C’est une déclaration inattendue à presque quatre ans des prochaines municipales. L’ancienne ministre, députée de la 2ème circonscription de la Gironde, évoque aujourd’hui sur son blog sa possible candidature aux élections municipales de 2020 à Bordeaux. Âgée de 69 ans, elle estime « que l’âge ne doit être jamais une barrière, moins encore un sujet de discrimination ».
C’est la publication d’un article de nos confrères de Sud-Ouest, évoquant l’absence de « candidat sérieux » pour le PS à Bordeaux qui a provoqué cette réaction de Michèle Delaunay. Celle qui occupe, aujourd’hui, l’un des cinq sièges de l’opposition socialiste au conseil municipal, figurait en 2014, en 2ème position sur la liste de Vincent Feltesse (22,6% des voix), largement devancée par celle d’Alain Juppé (60,9%). Dans ce billet, elle définit ce qu’est un candidat sérieux : « un candidat qui a des chances d’être élu, dans les circonstances du moment, avec le bagage qui est le sien, son adéquation aux attentes des électeurs et au terrain concerné ». Et ce n’est pas, poursuit-elle, « aux médias de décerner ce brevet (…). Deux sont légitimes, les électeurs, et le vote du parti de l’éventuel candidat ». Elle rappelle, d’ailleurs, qu’elle s’est « exprimée contre la distribution de fiefs et de titres à laquelle s’est adonné Alain Juppé ».
Concernant sa propre candidature, Michèle Delaunay rappelle qu’elle ne se sentait pas, jusque là concernée, car elle « pensait qu’il fallait avoir l’objectif de deux mandats pour se porter candidat ». Mais dit-elle, avec ironie, « Alain Juppé de dix-huit mois mon aîné, m’a appris que je devais mieux m’appliquer ce que j’ai professé avec beaucoup de foi dans les deux années de mon Ministère ». Considérant que la politique doit « reproduire les équilibres de la société », elle affirme « l’âgisme est une stupidité ».
Et cela conduit donc Michèle Delaunay à cette déclaration fracassante : « Fortement, clairement, SERIEUSEMENT, j’exprime que si je juge en avoir la force et l’envie, que si je pense comme aujourd’hui être une candidate sérieuse, ayant des chances sérieuses elles aussi de pouvoir réaliser ce sur quoi je m’engagerai, je serai candidate en 2020 à l’élection municipale de Bordeaux ».
Difficile, ce soir, de mesurer, au delà de l’expression d’humeur évidente, la réalité des intentions de celle qui avait fait sensation en 2007, en battant Alain Juppé, pourtant n°2 du gouvernement, aux élections législatives, provoquant son départ du gouvernement, et qui avait aussi en 2004 arraché à la droite, après 45 ans, le canton de Bordeaux 2. Car avant de penser aux municipales, Michèle Delaunay devra choisir de briguer ou pas un nouveau mandat à l’assemblée.
Mais au fond, le but de cette déclaration est peut être avant tout de combler un vide, face à la progression fulgurante de Virginie Calmels. Michèle Delaunay se place désormais directement, frontalement, sur la route de la « dauphine » d’Alain Juppé, à la fois, sans le dire, sur le terrain des législatives et, en le disant haut et fort, surtout sur celui des municipales.