16 Mar

Finances de l’ex-région Poitou-Charentes : riposte syndicale contre Alain Rousset et nouvelles révélations

La crise politique provoquée par la révélation des « dérives » financières de l’ex-région Poitou-Charentes n’en finit plus de connaître de nouveaux rebondissements. Alain Rousset a lui-même allumé un incendie, qui semble aujourd’hui lui échapper. D’abord, l’intersyndicale des agents de Poitiers a adressé, ce mercredi, une lettre ouverte au président de la grande région, au lendemain de ses déclarations tonitruantes sur « l’omerta » qui régnait au sein de l’ancienne région Poitou-Charentes. Ensuite, plusieurs élus d’opposition annoncent de nouvelles difficultés financières, notamment des retards de paiement en direction des communes. Enfin, la séance plénière consacrée au débat d’orientation budgétaire est reportée de 10 jours et fixée au mercredi 13 avril, « l’exécutif ne disposant pas de tous les éléments des services supports », et elle s’annonce particulièrement difficile.

Les syndicats CFDT, FSU, CGT, FA-FPT, UNSA et FO ont adressé une lettre ouverte à Alain Rousset et un communiqué à la presse, où ils s’interrogent sur « l’importance et la pertinence du dialogue social dans cette nouvelle région ». Ils ajoutent que « les agents de Poitiers ne doivent plus être pointés du doigt face aux déboires financiers du conseil régional de Poitou-Charentes » et ils refusent que les fonctionnaires soient « désignés comme responsables des choix des élus ». Il faut rappeler qu’Alain Rousset a remercié le directeur général des services et le directeur financier de l’ex-région et placé à Poitiers, son directeur général adjoint, Alexandre Piton.

« Ça suffit ! »

L’intersyndicale souligne que les agents poitevins « assistent effarés, impuissants et silencieux au déferlement quasi quotidien de « révélations » et de mises en cause de l’institution qu’ils ont servie et qu’ils continuent de servir ». Le communiqué dénonce aussi « les commentaires insidieux, les remarques équivoques, le doigt pointé et la stigmatisation ». Et les syndicats prennent la défense de ces agents « qui ne cessent de faire face aux administrés, aux fournisseurs et partenaires de la région non payés durant des mois sans explication » et doivent affronter « la pression soudaine de tout payer, les accusations, et insultes qu’ils reçoivent ». Et par cette lettre ouverte, l’intersyndicale demande à Alain Rousset d’y mettre un terme, écrivant : « ça suffit ! ».

Face à cette réaction syndicale, le président du groupe socialiste au conseil régional, Stéphane Delpeyrat a lancé un appel au calme, sur son compte Twitter.

Les regrets d’Alain Rousset

A nos confrères de Sud-Ouest, ce jeudi, Alain Rousset exprime ses regrets d’avoir parlé « d’omerta ». Il reconnait avoir commis un dérapage verbal : « Jean-François Macaire m’a appelé et j’ai reconnu que ce mot allait au-delà de ce que je voulais exprimer ». Alain Rousset précise donc sa pensée : « il y avait trois ou quatre personnes qui bloquaient l’accès au dossier, la région avait engagé des dépenses énormes en octobre dernier en se disant que, de toute manière, c’est l’Aquitaine qui paierait ».

Des impayés pour les communes

De son côté, l’opposition cherche où manquent les dizaines de millions d’impayés de l’ex-Poitou-Charentes. Et après, la découverte des factures en souffrance des entreprises du bâtiment, il est maintenant question de retards de versement des aides aux communes, selon la conseillère régionale d’opposition de Charente-Maritime, Sally Chadjaa.

Selon La Nouvelle République de la Vienne, l’ex-région devrait ainsi 72.500 euros à la communauté d’agglomération de Chatellerault, présidée par Jean-Pierre Abelin, le père de la conseillère régionale UDI de la Vienne, Véronique Abelin, à l’origine des premières révélations.

De son côté, le nouveau président de la commission des finances, l’élu de la Vienne LR, Olivier Chartier a évoqué samedi dans l’émission « La voix est libre » sur France 3 Poitou-Charentes, de nouvelles difficultés financières à venir, avec l’absence de provisionnement par la région des sommes nécessaires à la liquidation des cautions engagées dans des investissements industriels ratés.

Le « bordel » de Ségolène Royal

Enfin, la NR de la Vienne a publié un article le 13 mars, qui conteste les propos d’Alain Rousset sur son ignorance de la situation. En 2014, en plein débat sur la réforme territoriale, il aurait déclaré, en off à des journalistes, de ne pas vouloir « récupérer le bordel de Ségolène Royal ». S’il ne connaissait pas le détail de la situation, Alain Rousset avait donc une idée assez précise de ce qui l’attendait et qu’il s’est bien gardé d’évoquer pendant toute la campagne électorale.