04 Avr

Quelle est la qualité des eaux de nos rivières ?

Rivière du Jura ©Yves Regaldi/AltoPress/Maxpp

Seulement un tiers des rivières sont en bon état en Bourgogne Franche-Comté. C’est le constat que vient de publier l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Un bilan établi tous les deux ans. Il a toute son importance car la France est tenue par l’Europe d’avoir 100 % de ses rivières en bon état écologique en 2027. Un délai qui a déjà été repoussé, la directive cadre de l’eau établie par l’Europe avait initialement fixé cet objectif pour 2015… »Tout le monde sait qu’aucun pays européen n’y arrivera mais, ce qui compte, c’est la dynamique enclenchée pour aller vers ce bon état écologique » admet Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau RMC.

Si vous voulez connaître l’état des cours d’eau près de chez vous, l’Agence de l’eau a mis au point l’application « Qualité rivière » pour smartphone. Et, si vous voulez des détails, les données sont aussi disponibles sur internet. Il faut chercher un peu mais c’est accessible.

A priori, on pourrait penser que notre situation de tête de bassin nous soit favorable mais les statistiques ne jouent pas en faveur des bassins versants de la Saône et du Doubs. 52% des cours d’eau du bassin RMC sont en bon état contre un tiers dans notre grande région. Pour les eaux souterraines, C’est aussi un peu moins bon : dans notre région 77% sont en bon état contre 80 % pour l’ensemble du bassin. Ces meilleurs résultats s’expliquent par la présence des Alpes et de la Corse dans le bassin RMC.

Une rivière en bon état, c’est tout un ensemble de paramètres à respecter. il y a la qualité de l’eau proprement dite ( le côté « physicochimique ») et aussi la façon dont l’eau circule ( le respect des méandres naturels, de la continuité écologique. Au fil des ans, l’agence a affiné sa surveillance. En ce moment, 4.5 millions d’analyses sont effectués chaque année dans le bassin RMC alors qu’il y en avait seulement 18 000 au début des années 90. Plus de 1100 paramètres physicochimiques sont suivis sur près de 800 stations pour les cours d’eau. En 1970, il n’y avait qu’une cinquantaine de stations. Quant au suivi de la qualité des eaux souterraines, il a commencé seulement en 1987. Aujourd’hui, 700 stations sont suivies. Même les plans d’eau sont surveillés. Bref, quand on cherche on trouve. Et les outils de mesure sont de plus en plus précis. Sur les 1100 paramètres analysés dans les eaux des bassins RMC en 2016, 475 ont été détectés dont 400 sont des produits de synthèse ( pesticides, substances pharmaceutiques et autres micropolluants organiques).

49 % des causes de la dégradation de l’état des eaux superficielles sont dues à la pollution par les pesticides. Un type de pollution qui serait en diminution mais sur le long terme : la toxicité des pesticides dans les rivières a chuté de moitié ces dix dernières années. Mais l’agence note que la quantité totale de substances phytosanitaires vendue sur le bassin n’a pas diminué. Les métaux sont aussi moins présents dans les rivières : les niveaux de contamination ont été divisés par six en dix ans.

Ces résultats sont tous accessibles sur le site de l’Agence. Pour regarder la qualité des cours d’eau, il faut se rendre sur ce lien.

La qualité des eaux est cruciale. Il ne s’agit pas simplement d’assurer un habitat confortable aux poissons et à la flore, c’est une ressource utilisée pour notre eau potable. Il coûte plus cher de traiter l’eau polluée à la source pour la rendre potable que de financer des mesures pour que la ressource en eau ne soit plus polluée. En Bourgogne Franche-Comté, il y a 111 captages définies comme prioritaires ( 9 dans le Doubs, 16 dansle Jura, 29 en Haute-Saône et 5 dans le Territoire-de-Belfort). Ce sont des captages pour qui l’agence concentre ses moyens pour améliorer la qualité des eaux. L’agence de l’Eau publie également les résultats de ses contrôles sur les captages prioritaires.

Cette protection des approvisionnements en eau est sensible. A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, l’UFC Que choisir a déclaré que :

Parmi les 9 sources prioritaires qui sont situées dans les communes de notre département : 7 sont menacées de fermeture du fait des pollutions en pesticides : Cademene, Mathay, Vaire-arcier, Issans,Abbans-dessous, Mancenans, Luxiol . Et 2 sont menacées car aucune information n’est disponible: Hyemondans. (…) Mais alors que les lois issues du Grenelle de l’environnement prévoyaient une protection effective de ces sources en 2012, force est de constater à ce jour l’insuffisance d’information permettant de mesurer la mise en œuvre effective, captage par captage,  des mesures de protection et leur impact. »

L’Agence de l’eau a précisé ce mercredi qu’au contraire, ces sources étaient prioritaires. Ce même jour, la ville de Besançon, a réagi à propos du captage d’eau à Arcier :

« Cette affirmation est totalement fausse comme d’ailleurs celle relatant l’absence de communication sur la qualité de l’eau distribuée. Monsieur le Préfet du Doubs, Raphaël BARTOLT, a informé la Ville de Besançon de la tenue d’une conférence de presse avec l’Agence Régionale de Santé et la Direction Départementale des Territoires afin d’apporter toutes les informations utiles sur ces éléments. Compte-tenu du préjudice portée à l’image de la qualité de l’eau du robinet, la Ville de Besançon se réserve le droit d’engager des poursuites à l’encontre de l’Association. »

Mais, la dégradation des eaux superficielles, est essentiellement due aux atteintes à la morphologie ( 75% des cours d’eau ont au moins un problème de continuité ou de morphologie). Autre problème, le déséquilibre lié aux prélèvements d’eau et à l’hydrologie ( 33% des causes de la dégradation).

60% des rivières, dans le nord du bassin Rhône Méditerranée, sont encore cloisonnés par des seuils et des barrages.Depuis 2013, Pus de 100 km de cours d’eau ont été restaurés en Bourgogne Franche-Comté. Ces restaurations de zones humides sont importantes : elles jouent un rôle pour limiter les effets du réchauffement climatique. Une modification du climat qui peut avoir aussi des répercussions sur l’approvisionnement en eau. Les bassins de Belfort Montbéliard et du Haut-Doubs sont préoccupés par leurs faibles ressources en eau.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr

A propos de ce bilan de l’agence de l’eau, d’autres informations suivront sur le blog dans les jours qui viennent.