura bientôt plus que mes toiles (bien mal éclairées) à donner à voir. Quand je pense que de mon temps ils les auraient bien brûlées !

C’est la société dans son haut, dans son bas, dans son milieu qui a rendu les armes. L’État et les élus, trop occupés à estomper la catastrophe dépensent l’argent public sans compter, mais à quoi serviront des passes à poissons quand tout sera crevé ?

Le courrier du Sieur Jachet montre quelle perception un voyageur de passage peut avoir de notre région. Mais ce n’est malheureusement pas celle de la majorité des habitants de la vallée, habitués à confier les merdes à la rivière, et pour qui un bel orage va remettre les choses en ordre ! D’où je suis, je connais leur moindre pensée, et j’ajouterai ce qu’ils se cacheront bien d’avouer, persuadés qu’ils sont qu’eux-mêmes n’en subiront pas les conséquences et que leur descendance se démerdera comme elle le pourra…

Cet égoïsme en est la principale cause, avec le manque d’éducation et de connaissances qui permettent depuis toujours les arrangements complices.

Ne vous attendez pas à ce que je me lève, faisant revivre l’esprit de la Commune, afin de mettre fin aux intérêts de quelques castes et privilégiés au détriment du peuple. Depuis la crise de l’usure vous avez laissé les mafieux entrer au capital des banques, les risques sont redevenus identiques à ceux de mon époque, et un nouvel exil m’est aujourd’hui difficilement envisageable. Écoutez plutôt les conseils de quelques uns de vos contemporains (tout comme moi réalistes) comme les gens du collectif SOS Loue et rivières comtoises, ils sont compétents et œuvrent à faire émerger depuis deux ans les dernières chances de solutions.

Encore vous faudra-t-il réussir à mettre tout ce monde autour d’une table avec comme seule volonté une sortie de crise honorable.

Vous souhaitant beaucoup de courage et la réussite nécessaire, je vous remercie, de la constance de votre engagement pour cette noble cause.

Veuillez agréer, chère Isabelle, l’expression de mes salutations sincères.

Gustave. Fait à Ornans le 30 août 18 2012.

13 Sep

«La Loue, une rivière emblématique» : l’exposition des amis d’Ornans

L a truite de Pascal Coupot à l'entrée d'Ornans , publiée sur le site petit-patrimoine.com

Tout, vous saurez tout sur la Loue ! L’association «Les amis d’Ornans» profite de ce week-end des journées du patrimoine organisées à Ornans pour présenter une exposition exhaustive sur le patrimoine naturel de la vallée, sa rivière la Loue.
C’est au cloître de la Visitation et c’est visible de 10 à18 heures.
L’exposition est scindée en trois comme les trois parties de la Loue, de sa source au Doubs : la haute, moyenne et basse Loue. Trois univers bien différents tant sur le point géographique que culturel. Par exemple, les techniques de flottage du bois sont différentes selon les endroits de la rivière.
Vous découvrirez aussi les deux réserves naturelles situées aux abords de la Loue : celle du ravin de Valbois au pied du castel saint Denis près de Cléron et la réserve de l’île du Girard, là où la Loue se jette dans le Doubs.
Le syndicat mixte de la Loue présente les travaux réalisés pour rendre à la rivière son cours d’eau naturel. Au début du XXe siècle, la basse Loue a été canalisée; aujourd’hui ce que l’on croyait une bonne idée s’avère néfaste. Un ancien bras mort de la Loue a été ainsi réhabilité près d’Arc-et-Senans par le syndicat mixte. Une zone de 7 hectares est entrain de redevenir humide, une mesure très utile pour le maintien de la biodiversité.
La commune d’Ornans participe également à cette exposition en présentant les recherches menées autour de la pollution de la Loue et les actions entreprises pour sauver cette rivière vedette de l’édition 2012 des journées du patrimoine à Ornans.

isabelle brunnarius

La Loue, vedette des journées du patrimoine à Ornans.

Laëticia Gelas photographiée par Dominique Moreau

Si il y a bien un week-end où il faut aller à Ornans c’est bien celui du 15 et 16 septembre ! Cette année, à l’occasion des journées européennes du patrimoine, la patrie de Courbet regorge d’animations autour de la Loue.
Les artistes et artisans d’art aiment Ornans, une ville qui les inspire et les accueille. Leurs ateliers seront ouverts ce week-end. Depuis une dizaine d’années, Ornans rénove son patrimoine pour accueillir des artistes, des artisans d’art et des galeries d’art. La ville affirme ainsi au fil du temps son statut de pôle métiers d’art avec le soutien de la communauté de pays Ornans Loue Lison.
Les artistes et artisans d’art, cette année, ont choisi de travailler autour des «mystères de la Loue, ses poissons et créatures imaginaires». Laeticia Gelas, présentera ses mosaïques et Gustave Lafond réalisera une fresque de 15 mètres de long sur la Loue.
Les galeries seront ouvertes avec des expositions à ne pas manquer : celle du sculpteur Pascal Coupot (il est l’auteur de la truite à l’entrée d’Ornans) et du verrier Fréderic Pichon.

Voici le programme détaillé:

Programme complet Journées patrimoine 2012 à Ornans

A noter également l’ouverture par Samuel Philippe d’une nouvelle galerie d’art à Ornans.

L’inauguration officielle de la galerie est prévu samedi 15 septembre à 18 heures au 63-65 rue Pierre Vernier face au musée Courbet.

La galerie Marechal à Ornans

La galerie exposera une sélection d’artistes régionalistes avec notamment : un dessin de Gustave Courbet daté de 1849, un pastel (paysage du Jura) datant des années 1890, une huile (bords du Doubs) de Jeanne Guyot-Guillain, une aquarelle (maisons sur l’eau à Ornans) d’André Lambert.

Isabelle Brunnarius

Doubs franco-suisse : un nouvel essai pour diminuer l’impact des éclusées

Pour la troisième fois, EDF et la SFMC (Société des Forces Motrices du Châtelot) organisent demain, vendredi 14 septembre, une nouvelle action pour «tenter de mieux préserver la biodiversité du Doubs». Les services de l’Etat français et les représentants des administrations suisses et le garde pêche de la Franco-suisse seront présents mais cette fois-ci, les représentants des pêcheurs ne comprennent pas l’intérêt de cet essai car selon eux, le protocole déjà mis en place n’est pas entièrement satisfaisant.

En juillet dernier, un communiqué de presse de l’office fédéral de l’énergie et de la Dreal, annonçait l’ambition de ces producteurs d’électricité de réduire leur impact sur l’environnement. Pour les représentants des pêcheurs, ce protocole est soumis à des conditions de débit qui n’empêchent pas les mortalités de poissons. Et récemment, le pêcheur surnommé « La truite qui meurt » continuait de dénoncer les pratiques de ces éclusées.
La première expérimentation a eu lieu il y a deux ans, la seconde en avril 2011 et voici la troisième. Dans son communiqué de ce jour, EDF explique que ce nouvel essai va consister à «abaisser au maximum le niveau de la retenue du Refrain/Biaufond, vérifier que ceci est sans incidence sur l’écosystème de la retenue puis valider ce mode d’exploitation, qui permettra d’augmenter la capacité de la retenue à absorber une éclusée (lâcher de l’eau qui permet la production d’électricité ) du Châtelot, sans déversement au barrage du Refrain.»

Après analyses des résultats, des propositions d’aménagement de gestion de ces barrages seront soumis à la Dreal et à l’office fédéral de l’énergie.

04 Sep

La Loue au coeur du prochain roman de Philippe Koeberlé

Il va falloir patienter jusqu’à fin novembre pour lire la suite des aventures du guide de pêche Severin Menigoz, le héros du premier roman de Philippe Koeberlé. Après avoir plongé ses personnages dans la vallée du Dessoubre, le médecin bisontin a situé, cette fois-ci, son action dans la vallée de la Loue. «Le sorcier d’Ornans», tout comme  «Autopsie d’une truite» sont des enquêtes policières. La pollution des rivières est toujours présente dans ce nouveau  récit mais en toile de fond. Une préoccupation pour l’écrivain lui-même pêcheur à la mouche.

Philippe Koeberlé avait mis plus de cinq ans à écrire son premier roman, cosigné avec son ami le scénariste Nicolas Robert.  Le livre était sorti en juin 2011. Cette fois-ci, le plaisir d’écrire est tel que «Le sorcier d’Ornans» a été fini au bout d’un an et demi ! Et le troisième est déjà prévu…

Présent dans les salons, aux Sandales d’Empédocle et chez Cultura à Besançon, «Autopsie d’une truite rencontre un certain succès. Après plusieurs tirages, 1600 exemplaires ont été vendus.

En attendant la sortie du «Sorcier d’Ornans» et l’interview de Philippe Koeberlé pour cette occasion, vous pouvez écouter cette interview réalisée pour le conseil général du Doubs.

Et si vous même, vous avez lu «Autopsie d’une truite», n’hésitez pas à laisser un commentaire à cet article

Isabelle Brunnarius

30 Août

Vos réactions publiées sur le blog de la vallée de la Loue !

Une fois n’est pas coutume ! Aujourd’hui, je m’adresse à vous tous pour recueillir votre réaction au courrier des lecteurs publié récemment dans l’Est Républicain et diffusé sur Twitter par le blogueur Bisonteint. Le voici :

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J’aimerais que vous preniez le temps de réagir à cette interpellation car il me semble que Nicolas Jachet résume bien le point de vue d’une partie des habitants de la vallée.
Bien sûr, je m’adresse plus particulièrement aux élus, aux responsables de structures agissant pour la Loue… parce que des actions sont bel et bien entreprises même si les résultats ne sont pas encore visibles. Cependant, tous les avis m’intéressent !
Une fois vos réactions recueillies par mail ou par téléphone, je rédigerai un nouvel article pour le blog de la Loue.

Un grand merci par avance !

isabelle.brunnarius@francetv.fr ou 06.22.69.33.46

28 Août

Le langage vérité de Nicolas Germain

Pour préparer un séjour de pêche, rien de tel qu’internet ! Taper  par exemple « Haute rivière de l’Ain » et vous trouvez pas mal de sites mais attention, prudence … Premier conseil : regarder bien la date de parution de l ‘article. L’état des rivières se dégrade très vite.. Deuxième conseil, choisissez un site actualisé régulièrement car vous pourriez être déçu une fois sur place. Ainsi si jamais vous aviez envie d’aller dans ce secteur, vous devriez aller faire un tour sur le blog et la page facebook du pêcheur et blogeur Nicolas Germain. Il vient de publier un article sur le très mauvais état d’une partie de la haute rivière de l’Ain il ne mâche pas ses mots. »J’ai moi même fait une descente en canoé pour voir de mes yeux la situation, écrit-il. La rivière était vraiment dans un sale état, ça fait vraiment de la peine. Il est urgent de faire quelques chose comme on le répète depuis des années…Et les gens qui pataugent là dedans comme si de rien n’étaient...  » Heureusement, d’autres secteurs de l’Ain font encore rêver si l’on en croit les récents récits enflammés de ce pêcheur passionné.

Isabelle Brunnarius

23 Août

« La truite qui meurt » réagit aux mesures annoncées pour le Doubs Franco-Suisse

Le 13 août dernier, en plein été, la Dreal et l’Office fédéral suisse de l’énergie sortait un communiqué sur les mesures pour tenter de diminuer les nuisances des éclusées sur la santé des poissons du Doubs franco-suisse. Je qualifiais alors cette annonce comme une politique des petits pas... Le pêcheur à l’origine de la pétition  lancée en avril dernier vient de réagir. Nous apprenons que sa pétition a recueilli plus de 3000 signatures. Cédric Journot , connu sous le nom de « La truite qui meurt », demande dans sa pétition que les éclusées du Châtelot soient réduites en fréquence et en amplitude et que les débits plancher dans le Doubs soient augmentés. Nous l’avions rencontré lors du tournage de notre reportage à l’occasion du lancement de la pétition.

L’annonce du groupe de travail binational ne le convainc absolument pas, mais alors pas du tout. D’après lui, rien ne va changé car il s’agit d’une simple officialisation de ce qui se passe déjà sur le terrain. « Ce communiqué démontre encore une fois que le seul travail des autorités est de faire croire au grand public qu’elles s’acharnent à trouver des solutions pour sauver  le Doubs alors que c’est tout le contraire : De ces pseudo-mesures, il n’en ressort une fois de plus qu’une tentative de  gagner du temps, de reculer l’échéance de devoir attaquer de front le lobby des éclusées, tout  en espérant que le grand public et les pêcheurs gobent cette stratégie masquée.

La Confédération notamment l’Office fédéral de l’énergie,  soutenu ici par l’Office de l’environnement, défend becs et ongles le lobby énergétique destructeur de notre bien commun et ne fait que donner carte blanche aux exploitants du Châtelot. De fait, elle soutient aussi, directement et financièrement, les politiques et autorités responsables actifs dans ce dossier (conseillers d’Etat et même ceux de la commission binationale et les autres). Faut-il vraiment laisser ces mensonges et ce copinage, solidement ancré  dans les  deux pays respectifs et acteurs de la commission binationale ? »

Un point de vue sans doute partagé par les signataires de la pétition. Aux autorités françaises et suisses maintenant de prouver  que leur intention est de réellement faire progresser ce dossier délicat.

Isabelle Brunnarius



22 Août

Les renoncules de la Loue

la Loue au mois d'août 2012 photographiée par Gérard Colin

Tout est parti d’une photo. Il y a quelques jours, Gérard Colin, un amoureux de la Loue, nous envoie un cliché pris le 3 août au lieu-dit de Buillon, près du château du même nom, sur la commune de Chenecey-Buillon. Le pêcheur accompagne sa photo d’un commentaire : «Voici une image de la Loue prise la semaine dernière. Elle coule toujours dans un magnifique écrin de verdure, mais voici ce qu’en voient de près les touristes, notamment les amateurs de canoë-kayak: cette eau que boivent les Bisontins mousse à souhait et agrémente à sa façon les herbiers fleuris de la Loue!»
Intriguée, je cherche à savoir d’où vient ce phénomène. J’ai en mémoire un reportage tourné par mes confrères au mois de mai 2009 sur le Doubs en plein centre ville de Besançon. A cette époque, il faisait très chaud et les renoncules blanches avaient envahi la rivière. Grâce aux explications de Françoi Dehondt,directeur du Conservatoire botanique national de Franche-Comté, nous apprenions que «comme le printemps avait été sec, et le débit de la rivière quatre fois inférieur à la moyenne annuelle, l’eau était ainsi plus concentrée en minéraux, dont les renoncules raffolent. Mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. »
Gérard Colin précise qu’il a déjà observé ce phénomène et assure qu’ «il en rarement vus autant». Mais ce qui a fait réagir Gérard colin c’est «cette mousse en abondance et assez éloignée du barrage».

L’hydrobiologiste Marie Fortin me suggère de me rendre sur le site de la Commission de protection des eaux. Le phénomène des mousses est effectivement bien expliqué. «La formation de petits amas de mousses ou d’écume dans les rivières de surface ou souterraines, est le plus souvent naturelle. Elle est liée à la présence, toute aussi naturelle dans les eaux de matière organique en décomposition provenant des végétaux aquatiques mais aussi des végétaux terrestres, entraînées vers les cours d’eau par les eaux de ruissellement ou d’infiltration.» Jean-Pierre Hérold, le vice-président de l’association Loue Vive précise même que cette «mousse qui flotte en surface s’arrête sur un obstacle;  c’est un phénomène naturel bien visible aussi  au bord des lacs après une période de vent qui agite la surface.»

Il peut s’agir également de pollution : «Une abondance de matière organique dans les eaux ne peut que multiplier les phénomènes de moussage naturel. On peut donc fortement suspecter une pollution des eaux lorsque la présence des mousses est fréquente et beaucoup plus importante qu’habituellement dans une rivière dans des circonstances identiques (météo, débit, ..)»
Alerté par mes échanges de mail avec les spécialistes, un habitant de Chenecey, Julien Guyonneau, botaniste au Conservatoire botanique de Franche-Comté,  est même allé vérifier si cette mousse photographiée sentait la lessive. «La mousse est bien prise, a une légère couleur brun vert et  sent  les algues d’eau douce. Pas d’odeur de lessive.» C’est ce que conseillait de faire Jean-Pierre Herold pour savoir si cela venait des lessives.
Me voilà rassurée ! Moi j’avais tout simplement imaginé que la Vouivre prenait son bain….

Isabelle Brunnarius