20 Juin

Les nitrates, l’Europe et la Loue : la politique de l’autruche.

Le nitrate : trois atomes d'oxygène et un atome d'azote

L’Europe vient de nouveau de condamner la France pour son « manquement dans la mise en oeuvre de la directive nitrates ». La Cour de justice de l’Union européenne reproche au gouvernement français son recensement incomplet en 2007 des zones vulnérables. Des zones où le taux de nitrates dans l’eau ( rivières et eaux souterraines) est supérieur à 50mg/l et dans ces cas là, des mesures agricoles doivent être mises en place pour diminuer ces taux.

Si la France tarde à améliorer cette situation, elle risque de payer des sanctions financières qui pourraient s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Le gouvernement reconnaît le manquement tout en précisant que la procédure de révision est en marche puisqu’une nouvelle carte des zones vulnérables vient d’être établies.

Les zones vulnérables de la directive Nitrates en 2012

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19 Juin

Nouvelle mortalité de poissons sur le Doubs Franco-Suisse

Les alevins piégés par un dysfonctionnement du barrage du Refrain le 16 juin 2013

Les pêcheurs de la  Franco-Suisse sont en colère. Le printemps avait pourtant laissé germer quelques espoirs… Les mortalités de janvier dernier avaient fait réagir la préfecture et une nouvelle méthode de travail entre les différents barrages du Doubs Franco-Suisse avait commencé à être appliquée.

« Les pêcheurs et autres amoureux du Doubs se réjouissaient d’une grande réussite de la fraie des truites et des ombres, suivie d’une bonne préservation des alevins par l’efficacité évidente des mesures en place. Les grandes eaux de ce printemps avaient en outre contribué à garder la rivière dans un état de propreté que personne ne se souvient avoir vu de manière aussi durable depuis bien longtemps. » La Franco-Suisse

Et puis patatra ! Patrice Malavaux, le garde pêche de la Franco-Suisse, fait une macabre découverte le 16 juin dernier : Continuer la lecture

11 Juin

La réunion d’Ornans : entre espoir et déception

La réunion organisée par Canton Vivant à Ornans

C’était une première. l’idée d’organiser une telle rencontre. Le 7 juin dernier à Ornans, l’association Canton Vivant avait convié le « grand public » à venir s’informer et débattre sur l’état de la Loue. Des affiches avaient été collées un peu partout dans la vallée. Résultat, une centaine de personnes s’est déplacée vendredi soir. Avant le débat, un extrait du film Doubs Loue de Jean-Philippe Macchioni et quatre interventions ont été suivies avec intérêt :
Jacques BREUIL, vice-président du Conseil Général, en charge du développement durable
Alexandre CHEVAL, garde fédéral de pêche
Alain CUINET, directeur bureau d’études spécialisé en hydrobiologie
Pascal REILE, Cabinet Reiléhydrogéologue spécialiste du Karst et hydraulicien
ont chacun leur tour présenté leur point de vue ou leur connaissance du dossier.

La salle des Isles basses était comble mais est ce vraiment un bon indicateur de l’intérêt des habitants et des élus à sauver la rivière de leur vallée ? J’en doute. Continuer la lecture

07 Juin

La santé de la Loue, c’est l’affaire de tous !

L'affiche de la conférence organisée par Canton Vivant

Ce soir , la Loue est au centre d’une soirée débat organisée ce soir par l’association Canton Vivant à 20 heures, salle des Isles Basses à Ornans.
Cette initiative pourrait bien avoir une valeur de test. Est -il possible d’élargir le cercle des défenseurs de la Loue ? Il y a bien eu les Assises de la Loue, organisées en octobre dernier par le conseil général du Doubs et la préfecture du Doubs mais le « grand public » n’était pas convié.

Cette fois-ci, l’association Canton vivant souhaite engager le débat avec tout ceux qui vivent sur ce vaste territoire qu’est le bassin versant de la Loue.

L’association , présidée par Eliane Menegain, prévoit ce soir de revenir sur  « les différentes causes de ce problème local et les solutions déjà proposées, en présence de plusieurs intervenants, avec des approches environnementales, économiques. »

Avant d’entamer le débat avec les spécialistes, le début du film « Doubs, Loue, histoires croisées » réalisé par Jean-Philippe Macchioni et  co-produits par France télévisions et Vie des Hauts sera projeté ( c’est dommage de ne pas le voir en entier à une demie heure près…).

Voici les intervenants invités à participer à ce débat. Ils répondront aux questions de l’assistance :

Jacques BREUIL, vice-président du Conseil Général, en charge du développement durable
Alexandre CHEVAL, garde fédéral de pêche
Alain CUINET, directeur bureau d’études spécialisé en hydrobiologie
Pascal REILE, Cabinet Reiléhydrogéologue spécialiste du Karst et hydraulicien

31 Mai

Les rivières franc-comtoises et la transition énergétique

A première vue, cela pourrait être un dilemme, à bien regarder cela pourrait être une opportunité à saisir. Le débat actuel sur la transition énergétique met en lumière un paradoxe : deux objectifs environnementaux et gouvernementaux qui pourraient être contradictoires.
D’un côté, la loi sur l’eau prône l’amélioration de la continuité écologique et d’un autre côté, le Grenelle de l’environnement mise sur l’énergie hydraulique pour atteindre les objectifs fixés par l’Europe pour diminuer les gaz à effets de serre et développer l’utilisation des énergies renouvelables. 
Quelle ressource et quelle place l’hydro-électricité peut trouver dans l’enjeu de la transition énergétique ? Il y a-t-il un potentiel à développer en Franche-Comté ? Ces deux questions sont au coeur du débat, organisé par le cabinet Reilé, le 4 juin de 10h30 à 12h30 à la CCI de Besançon. Une initiative dans le cadre du débat national sur la transition énergétique. A cette occasion, France 3 Franche- Comté a tourné ce reportage.
les rivières et la transition énergétique en 2013.

Les intervenants du reportage : Gérard Marion, responsable environnement de la CCI 25, Vincent Porteret, de l’Agence de l’eau, Alain Migeon de la Société de production d’électricité de Fraisans, François Huger de l’ONEMA et Pascal Reilé, directeur du cabinet Reilé.

Qu’est ce que la continuité écologique ?
Selon la directive Cadre sur l’eau, La notion de continuité de la rivière, ou continuité écologique est un élément de qualité pour la classification de l’état écologique des cours d’eau. Il y est indiqué que pour les cours d’eau en très bon état « La continuité de la rivière n’est pas perturbée par des activités anthropogéniques et permet une migration non perturbée des organismes aquatiques et le transport de sédiments ». En clair, une rivière est en bonne état quand les poissons peuvent circuler en particulier pendant les périodes de reproduction et quand les sédiments ne stagnent pas.


Qu’en est-il dans notre bassin Rhône Méditerranée ?

Selon l’Agence de l’eau, 50% des rivières présentent des problèmes de continuité écologique et sédimentaire. Près de 2000 seuils et barrages bloquent la circulation des poissons et des sédiments.
Lors des Assises de la Loue, ces problèmes ont été pointés du doigt. Sur le site de la DDT, le groupe d’experts précise :
«Un Plan National de restauration de la continuité écologique a été mis en place dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Ce plan identifie les ouvrages prioritaires à traiter pour améliorer les conditions de migration des poissons, de l’écoulement des eaux ou des sédiments de la rivière. 12 ouvrages répondant à cette identification se trouvent sur la Loue : ils devraient faire prochainement l’objet de travaux et dans 2 cas, être arasés.»

Comment augmenter la production d’hydro-électricité sans altérer la continuité écologique des rivière ?

Le Cabinet Reilé a recensé 543 unités de production sur les rivières franc-comtoises. Tous ne sont pas exploités. Si c’était le cas, on pourrait produire sur un an l’équivalent de l’électricité consommée par 115 925 ménages. Selon le cabinet Reilé, il est possible d’augmenter la production sans altérer le bon fonctionnement des rivières. Il suffirait de savoir bien travailler tous ensemble : services de l’Etat, fédération de pêche, producteurs autonomes d’électricité. Un travail de longue haleine mais pas impossible.
Très prochainement, un arrêté préfectoral publiera les listes 1 et 2 des rivières, un classement qui peut imposer une obligation de restauration de la continuité écologique dans un délai de 5 ans.
Cette publication est attendue avec une certaine inquiétude par les producteurs autonomes d’électricité. Auront-il les moyens financiers suffisants pour réaliser ces travaux ? L’Agence de l’eau a un budget de 414 millions d’euros (2013-2018) pour parvenir à l’objectif européen de 66 % de rivières en bon état écologique d’ici 2016. Certains travaux, comme les passes à poissons, peuvent être aidés financièrement jusqu’à hauteur de 80% mais, attention, à partir de 2016, les budgets vont diminuer… En clair, les premiers dossiers arrivés seront les premiers servis ! L’Agence de l’eau a estimé son budget pour pouvoir soutenir l’aménagement de 600 ouvrages et la restauration de 100 kilomètres de rivière.

Isabelle Brunnarius

Pour aller plus loin :

http://www.franche-comte.developpement-durable.gouv.fr/le-schema-regional-climat-air-a2006.html http://www.doubs.equipement.gouv.fr/rendu-du-rapport-d-expertise-sur-r511.html http://www.eptb-saone-doubs.fr/Le-projet-de-SAGE-revise-valide http://www.contratriviereloue.org/fichetravaux.php?id_theme=14 http://www.transition-energetique.gouv.fr/

20 Mai

Ouverture de la pêche aux carnassiers sur le lac de Vouglans

Contrôle des cartes de pêche sur le lac de Vouglans dans le Jura.

Dans le Jura, la pêche aux carnassiers est ouverte du deuxième samedi de mai au premier janvier. Les plus mordus étaient au poste dès 5 h 44 du matin sur le lac de Vouglans.

Pour aller plus loin, j’ai trouvé des informations  sur le site EauFrance. Les données remontent aux années 1980 mais elles sont intéressantes. Ici comme ailleurs, la population des poissons diminuait et il faut encore recourir à l’alvinage pour maintenir l’intérêt des pecheurs sur cette retenue, la deuxième plus grande de France après le lac de Serre Ponçon.

« Certaines publications portant sur la retenue du barrage de Vouglans (Verneaux & Vergon – 1974, CTGREF – 1977, Verneaux – 1986) ont mis l’accent sur les perturbations des structures physico-chimiques et biologiques causées par les sous-tirages d’eau profonde, ainsi que les effets inhibiteurs des marnages de grande amplitude (34m) sur le développement des hydrophytes littoraux, limitant ainsi la possibilité d’établissement de frayères et d’abris pour les poissons.

Il en résulte que la richesse spécifique du peuplement pisciaire dans la retenue de Vouglans est maintenue grâce à des alevinages répétés.

21 espèces ont été recensées dans la retenue au cours des 5 campagnes de pêche successives de 1971 à 1987. 5 espèces dépassent 90% de l’effectif : le Gardon (40%), l’Ablette (19%), la Brème (19%) et la Perche (13.5%) : ainsi les Cyprinidés euryèces (Gardon, Ablette, Brèmes) dominent le peuplement (78%). Les carnassiers (15.5%) sont surtout représentés par la Perche (13.5%) ; Truite, Brochet et Cristivomer sont présents.

La pêche de 1988 a permis de constater que le peuplement de la retenue artificielle de Vouglans est nettement dominé par les Cyprinidés d’eau calme, structure typique d’un peuplement instable avec dominance de Cyprinidés euryèces, entraînant le développement de la population de Perches. Ces dernières sont les seules espèces carnassières capables de se reproduire au niveau de branches immergées quand il y a correspondance entre période de fraye et niveau d’eau élevé.Ce phénomène justifie le passage de 1ère en 2ème catégorie et des préconisations sont à faire pour assurer la survie des carnassiers (cf. Chap. VI).

Aujourd’hui, le lac est toujours en première catégorie. Il a un statut de grand lac intérieur. Normalement, en première catégorie, il n’ y a pas de restriction de pêche. Ce statut protège les brochets et les sandres en limitant leurs prises à 5 brochets par jour et par pêcheur comme dans tout le Jura. La taille est aussi réglementée : 40 cm pour les sandres et 50 cm pour les brochets.

Et voici le résultat des échantillonnages de 2003. Un document transmis par le chargé de mission de la fédération de pêche du Jura Mehdi Elbettah:

« En 2008, le peuplement de la retenue de Vouglans est composé de 16 espèces. L’échantillon récolté est relativement complet avec cependant l’absence de la truite fario, de la vandoise, du toxostome et du goujon, échantillonnés les années antérieures à l’aide du protocole filets verticaux. Le peuplement est dominé par le triptyque perche-gardon-sandre, ces espèces présentant des abondances numériques et pondérales notables. A noter également la forte présence de la grémille. Ce triptyque représente 86,35% des effectifs et 72,1% des biomasses. »

Les sociétés de pêche de Clairvaux et Moirans remettent chaque année du poisson, en l’occurence  du Coregon. Des truites lacustres et des ombles chevalier sont également introduits. Mais, la fédération de pêche s’inquiète de la prolifération des silures. Cet espèce a été introduite illégalement par des pêcheurs. Ils aiment traquer ce poisson qui n’a aucun prédateur et le relâchent une fois pris. Le silure, qui peut atteindre les 2 mètres de long, peut provoquer un véritable déséquilibre écologique dans le lac de Vouglans dans les années à venir. « Le déséquilibre vient des pêcheurs et non du barrage » déplore Stéphane Pizzetti, garde pêche de la fédération du Jura.

Une inquiétude pas entièrement partagée par Mehdi Elbettah » Quant à parler de déséquilibre biologique, je serai beaucoup plus mesuré. A contrario du brochet, le silure ne se reproduit pas uniquement sur un type de substrat spécifique et est de ce fait beaucoup plus prolifique que ce dernier sur une retenue soumis à un important marnage mais dont la température estivale atteint des valeurs suffisantes pour permettre à l’espèce de se reproduire. Bien que le sandre soit présent en grande quantité, le silure a un régime alimentaire beaucoup plus large lui permettant aussi bien de se nourrir d’écrevisses que de brèmes. En l’absence de grands brochets pélagiques, le silures adulte a toute la place disponible pour devenir le prédateur n°1 des grands cyprinidés qu’abrite la retenue comme les brèmes communes et les gros gardons.
Il n’y a pour ainsi dire quasiment aucune compétition alimentaire entre le silure et ces différentes espèces de carnassier, et si le brochet est en régression c’est uniquement lié à la quasi absence de frayères favorables à cette espèce sur la retenue. Par contre, les pêcheurs ont tôt fait d’oublier le déséquilibre biologique qui a suivi l’introduction du sandre sur la retenue qui a conduit (en parallèle aux problèmes d’entrave à la libre circulation des poissons en amont du lac) à la raréfaction des ablettes et de son principal prédateur, la truite lacustre. Le sandre est beaucoup plus ichtyophage que le silure peut l’être, et bizarrement alors que cette espèce semble être en régression ces dernières années, ablettes et truites lacustres se font plus présentes … ». Le chargé de mission de la fédération insiste lui sur les difficultés de circulation de la truite lacustre à la fin de l’été. A ce moment là; pour aller se reproduire, les tuites n’ont pas la possibilité de franchir le saut de la Saisse.

Voici le reportage de Marion Branchais et Hugues Perret :

13 Mai

Michel Renaud filme sans concession la Loue

Le miroir d'Ornans filmé par Michel Renaud.

« La Loue racontée par vous et par nous » c’est bien l’objectif de ce blog. Michel Renaud m’a pris au pied de la lettre et m’a envoyé une video tourné en 2011 sur la Loue entre Montgesoye et Ornans.

Natif d’Ornans, Michel Renaud pêche depuis l’adolescence et connaît la Loue comme sa poche. Depuis la pollution de 2010, il ne sort plus ces cannes et c’est avec une caméra qu’il arpente les rives de la Loue. Une Loue malade.

Soyez indulgent sur les qualités techniques de ce petit film, c’est le témoignage qui est pertinent. Michel Renaud précise tout de suite qu’il n’est pas scientifique. Son savoir est tout autre. Il nous raconte la Loue de son enfance, celle de la pêche aux chabots, immortalisée par Courbet. Le manque d’entretien de la Loue est, selon lui, à l’origine de bien des problèmes. Et c’est avec bon sens qu’il conclut « La Loue ne pourra pas se remettre toute seule ».

10 Mai

« Tes rivières fougueuses et généreuses où nous pêchions ensemble… »

Le tourisme à Arbois dans le Jura

La pêche peut-elle encore être un atout touristique pour le Jura ? Oui, répond le Comité Départemental du Tourisme du Jura. Ce département poursuit sa saga publicitaire entamée en avril 2012 et diffusée sur les ondes de France Info et France Bleu Grand Est. L’an dernier, la pub avait fait le buzz car elle avait été jugée sexiste. Certains pêcheurs avaient eux aussi pesté mais en évoquant plutôt une « publicité mensongère ». D’après eux, les rivières du Jura ne sont pas si généreuses que cela… Pour ce second volet, le comité du tourisme récidive et cette fois-ci évoque des « rivières fougueuses et généreuses où nous pêchions ensemble… »

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30 Avr

En mai, la mouche d’Ornans fait ce qu’il lui plaît !

La mouche d'Ornans (JP Herold)

Dès le premier mai, les pêcheurs à la mouche peuvent entrer avec leurs bottes dans l’eau de la Loue. La date est fixée par un arrêté prefectoral. Avant , c’est interdit pour protéger la reproduction de l’ Ombre.

Cette année, il faudra encore patienter pour sortir ses mouches d’Ornans car la rivière est trop haute pour pouvoir y pénétrer facilement. Cela donne un répit aux ombres qui finissent tout juste de frayer. Décidément, cette saison, tout est en retard !

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22 Avr

Sauver la Loue en cinq points : « Loue Vive » participe à la consultation de l’Agence de l’eau

L’échéance approche ! Vous avez jusqu’au 30 avril pour donner votre avis à l ‘agence de l’eau. C’est ce que vient de faire l’association Loue Vive .

L’Agence de l’eau voit loin… A l’horizon 2015.  Une année capitale pour  les défenseurs des rivières et de l’eau. C’est l’échéance fixée pour approuver le second SDAGE*, schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux. Pour y parvenir, l’Agence de l’eau souhaite recueillir votre avis, notre avis à tous. Continuer la lecture