En évoquant le terme « d’omerta », le président de la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Alain Rousset a laché, dans une interview à nos confrères du Populaire du Centre, une nouvelle accusation à l’encontre de l’ex-direction administrative et politique de l’ancienne région Poitou-Charentes.
Cette allusion à un système mafieu qui imposerait « la loi du silence » pour cacher ses vices, s’ajoute aux critiques cinglantes depuis trois semaines, sur la mauvaise gestion de l’ancienne présidente Ségolène Royal : surendettement à haut-risque, dépenses excessives et investissements désordonnés.
Curieusement, ce requisitoire rappelle les critiques de Jean-François Fountaine, en février 2008, lors de sa rupture soudaine et définitive avec Ségolène Royal. A l’époque, celui qui est, justement, premier vice-président chargé des finances est brutalement démis de sa délégation pour avoir vainement tenté de prendre la parole en séance plénière consacrée au vote du budget. Jean-François Fountaine est alors favorable à l’instauration de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) afin d’augmenter les ressources régionales, sans avoir recours à l’emprunt. Ségolène Royal y est totalement opposée estimant qu’elle ne doit pas « pénaliser davantage les habitants de la région déjà très éprouvés par la politique du président Sarkozy ».
Avec cette décision, l’ex-région Poitou-Charentes fait le choix de faire économiser à chaque automobiliste, 2 à 3 centimes d’euros par litre de carburant, et elle se prive de recettes fiscales estimées, fin 2015, par Jean-François Macaire lui-même, à près de 50 millions d’euros par an. En près de huit ans, ce sont donc plusieurs centaines de millions d’euros qui ont été « sacrifiés » par la région sur l’autel du pouvoir d’achat de ses habitants.
Au plan politique, cette rupture définitive entre Ségolène Royal et Jean-François Fountaine est le tremblement de terre qui conduit aux tsunamis des législatives de 2012 et des municipales de 2014.
Les « dérives » que dénoncent aujourd’hui, Alain Rousset sont directement liées à ce choix, et elles donnent ainsi, rétrospectivement, raison à l’élu rochelais. De là, à imaginer qu’il serait l’inspirateur de ces critiques, il n’y a qu’un pas, que les turpitudes socialistes rochelaises autorisent à franchir.
Car, depuis son intervention remarquée, lors des dernières universités d’été du PS, en août dernier, Jean-François Fountaine n’a pas ménagé son soutien à Alain Rousset. Le maire de La Rochelle était d’ailleurs à Bordeaux, le 4 janvier dernier, pour assister à l’élection du nouveau président. Les deux hommes partagent la même inclinaison et la même vision du monde de l’entreprise, et surtout la même antipathie personnelle pour Ségolène Royal.
Jean-François Fountaine peut donc savourer sa victoire totale. Lui et ses proches ont été élus à la mairie, et Olivier Falorni à l’Assemblée avec le retentissement que l’on connait. Et, Alain Rousset est en train de « piétiner » le testament politique de Ségolène Royal à la région, transformant le « territoire laboratoire » en modèle de gabegie financière.