Alain Rousset a eu beau s’en défendre, ce lundi 22 février, lors de sa conférence de presse, et affirmer qu’il n’avait pas d’esprit de « vengeance » envers Ségolène Royal et Jean-François Macaire, son coup médiatique ressemble fort à la dernière étape d’une opération de « nettoyage » des proches de Ségolène Royal, tant au plan politique au travers de Jean-François Macaire, qu’au plan administratif avec le départ passé inaperçu début janvier de François Scarbonchi, le directeur général des services de l’ex-région Poitou-Charentes.
La garde rapprochée de Royal
Pour comprendre, comment Jean-François Macaire peut aujourd’hui se retrouver dans une telle tourmente, il faut remonter le temps et revenir en 2004, au moment de l’élection de Ségolène Royal à la tête de la région Poitou-Charentes. La présidente s’entoure alors d’une garde rapprochée composée de trois hommes : Jean-Luc Fulachier, directeur général des services, énarque, ancien directeur de cabinet de Ségolène Royal au ministère de la famille de 2000 à 2002, et ancien proche collaborateur de Dominique Strauss-Kahn à Bercy, Daniel Barillot, lui aussi ancien membre des cabinets ministériels de Royal, directeur général adjoint chargé notamment de l’économie et François Scarbonchi, directeur général adjoint chargé des finances et des ressources humaines. Pour la petite histoire, mais le détail a peut être son importance, François Scarbonchi a travaillé à la communauté urbaine de Bordeaux, six mois avant l’élection à la présidence d’Alain Rousset.
Ces trois hommes pilotent le navire régional et sont tous impliqués dans la gestion financière pendant près de 10 ans. Jean-Luc Fulachier est un bourreau de travail et un fidèle inébranlable et inconditionnel de Ségolène Royal. Tout passe par lui, il est la clé de voûte de l’équilibre politique et financier de la région. Mais, en septembre 2013, il quitte la région et rejoint la cour des comptes comme conseiller maître. Début avril 2014, il est brièvement nommé comme premier directeur de cabinet de Ségolène Royal, au ministère de l’écologie, avant de laisser sa place, au bout de trois semaines à Elisabeth Borne, l’ancienne préfète de la région Poitou-Charentes. Il est alors nommé, conseiller de la ministre en charge de la croissante verte et il l’est toujours aujourd’hui.
Départs en série
Le départ de Jean-Luc Fulachier est un coup dur. Il est remplacé par Daniel Barillot au poste de directeur général des services en septembre 2013. Mais ce dernier se retrouve, très vite, seul aux commandes en juin 2014, quant François Scarbonchi, est appelé à son tour à rejoindre la ministre, comme chef de cabinet.
L’équipe de direction administrative, aux côtés de Jean-François Macaire, devenu président s’est donc brutalement beaucoup affaiblie. Et pour certains, c’est là que se trouve les raisons de la crise actuelle. Car en septembre 2014, Daniel Barillot part à la retraite, et François Scarbonchi revient à Poitiers pour le remplacer comme DGS, seul « survivant » du trio initial.
Dans les colonnes de La Nouvelle République, l’ancien président du CESER du Poitou-Charentes, Pierre Guénant affirme que « Jean-François Macaire a été mal entouré ».
Dès le 9 janvier, soit moins d’une semaine après son élection à la présidence de la grande région, Alain Rousset met fin aux fonctions de Mr Scarbonchi, sans explication. Cette semaine, il remercie également le directeur adjoint des services et directeur des finances, Daniel Parizot, rendu responsable des difficultés financières actuelles et d’un manque de transparence vis à vis de sa nouvelle tutelle.
Un Piton « planté dans le dos »
L’ex-région Poitou Charentes a, entre temps, été reprise en main par Alexandre Piton, recruté en juin 2015, par Alain Rousset comme directeur général adjoint chargé de la fusion. Ce haut fonctionnaire a un parcours singulier, qui lui vaut le surnom de patineur énarque : ancien sportif de haut niveau, membre de l’équipe de France de danse sur glace, vice-champion de France, passé ensuite par la direction d’Eurosport, avant d’être diplômé de l’ENA, puis directeur de cabinet du préfet de Saône-et-Loire, François Philizot, et enfin, directeur général adjoint à la mairie de Lyon, puis de Nice.
Difficile, donc aujourd’hui, de croire que la réaction d’Alain Rousset ne serait qu’un simple « coup de colère ». Tout laisse à penser, qu’il y a là, une prise de contrôle, administrative et politique de l’ex-Poitou-Charentes. Parmi les 600 agents du Conseil Régional à Poitiers, certains craignent que « la chasse aux sorcières » ne fasse que commencer.