L’ancien président de la région Poitou-Charentes a publié, ce mercredi 24 février, un bref communiqué pour annoncer sa décision de « prendre le temps nécessaire à l’analyse de la situation » et sa conviction « de n’avoir commis aucune faute » après la révélation par Alain Rousset des problèmes financiers de l’ex-région Poitou-Charentes. Il affirme n’avoir « pas eu connaissance de l’ampleur du décalage des paiements » de 132 millions d’euros. Ayant remis sa délégation de vice-président aux finances, il annonce aussi « renoncer à percevoir l’indemnité relative à cette fonction ». Il conclut en soulignant « le moment particulièrement difficile » qu’il traverse. Agé de 59 ans, Jean-François Macaire se retrouve au cœur d’une tourmente médiatique et politique sans précédent dans son parcours, marqué par la loyauté et la discrétion, d’abord aux côtés de Jacques Santrot à la mairie de Poitiers, puis de Ségolène Royal à la région.
« Jean-François Macaire, l’anti bling-bling », ce titre de nos confrères de la Nouvelle-République en avril 2014, lors de l’élection de Jean-François Macaire à la présidence de la région Poitou-Charentes, résume la personnalité d’un homme simple, discret et lucide sur ses propres ambitions. Mais aujourd’hui, il faudrait plutôt écrire « Jean-François Macaire, l’anti-Rousset », tant cette crise révèle les profondes différences de parcours, de personnalité et de tempérament entre les deux hommes. Jean-François Macaire n’a jamais trahi, ni cherché à nuire pour conquérir le pouvoir. Homme de l’ombre, plus technicien que politicien, il parait aujourd’hui démuni pour gérer une mise en cause aussi violente de ses compétences et de sa probité.
Jean-François Macaire est né le 8 juin 1956 à Poitiers, une ville qu’il n’a jamais quittée et où il a effectué tout son parcours professionnel et politique. Dernier d’une fratrie de 6 enfants, il grandit dans une famille catholique et fréquente les scouts. Etudiant à la faculté de sciences éco, il adhère à 18 ans à peine au PSU et milite comme syndicaliste étudiant. A 25 ans, il est recruté comme rédacteur à la mairie de Poitiers, dirigée par Jacques Santrot. Progressivement, il gravit les échelons au service de son premier mentor, d’abord comme directeur de la communication en 1990, puis comme directeur de cabinet à partir de 1997. Parallèlement, il rejoint le Parti Socialiste et c’est donc logiquement qu’en 2001, il est élu pour la première fois, conseiller municipal de Poitiers. Chargé du logement, il préside pendant 13 ans, les organismes de logements sociaux.
Loyal à Royal
Devenu premier secrétaire du PS de la Vienne en 2002, il s’engage, un an plus tard, aux côtés de Ségolène Royal dans la conquête de la région Poitou-Charentes. Cette rencontre est une « révélation » et le début d’une loyauté indéfectible. Malgré le caractère difficile de sa nouvelle « égérie », il devient à ses côtés vice-président en charge de l’économie de 2004 à 2010, puis 1er vice-président chargé de la croissance verte, lors du second mandat. En avril 2014, à l’occasion du retour de Ségolène Royal, au gouvernement, il lui succède logiquement à la présidence. A ce moment là, il renonce à se représenter aux municipales et quitte la tête de la fédération du PS, pour ne pas cumuler.
Les conseillers régionaux, qui ont travaillé avec lui, soulignent à l’image de la socialiste Françoise Mesnard, « un homme honnête et scrupuleux ». L’écologiste Françoise Coutant se dit « humainement triste pour un élu profondément honnête ». L’ancien premier vice-président chargé des finances, Yves Debien, maire de Melle, explique lui que ces retards de paiements sont simplement le résultat « de l’arrêt technique des paiements imposés par la fusion des trois régions ».
Ségolène Royal a, elle aussi exprimé sa colère face à ces accusations. Mais en déplacement à l’étranger, d’abord à Bonn lundi, puis en Afrique depuis mardi, dans le cadre de l’application du programme de la COP 21, la ministre de l’écologie n’a pas pu commenter davantage la situation. Elle sera donc très attendue, dimanche 28 février à midi sur France 3, dans le 12/13 de Françis Letellier.
Alain Rousset aurait donc tort de croire que la crise, qu’il a lui même provoquée, est passée. Il faut toujours se méfier quand « le cave se rebiffe », et pour reprendre l’une des répliques de Michel Audiard :« faire confiance aux honnêtes gens est le seul vrai risque des professions aventureuses ».