L’hypothèse d’un remaniement ministériel d’ici le 15 février se confirme, et selon les informations publiées par Paris Match, ce mercredi 03 février et reprises par de nombreux médias, Ségolène Royal a accepté de devenir Ministre des Affaires étrangères, en remplacement de Laurent Fabius pressenti pour la présidence du Conseil Constitutionnel. Elle accéderait ainsi, dans l’ordre protocolaire, au poste de numéro 2 du gouvernement, juste derrière le Premier Ministre Manuel Valls.
L’heure de la grande revanche semble donc avoir sonné pour Ségolène Royal, depuis sa défaite face à Nicolas Sarkozy en 2007. Que de chemin parcouru depuis les larmes de 2011 après la défaite lors de la primaire socialiste pour la présidentielle. Effacé le tweet assassin de Valérie Trierweiler en juin 2012, sur le port de La Rochelle, en pleine conférence de presse aux côtés de Martine Aubry pendant la campagne des élections législatives. Remisé aux oubliettes des mauvais souvenirs, ce soir de défaite dans les jardins du musée de La Rochelle, aux cotés de Maxime Bono, devant des journalistes guettant le moindre faux pas, alors que le « traître Falorni » savourait sa victoire et que s’envolait l’ambition d’accéder à la présidence de l’Assemblée Nationale. Balayé, ce déjeuner de presse de décembre 2012, où l’ancienne candidate à la présidentielle, devait se contenter de petites phrases aux journalistes locaux, évoquant sa place sur le « banc de touche ». Volatilisés, ces innombrables articles sur son retour « possible », « probable », « impossible », jusqu’à son entrée au gouvernement en avril 2014, au Ministère de l’écologie, accompagné de nombreuses questions sur sa capacité à être « Valls compatible ».
La preuve est faite que Ségolène Royal est un monument politique. Ceux qui l’ont rencontrée ont toujours été frappés par son volontarisme, et elle est sur le point de se retrouver aujourd’hui, là où elle imaginait sa place : représentante de la France dans un monde en crise, plus que jamais confronté au terrorisme, figure d’une certaine idée de la gauche, dans un gouvernement de combat pour préparer la présidentielle, et à nouveau, et plus que jamais, soutien indéfectible, de celui qui apprenait dans une brasserie de Tulle, un soir d’élection, qu’il n’était plus l’homme de sa vie.
Segolène Royal s’apprète donc à accéder au plus prestigieux des ministères, parce qu’elle a su, servir loyalement depuis bientôt deux ans, la politique de François Hollande, réussissant la COP 21, et faisant adopter deux lois sur la transition énergétique et la biodiversité. A l’image de la jeune députée des Deux-Sèvres qu’elle était lors de son élection audacieuse en 1988, où de la Présidente du Conseil Régional de Poitou-Charentes pendant 10 ans qui a transformé son territoire en laboratoire, Ségolène Royal ose, innove, construit, et réussit le plus souvent, même si parfois, sa détermination relève de l’entêtement comme son soutien à la voiture électrique MIA, finalement démantelée à Cerizay.
Ségolène Royal et François Hollande pourraient donc se retrouver ensemble sur la scène internationale, devant les puissants de ce monde. Ils seraient aussi ensemble pour partager l’expérience de la campagne présidentielle, et préparer la stratégie de 2017.
A 62 ans, et alors que la vie politique réserve tant de surprises, qui sait ce que Ségolène Royal peut encore accomplir ?