Autant l’écrire tout de suite, c’est en lisant la correspondance de Gustave Courbet que ma passion pour ce peintre s’est concrétisée. Une découverte réalisée grâce à l’ouvrage collectif dirigé par Yves Sarfati « Transferts de Courbet ». Ce livre, publié en 2013 aux Presses du réel, reprend toutes les interventions des spécialistes réunis lors d’un colloque à Besançon en 2011.
Historiens d’art et psys échangeaient leurs analyses sur ce peintre plus complexe qu’on ne le croit de prime abord. Tenter de comprendre la personnalité de Courbet, c’est commencer à cerner sa peinture. Et pour la petite histoire, de là m’est venue l’idée de tourner avec Laurent Brocard et François Tourtet, le documentaire « Mais qui êtes-vous Monsieur Courbet ? ».
Courbet : extrait du documentaire
La lecture de cette correspondance a été rendue accessible à tous grâce au travail prodigieux de l’historienne de l’art renommée Petra Ten-Doesschate Chu. Vingt ans après l’édition de ce document exceptionnel, un colloque va avoir lieu les 17 et 18 janvier 2017 à l’auditorium du musée d’Orsay. Son titre :
« J’ai écrit ma vie en un mot »
pour reprendre l’expression de Gustave Courbet. Ce colloque, coorganisé par Yves Sarfati, Thomas Schlesser et Bertrand Tillier, aura deux ambitions : « examiner les apports décisifs de cette somme dans les travaux récents ; montrer en quoi ses inépuisables ressources permettent de poursuivre et d’élargir la reconsidération du « maître d’Ornans », au plus près de son incarnation ».
Cette correspondance regroupe les lettres de Courbet à partir de ses 18 ans à sa mort en 1877. « La correspondance de Courbet forme une chronique qui révèle les facettes de l’homme et du peintre, ses sociabilités ses conceptions esthétiques, philosophiques ou politiques, et permet d’affiner le contexte de son œuvre et de ses actions. Grâce à elle, surgit une figure d’épistolier et, en quelque sorte, un écrivain doué d’un style, à rebours du peintre illettré que certains de ses contemporains avaient raillé ou salué et dont s’était imposée l’image ambivalente. Cette correspondance donne accès au verbatim de l’auteur, à ses états d’âme jour après jour, aux inévitables marques conscientes et répétitions inconscientes, lapsus calami, aveux, qui se glissent dans toute production écrite à visée intime » précisent les organisateurs.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr
Voici le programme :
Mardi 17 janvier 2017
14 h 00 : Mot d’accueil et introduction
– Session 1 : Statuts de la lettre –
Présidence de session : Yves Sarfati
- 14 h 10 – 15 h 00 : Conférence inaugurale – Petra ten-Doesschate Chu, professeure d’histoire de l’art à Setton Hall University, New-Jersey, USA
- 15 h 00 – 15 h 20 : Portrait d’un peintre réputé inculte en écrivain sensible – Dominique de Font-Réaulx, conservateur général, directrice du musée national Eugène-Delacroix
15 h 20 – 15 h 50 : Pause – Discussion
- 15 h 50 – 16 h 10 : Les « Exercices de style » de Gustave Courbet, épistolier – Michèle Audin, écrivaine
- 16 h 10 – 16 h 30 : Le régime de l’épistolarité ostensible chez Courbet – Bertrand Tillier, professeur d’histoire contemporaine, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne
- 16 h 30 – 16 h 50 : L’apport de la correspondance de Courbet à l’approche génétique – Ségolène Le Men, professeure d’histoire de l’art, université Paris Ouest Nanterre
16 h 50 : Discussion
Mercredi 18 janvier 2017
– Session 2 : Les mots de la lettre –
Présidence de session : Dominique de Font-Réaulx
10 h 00 : Mot d’accueil
- 10 h 10 – 10 h 30 : Le beau revoir – Gilbert Titeux, docteur en histoire de l’art, université de Strasbourg, ARCHE
- 10 h 30 – 10 h 50 : Les formations de l’inconscient dans la correspondance de Courbet – Yves Sarfati, professeur de psychiatrie et psychanalyste, CRMPS, Université Paris Diderot
10 h 50 – 11 h 20 : Pause – Discussion
- 11 h 20 – 11 h 40 : Courbet, cet aphoriste – Thomas Schlesser, directeur de la Fondation Hartung-Bergman et professeur d’histoire de l’art, Ecole polytechnique
- 11 h 40 – 12 h 00 : Le fondement des tourments ou du siège au pinceau. Essai sur l’impact des « échauffements » chez Courbet – Philippe Godeberge, médecin gastroentérologue, chargé de cours, université Paris-V René Descartes
- 12 h 00 – 12 h 20 : Proudhon dans la correspondance de Courbet. La machine et le cœur – Hervé Touboul, maître de conférence de philosophie, université de Franche-Comté
12 h 20 : Discussion – Pause déjeuner
– Session 3 : La lettre-matériau –
Présidence de session : Thomas Schlesser
- 14 h 30 – 14 h 50 : Lire la « Correspondance » en ethnologue ? – Noël Barbe, chercheur au IIAC-Laboratoire d’anthropologie et d’histoire sur l’institution de la culture (CNRS/EHESS)
- 14 h 50 – 15 h 10 : Affinités électives ou stratégie de carrière ? Courbet et l’art allemand – France Nerlich, professeure d’histoire de l’art contemporain, InTRu, Université François-Rabelais, Tours
- 15 h 10 – 15 h 30 : Un drôle de paroissien, athéisme et anticléricalisme de Courbet exprimés dans sa correspondance – Thierry Savatier, historien de l’art
15 h 30 – 16 h 00 : Pause – Discussion
- 16 h 00 – 16 h 20 : Clinique des variations de l’humeur chez Gustave Courbet à la lecture de sa correspondance – Arnaud Portier, psychiatre, praticien hôpital d’Argenteuil
- 16 h 20 – 16 h 40 : « Un fouillis inextricable ». « L’Atelier » de Courbet : de l’écriture à la peinture – Isolde Pludermacher, conservateur, musée d’Orsay
16 h 40 – 17 h 00 : Discussion
Ce colloque a été rendu possible grâce à la participation de :
– Musée d’Orsay ;
– Centre Georges Chevrier, UMR 7366 CNRS – Université de Bourgogne Franche-Comté ;
– Conseil régional Bourgogne Franche-Comté ;
– Fondation Hartung-Bergman.