MAESTRO – Pour sa 23e édition, les Victoires de la musique classique étaient organisé à la Halle aux grains, à Toulouse. Retransmis en direct sur France 3 et France Musique, la réalisation d’une telle émission est véritable défi en terme d’organisation. Coulisses d’un show réglé comme du papier à musique.
En 2008 déjà, la Halle aux grains accueillait la cérémonie des Victoires de la musique classique. Pour la seconde fois, cette 23e édition promettait plus de deux heure trente de musique avec neuf invités tout aussi prestigieux les uns que les autres. Autre temps fort, la remise des trophées divisée en sept prix. Dans la catégorie « victoire soliste instrumental », deux toulousains étaient nommé: Bertrand Chamayou et Adam Laloum.
Pour organiser un tel événement, la logistique et les moyens humains sont colossaux. Plusieurs jours avant le direct, il faut installer le décor, ajuster les projecteurs, tirer les câbles pour les caméras et le son. A gauche de la salle, une grue télescopique est posée sur un rail pour la caméra. Elle doit réaliser en matière de prises de vues des plongées totales et travellings. La veille de la cérémonie, l’organisation des Victoires de la musique classe a veillé à faire entrer caméras et appareils photos de la presse locale durant les répétitions artistiques. Un moyen de communication utile pour rappeler aux toulousains que l’événement est retransmis à la télévision ainsi qu’à la radio. Pour animer cette émission, un duo de stars. Claire Chazal et Frédéric Lodéon, animateur radio sur France Musique. Pour l’ex-présentatrice vedette du journal télévisé sur TF1, c’est un exercice nouveau dans un domaine -la musique classique- qu’elle semble plus aimer que maîtriser.
Claire Chazal et Frédéric Lodéon durant les répétitions, la veille du direct.
C’est à l’occasion des répétitions que Tugan Sokhiev et Claire Chazal font connaissance. L’ex-présentatrice du JT lui expliquera, entre-autres, qu’elle a quelques notions de langue russe.
Tenues de gala
Mercredi 24 février, après les ultimes répétitions en fin d’après-midi, c’est l’effervescence dans les coulisses. Le ballet de personnes est incessant et malgré parfois l’impression de cohue, tout est organisé. Chaque personne a son rôle précis dans le dispositif. Artistes, musiciens, techniciens, assistants, personnel de production… Une organisation réglée comme du papier à musique. Il est même possible de se faire repasser une chemise ou un pantalon. Au sous-sol, un dédale de couloirs qui mène aux loges. Dans une grande salle, qui se trouve être en-dessous de la scène, les maquilleuses et coiffeurs s’affairent sur les invités et les artistes qui passeront à l’écran. Dans les salles jouxtant la pièce principale, des vestiaires où les musiciens de l’orchestre du capitole de Toulouse revêtent leur costume traditionnel. Une heure avant le début de l’émission, certains jouent de leur instrument en guise d’échauffement. D’autres encore patientent sur des canapés devant un écran de télévision qui sera le « retour » son et image.
La soprano russe Olga Peretyatko pendant la séance de coiffure.
Pour se protéger du spray de coiffure, la soprano se masque le nez tout en relisant sa partition de chant.
Après être passé par les mains expertes des maquilleurs et des coiffeurs, il faut s’habiller. Chacune porte une robe digne d’une princesse, il est impossible de passer inaperçu. C’est une ambiance de conte de fées ou de gala chez l’ambassadeur. Le smoking est aussi de rigueur pour les messieurs.
L’heure approche, les musiciens de l’orchestre regagnent la scène pour l’installation. Toujours dans les coulisses, les premiers artistes laissent la place aux autres dont la mezzo-soprano Karine Deshayes qui va passer au moins quarante-cinq minutes à se faire coiffer. C’est le souci du détail. C’est Olga Peretyatko qui assurera la première prestation lyrique. Sur le « retour », on entend une version taillée pour un générique télé du Boléro de Maurice Ravel joué par l’orchestre du Capitole. C’est parti pour plus de deux heures trente de show musical. Ensemble noir et chemise bleue foncée, le pianiste toulousain Adam Laloum qui concoure, face à Bertrand Chamayou et Magali Mosnier, pour la victoire de « soliste instrumental » est en train de faire les cents pas. Voire les milles pas tant il est possible de lire avec clarté sur son visage du stress. Dans les coulisses, une personne prête un jugement sur le pianiste. Il est considéré comme « un peu le stagiaire » face à Bertrand Chamayou qui a déjà récolté trois prix aux précédentes éditions des Victoires.
Après la prestation de la soprano russe, Olga Peretyatko revient en coulisse et engage la conversation -en anglais- avec le ténor américain Charles Castronovo. La tension redescend pour l’artiste lyrique et s’offre un souffle en ouvrant une bouteille de champagne conservée dans un mini-bar. Là, Camille Berthollet, violoniste et violoncelliste, se prépare avant son passage. C’est en remportant le prix « Prodige de l’année 2014 » qu’elle se fait connaitre du grand public. Dans le cadre du prix de la « révélation soliste instrumental », elle doit jouer l’emblématique musique du film La Liste de Schindler.
Sur la scène dans la Halle aux grains, les artistes se succèdent et une standing ovation est faite à Menahem Pressler après une prestation attentivement suivie par le le jeune Julian Trevelyan, lui-aussi pianiste, âgé de 17 ans. Pour « ses 70 ans de carrière », le nonagénaire allemand -qui se déplace en fauteuil roulant- reçoit une « Victoire d’honneur » des mains de Claire Chazal.
Avec 1,6 million de téléspectateurs sur France 3, c’est le meilleur score enregistré depuis 2013 pour les Victoires de la musique classique. Prochain rendez-vous musical, celui de la Fête de la musique qui sera retransmis en direct sur France 2 depuis la place du Capitole à Toulouse. Une émission présentée par le chanteur Garou.
Pendant les répétions du mardi 23 février.
Claire Chazal pendant la conférence de presse de présentation de la 23e édition des Victoires.
La mezzo-soprano Karine Deshayes lors des répétitions.
Le jeune pianiste Julian Trevelyan écoutant avec attention la prestation de Menahem Pressler.