C’est un coup de tonnerre politique et financier dans le ciel bleu de la mise en place de la nouvelle grande région, révélé ce dimanche 21 février par nos confrères du Parisien. Le président Alain Rousset dénonce les « dérives » du budget de l’ancienne région Poitou-Charentes et évoque 132 millions d’euros d’impayés, « 62 millions en investissement et 70 millions en fonctionnement ». Il pointe ainsi du doigt la responsabilité de Jean-François Macaire, président sortant du Poitou-Charentes et s’interroge ouvertement sur sa capacité à exercer sa délégation de vice-président chargé des finances.
La région Poitou-Charentes, dirigée pendant 10 ans par Ségolène Royal, puis par Jean-François Macaire, depuis 2014, a visiblement vécu au dessus de ses moyens, « cela existe dans les collectivités qui ont parfois les yeux plus grands que le ventre », explique Alain Rousset. Le dernier budget 2015, de 755 millions d’euros, pourtant présenté comme un « budget de maitrise des dépenses », a dérapé, selon Alain Rousset qui détaille, ce lundi matin, dans la Nouvelle République, la situation découverte par ses services. Il s’agit de paiements reportés d’une année sur l’autre, « des factures en attente de règlement ». Le président de la région ALPC a, immédiatement, engagé le règlement de ces sommes et 46 millions d’euros ont déjà été payés et le reste le sera « dans deux ou trois semaines ». Alain Rousset évoque également 130 millions d’euros d’emprunts qui pourraient s’avérer toxiques, comme l’explique France 3 Aquitaine. Le président a donc décidé de relever de ses fonctions le directeur des finances de Poitou-Charentes, et il se demande si Jean-François Macaire « était totalement au courant ».
Car au plan politique, cette révélation remet en cause le poste de vice-président chargé des finances attribué le 04 janvier dernier à Jean-François Macaire. Alain Rousset refuse pour l’instant de se prononcer sur son avenir à ce poste, mais il annonce « je prendrai mes responsabilités » s’il refuse de se démettre. De son côté, Jean-François Macaire « assume la responsabilité » de cette situation, dans un entretien à Centre-Presse. Il affirme qu’il « manquait d’informations » et se déclare « surpris par l’ampleur des décalages de paiement, qui n’avait jamais posé de problème ».
Alain Rousset réunit, ce lundi midi à déjeuner, l’ensemble de ses vice-présidents, avant la tenue de la commission permanente et il doit tenir une conférence de presse en fin d’après-midi. Mais déjà, l’opposition s’en donne à cœur joie pour dénoncer la mauvaise gestion de Ségolène Royal.
Dérives que nous avons dénoncé à de multiples reprises ! Nous avions demandé un audit à Mme Royal. En vain. L’Audit doit être indépendant
— Olivier Chartier (@OlivierChartier) 21 Février 2016
Je comprends mieux l’intérêt de @RoyalSegolene et de @JFMacaire pour l’Hermione: en Poitou-Charentes c’était la faillite nous voilà !’
— Dominique Bussereau (@Dbussereau) 22 Février 2016
A travers cette crise financière, Alain Rousset met en cause, la gestion de Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes pendant 10 ans (2004-2014). Notre confrère « 20 Minutes Bordeaux » rappelle les relations conflictuelles entre les deux barons socialistes, autrefois adversaires pour la présidence de l’Association des Régions de France, ou encore pour un poste ministériel, ou enfin sur le financement de la LGV Tours-Bordeaux. Certains verront donc une forme de revanche dans cette mise au point financière, même si Alain Rousset rappelle que la ministre de l’Ecologie depuis 2014 « n’était plus présidente depuis un moment ».
Concernant les conséquences à plus long terme, le politologue poitevin Dominique Breillat indique, à France 3 Poitou-Charentes, qu’Alain Rousset va, désormais, disposer d’une « autorité supplémentaire » et qu’il va pouvoir justifier d’éventuelles économies dans les dépenses de la grande région, sur le territoire du Poitou-Charentes.