ÉCRAN NOIR – Ce vendredi 3 juillet 2015, TLT la plus vieille télévision locale de France sera très probablement mise en liquidation judiciaire. A quelques jours du verdict, les couloirs de la chaîne sont désertés et les salariés désemparés.
Aux larges vitres de la chaîne locale, des affiches « Non à la liquidation de TLT » ou encore « Baudis m’a créée, Moudenc m’a tuée » sont scotchées. En ce lundi après-midi, la température est étouffante dans les locaux de TLT. Pour trouver de la fraicheur, il faut se réfugier sur le plateau TV constamment climatisée à cause de la chaleur émise par les projeteurs. « Voilà », lance laconiquement Alain, JRI, lorsque nous entrons dans le studio en cours de démantèlement. Il y a encore une poignée de techniciens, quelques journalistes et deux monteurs qui assurent le service minimum. Dans les couloirs, la motivation des salariés n’y est plus. Comme assommé, le personnel est dépité par la fin inévitable et chacun est inquiet pour son avenir professionnel. Alain Saurat, l’un des JRI de TLT, a déjà plus de vingt années de service dans la télé locale. Il espère décrocher des piges, au mieux un contrat dans une « boîte de prod », sinon, il songe « à changer carrément de métier ».
Dans la salle des archives, plusieurs milliers de cassettes entreposées. « Tiens, dans cette cassette, un reportage de lorsqu’on envoyait des journalistes pendant la guerre de Macédoine ». Au sol, un carton éventré et des cassettes éparpillées. « La dernière fois, j’ai cherché pendant deux heures une cassette contenant un documentaire de 52 minutes sur les derniers jours de l’ex-prison Saint-Michel, je ne l’ai pas retrouvé », se rappelle Alain.
Dans la salle de « postprod », Samuel, journaliste sportif, jette un œil aux livres qu’il a reçu. A ses côtés, Marie lui demande ce qu’il pense faire de tous ces bouquins de presse. « Si tu en as sur le rugby, je suis preneuse ». Là, un ouvrage de Nikola Karabatic, La Victoire et l’honneur. « Celui-là je le garde juste pour le souvenir. Il est sorti au moment de la révélation des soupçons des matchs truqués », explique Samuel.
Vendredi 26 juin, c’était le dernier JT de la chaine locale réalisé sur la place du Capitole. « Jean-Luc Moudenc a vu notre table TLT mais il ne s’est pas arrêté, il a tracé », a constaté un salarié. Ce vendredi 3 juillet, le tribunal de commerce va très probablement prononcer la mise en liquidation judiciaire de la plus ancienne télévision locale en France.