29 Août

Les pêcheurs de l’Ain mécontents du lâcher d’eau à Vouglans

La rivière Ain victime d'eutrophisation.

La rivière Ain victime d’eutrophisation.

C’est connu. Entre les pêcheurs et EDF, les relations ne sont pas toujours au beau fixe. Si des accords semblent avoir été trouvés pour les barrages sur le Doubs franco-suisse, la situation semblerait plus tendue à l’aval du barrage de Vouglans dans le Haut-Jura. Malgré des réunions préalables entre pêcheurs, scientifiques, services de l’Etat et EDF, les préconisations des défenseurs des rivières ne semblent pas avoir été suivies cet été. Un nouveau lâcher d’eau est prévu sur la rivière d’Ain à partir du barrage de Vouglans à compter du mardi 30 août 2016 à 01h00. L’objectif affiché est le même que lors du lâcher de la semaine dernière : lutter contre la prolifération d’algues sur le bassin versant de l’Ain favorisée par la canicule et le faible étiage.

En période estivale, les lâchers d’eau sur l’Ain sont utiles à plusieurs titres : baisse de la température de l’eau et lutte contre la prolifération des algues. L’an dernier, l’accord avec EDF avait été satisfaisant  selon Nikola Mandic, vice président de la fédération de pêche de l’Ain (débit de 100 m3/s pendant 2 heures qui implique une variation de cote du lac de Vouglans de 10 à 12 centimètres) mais, cette année, les pêcheurs de l’Ain sont en colère. La fédération de pêche de l’Ain et les trois sociétés de pêche du secteur estiment qu’ EDF et les pouvoirs publics ont pris des « demi-mesures qui ne règlent en rien les problèmes de prolifération des algues et de températures de l’eau trop élevées pour les salmonidés ».

Selon les pêcheurs, au lieu des 28m3/s sur trois jours préconisés par les représentants des pêcheurs, EDF a lâché de l’eau du barrage de Vouglans  42m3/s pendant 12 heures le samedi 27 août. Joint par téléphone, le délégué eau-territoire-environnement d’Edf pour l’Ain et le Jura, Gérald Ramos, maintient le choix de 42m3/s comme étant plus efficace pour baisser la température de l’eau que celui préconisé par les pêcheurs. « C’est un désaccord de méthodologie » précise-t-il. Les premières mesures de températures font état d’une baisse des pics : de 23,2° vendredi, l’eau de l’Ain est passée à 22,4° samedi après le lâcher. D’où le renouvellement de l’opération cette nuit.

Selon le communiqué de la préfecture du Jura, publié ce lundi après-midi, ce second lâcher d’eau devrait permettre d’arracher les algues des cailloux dans le lit de la rivière.

« Ces lâchers d’eau porteront progressivement le débit à l’aval du barrage d’Allement de 12,3 m3/s à un maximum de 50 m3/s. Ils engendreront une augmentation du niveau de l’eau sur la rivière d’Ain à l’aval de Vouglans de l’ordre d’une trentaine de centimètres et surtout une augmentation des vitesses d’écoulement suffisante pour arracher les algues. Le niveau du plan d’eau de Vouglans diminuera pour sa part d’environ 50 centimètres. »

Ces décisions sont prises par « une cellule d’alerte » composée des différents partenaires du Jura et de l’Ain qui interviennent sur la rivière d’Ain. Les pêcheurs sont satisfaits du maintien des 12.3m3 en sortie d’Allement mais doute des effets sur la température de la rivière. Quant à la prolifération des algues, selon les pêcheurs, un débit de 100m3/s comme l’an dernier aurait été nécessaire. Gérald Ramos n’est pas opposé à cette proposition. Elle pourrait être discutée lors de la prochaine réunion d’alerte prévue, comme chaque semaine, le jeudi. « Idéalement, il faudrait prendre dans l’instant des décisions en fonction des évolutions constatées sur le terrain mais il s’agit d’une gestion concertée sur deux départements » admet Gérald Ramos.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr

Voici le reportage de mes confrères de France3 Alpes :


Lâchers d’eau dans la rivière d’Ain