C’est sans doute l’événement culturel de l’été prochain : « L’Origine du monde » va être au centre de l’exposition du Musée Courbet d’ Ornans du 7 juin au 1er septembre 2014. Le musée construit son exposition estivale autour du célèbre tableau de l’enfant du pays Gustave Courbet. « Cet obscur objet de désirs, autour de L’Origine du monde « prend comme thème la représentation du sexe féminin des origines à nos jours ». Le tableau a déjà été exposé à Ornans en 1991.
Fin janvier, le président du conseil général du Doubs, Claude Jeannerot signera une convention de partenariat avec le musée d’Orsay qui « fera du Musée d’Ornans une filiale d’Orsay avec tous les avantages qui y sont attachés ».
L’idée de cette exposition a été formulée en septembre 2011 lors du colloque « Les transferts de Courbet » à Besançon. A cette exposition, le président du conseil général du Doubs, Claude Jeannerot, prenait la parole et précisait :
« J’ai eu la curiosité , avec Frédérique Thomas-Maurin, la conservatrice du musée, de regarder attentivement les livres d’or-nous en sommes au troisième ! Que disent ces visiteurs? (…) Il y a un troisième type de remarques (…) Il s’agit d’une déception, une déception générale, et non anecdotique : c’est celle de ne pas avoir vu L’Origine du monde ni même entrevu son évocation. Et du coup, cette absence de L’Origine du monde devient, pour les visiteurs, assourdissante. Ils en tirent la conclusion que si nous n’avions pas voulu l’évoquer c’est que nous-même nous voulions le leur cacher ! Il faut, il me semble, que nous réfléchissions à la demande formulée par le public ».
Le public sera donc exaucé cet été ! Depuis un an, les visiteurs ont déjà la possibilité de se familiariser avec une copie de l’oeuvre, mais rien ne vaut l’originale… Cet été, le public pourra aussi admirer des statuettes préhistoriques, des planches anatomiques de la renaissance, des oeuvres d’artistes contemporains comme Fontana ou André Raffray. L’interprétation symbolique du sexe féminin avec la représentation des entrées de grotte, des sources ou même d’un coquillage (pastel d’Odilon Redon) est également prévue.
C’est la seconde fois que le tableau « L’Origine du monde » sera présenté à Ornans. La première fois, c’était en 1991. Jean -jacques Fernier, le conservateur du musée Courbet de l’époque avait réussi à convaincre le psychanalyste Jacques Lacan et sa femme Sylvia Bataille les derniers propriétaires privés de ce tableau, de se séparer de leur trésor le temps de l’exposition « Les Yeux les plus secrets » – André Masson chez Gustave Courbet ».
Voici le reportage tourné par les confrères de l’époque :
1991 : L’Origine du monde exposée à Ornans
Cette exposition est très attendue car ce qui est vrai pour les oeuvres d’art, l’est encore plus pour ce tableau peint en 1866 par Gustave Courbet. Il faut le voir en vrai, une photo ne peut traduire le sens de cette toile.
« En supprimant d’un trait génial le visage de ce corps, Courbet a brisé l’effet pornographique pour atteindre à l’universel du symbole, renouant du même coup avec le goût romantique du fragment »
écrivait l’historienne de l’art et spécialiste de Courbet Michèle Haddad dans le catalogue de cette exposition de 1991. Depuis 1995, ce tableau appartient à l’Etat, cédé par dation au moment de la succession Lacan-Bataille. Il aurait pu avoir une autre destinée , écrit Thierry Savatier auteur de « L’origine du Monde, histoire d’un tableau de Gustave Courbet » :
« il semble que, de son vivant, Sylvia eût souhaité que l’oeuvre fût conservée à Ornans. Jean-Jacques Fernier l’indiqua dans un article :
« Sylvia nous avait ensuite, au cours de plusieurs visites, assurés que l’oeuvre qui lui appartenait irait à Ornans; elle disparut. L’oeuvre vient d’être acquise par l’Etat, en dation de droits de succession. Il est donc normal -bien qu’Ornans soit bien chagrin de ne pouvoir offrir ce chef d’oeuvre à ses visiteurs dont le nombre aurait d’un coup décuplé- qu’il soit dans le célèbre musée d’Orsay. Secrètement, nous espérons pourvoir l’accueillir le temps d’une exposition de nouveau, dans l’environnement familier de la source de la Loue, dont il est la plus belle métaphore » ».
Jean-Jacques Fernier qui, en février dernier, annonçait avoir retrouvé « le visage » ayant servi de modèle à « L’Origine du monde ». Une théorie réfutée par d’autres spécialistes de Courbet.
Ce tableau, l’un des plus célèbres de l’histoire de l’art, partira ensuite pour les cimaises de la Fondation Beyeler le temps d’une exposition consacrée à Gustave Courbet du 7 septembre 2014 au 18 janvier 2015. 2014 sera une « saison Courbet » chez nos voisins suisses avec deux expositions, l’une à Bâle et l’autre au musée d’art et d’histoire de Genève (5 septembre 2014-4 janvier 2015).
Isabelle Brunnarius
POUR SUIVRE L’ACTUALITE AUTOUR DE GUSTAVE COURBET ET DE LA VALLEE DE LA LOUE :
-La page spéciale du site de France 3 Franche-Comté
-Le blog de la vallée de la Loue et des rivières comtoises