22 Avr

Réactions et indignations sur le Doubs franco-suisse

Des larves de truites coincées dans une frayère asséchée.

Des larves de truites coincées dans une frayère asséchée.

Le week-end pascal n’a pas été très réjouissant pour les pécheurs de la Franco-Suisse. Ils sont rentrés chez eux avec des photos une fois de plus affligeantes.

Nous vous en parlions dès hier soir dans l‘article sur la mobilisation pour sauver les rivières franc-comtoises. Cet après-midi, l’association de pêche a publié un communiqué précisant que

« Alors que la situation du Doubs au niveau des mortalités de poissons adultes est très inquiétante, des centaines d’ombres  agonisent, juste après leur période de reproduction, sur les bordures du Doubs Franco-Suisse dans la région de Goumois.

 Nous assistons, en complément de ces mortalités, à des destructions massives d’invertébrés et de frayères de salmonidés. Les autorités ayant donné dernièrement un message pas très optimiste et pas très clair sur la gestion de l’eau par les retenues de barrages, en privilégiant la production électrique, à la préservation de la biodiversité, prenant du même coup à contre-pied  les protecteurs du Doubs.

Malgré, les nombreux messages d’alertes des gestionnaires de la pêche, le chatelôt, sans tenir compte d’un printemps qui s’annonçait  sec, a complétement vidé, pour des raisons économiques et juridiques, son lac de retenue obligeant le Refrain à fermer en partie son usine et diminuer le débit du Doubs de manière drastique en pleine période sensible de reproduction des salmonidés et d’éclosions d’alevins.

Le bilan est catastrophique sur la faune, cette baisse de débit ayant tué une quantité inestimable d’œufs, d’alevins d’ombres et de truites ainsi que des millions d’invertébrés pris au piège sur des gravières asséchées.

Christian TRIBOULET, le président de l’AAPPMA « La Franco-suisse » est très inquiet pour l’avenir du Doubs. Il a demandé que les autorités prennent en compte de manière plus formelle et quelque-soit les conditions hydrologiques, la gestion d’un débit de base suffisant pour assurer de manière efficace la période de reproduction des salmonidés. Il invite les élus et le conseil général du Doubs à lui apporter leurs soutiens pour que les avancées obtenues ces dernières années ne soient pas hypothéquées, par ce genre d’incident, pendant cette période cruciale du développement de la vie aquatique. Il est très important que ces dispositions soient actées dans le prochain règlement d’eau prévu fin 2014. »

D’autres photos ont été publiées sur le blog de l’association de pêche La Franco-Suisse. Contacté ce mercredi, EDF a expliqué que des mesures ont justement été prises pour éviter l’assèchement du cours d’eau. Des mesures visiblement insuffisantes. En concertation avec la DREAL, EDF a voulu anticiper les baisses importantes d’hyrdoélectricité prévisibles en raison du manque d’eau actuel. « Le débit a été réduit à 3.60 m3/seconde au Refrain pour éviter d’épuiser le stock d’eau. Si il n’y avait pas eu cette modification, explique EDF aujourd’hui on serait à sec à l’aval du Refrain. » Quelques heures après le communiqué des pêcheurs, Claude Jeannerot, le président du conseil généra du Doubs a réagi à cette déclaration. Voici son communiqué :

« Il y a deux semaines se tenaient les assises de la Loue et rivières comtoises au Fort Griffon à Besançon. Organisées par l’Etat et le Département et en présence de la Région, ces rencontres avaient permis de faire un bilan scientifique de la situation et de dérouler concrètement un plan d’action porté par l’ensemble des acteurs (État, Collectivités, Agence de l’eau, Chambre d’agriculture, syndicats mixtes) en faveur de nos cours d’eau. Je ne peux donc que regretter le nouveau constat de mortalité piscicole dressé ce week-end par les associations environnementales en aval du barrage du Refrain, de surcroît en pleine période de reproduction des salmonidés !
Elle pose une nouvelle fois la question de la gestion raisonnée des débits sur l’ensemble du Doubs par ses divers utilisateurs, dont tout particulièrement les usines de production hydroélectrique.
Si des accords économiques existent sur le Doubs Franco-Suisse pour la production d’électricité, ils doivent veiller à intégrer, et tout particulièrement en période de basses eaux, la préservation de la faune et de la flore qui font la richesse et l’attractivité de notre département.
Actuellement, nous constatons une baisse très rapide du niveau du Doubs, alors que cette situation se rencontre normalement pendant l’été. C’est lors de ces évènements que nous devons faire la preuve, dans la gestion au quotidien de la rivière, de la prise en compte de l’ensemble des facteurs, industriels comme naturels….la situation vécue cette semaine montre que nous n’y sommes pas encore parvenus.
Les producteurs d’électricité ont par exemple décidé de fermer partiellement les vannes du barrage d’Oye-et-Pallet pour conserver de la réserve dans le lac de Saint Point afin d’assurer, dans la période à venir, un débit d’étiage dans le Doubs à l’aval. Faut-il une telle décision sur le Refrain ?
Cette question, et les enjeux qui y sont liés mettent en évidence l’importance d’une gouvernance renforcée et partagée de tous les acteurs. La mise en place d’un syndicat unique allant des sources du Doubs jusqu’à Villers-le-Lac, que j’appelle une nouvelle fois de mes voeux, est plus que jamais un élément essentiel ! Nous devons le mettre en place dans les délais les plus brefs pour le bon aboutissement de nos actions en faveur de nos cours d’eau. »

J’ai choisi de publier dans leur intégralité ces deux communiqués. Ces nouvelles mortalités de poissons, cette fois-ci dues à la gestion des barrages sur le Doubs franco-suisse, pose de nouveau la question des priorités que j’évoquais dans l’article rédigé à l’issue des assises de la Loue et des rivières comtoises« .