31 Mar

Du rire aux larmes

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VENT DEBOUT – A Toulouse, la nouvelle journée de mobilisation contre le projet de loi de réforme du code du travail a rassemblé entre 20.000 manifestants selon les autorités et 100.000 personnes pour les organisations syndicales. Plusieurs lycées toulousains étaient bloqués. En fin de manifestation, huit individus ont été interpellés puis placés en garde-à-vue.

Le soleil n’est pas encore levé mais déjà plus d’une trentaine d’élèves est debout et enthousiaste. Vers 7h15, au lycée Saint-Sernin, toutes les entrées de l’établissement sont bloquées ou font l’objet d’un barrage filtrant. À l’extérieur, le personnel de direction inspecte les activités des manifestants. Dans une rue parallèle à l’entrée principale, plusieurs lycéens laissent passer « les prépas » et les professeurs. L’un d’eux laisse transparaitre sur son visage un regard de mépris.  En désaccord avec une opinion d’un manifestant, une femme du personnel réplique avec une réponse aussi incisive que mesurée. « C’est de la graine de dictateur [ce jeune homme] ! ». À quelques mètres de là, un jeune homme à visage découvert doit se plier à une injonction de « retirer [sa] capuche », en vain.

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Au moment de la sonnerie, les retardataires arrivent encore un peu interloqués par la situation. Au micro, des lycéens prennent la parole et la sono crache quelques tubes de la parfaite manifestation. Rendez-vous est donné à 10h30 sous l’arche Marengo. Saint-Sernin n’est pas le seul établissement bloqué, l’entrée du lycée privé Sainte-Marie situé à 400 mètres à vol d’oiseau est elle aussi bloquée. De même pour Sciences-Po.

En haut des allées Jean-Jaurès, les policiers casqués de bandes bleues et ceux de la BAC sont prêts. Quant aux organisations syndicales, elles réalisent les premiers tests sons depuis leurs camions respectifs. Vers 11h, le cortège s’élance. Il y a des salariés, retraités et des chômeurs. En fin de cortège, une masse compacte de jeunes lycéens et étudiants propage d’une seule voix sa colère. Certains ont d’ailleurs pris le stylo pour poser sur des cartons des slogans aussi drôles les uns que les autres. Sur les allées, il y a beaucoup de monde et sous l’œil attentif des policiers, les jeunes manifestants devront attendre plus d’une heure trente pour atteindre les boulevards de la ville.  L’ambiance est aux rires, aux chants et même à la danse. Là, un groupe de comédiens s’invite comme des supporters de la loi El-Khomri. L’un d’eux tient dans ses mains une pancarte « De toute façon, vous êtes de droite ». À 12h40, les confrères de France bleu Toulouse évoquent le chiffre de 25.000 manifestants « selon les sources policières ».

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Après avoir parcouru les artères de la Ville rose, le cortège s’éparpille sur la place Saint-Cyprien. Il persiste encore 2 à 300 manifestants dont certains sont assis. Moins de vingt minutes après l’arrivée des manifestants, un commissaire de police se saisit d’un mégaphone pour la traditionnelle annonce de sommations avant le « recours à la force » pour la dispersion. Les manifestants sont calmes. Ce sont les gendarmes mobiles qui tirent au cougar les grenades lacrymogènes. En quelques secondes, la place est entièrement imprégnée d’un épais brouillard de « lacrymo ». La visibilité est nulle à plus de trente mètres. On passe du rire aux larmes. Le groupe de manifestants assis est copieusement aspergé de gazeuse lacrymogène par un gendarme mobile. A ce même moment, des projectiles comme des bouteilles vides en verre ou encore des cailloux sont envoyés en direction des CRS et gendarmes mobiles. Les forces de l’ordre chargent et à nouveau les militaires envoient dans les airs quatre grenades lacrymogènes. Les manifestants sont chassés vers le quartier de la Patte d’Oie. Huit personnes sont interpellées et placées en garde-à-vue fait savoir la préfecture par communiqué. A cela, deux confrères journalistes ont été matraqués dont l’un, Maxime Reynié, écope de trois points de suture au niveau du crâne.

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Avec 20.000 manifestants selon la police, contre 100.000 d’après les organisations syndicales ; les médias toulousains s’accordent sur le chiffre de 50.000 participants pour cette journée de mobilisation. C’est la manifestation la plus importante à Toulouse depuis le début de la contestation.