Par Laurent Lataste, rédacteur en chef adjoint France 3 Aquitaine
Candidat par 3 fois à la magistrature suprême (2002,2007,2012), François Bayrou garde toujours en ligne de mire l’élection présidentielle de 2017. Même s’il claironne depuis plusieurs mois qu’il soutiendra Alain Juppé, si le maire de Bordeaux remporte la primaire des Républicains, le leader du Modem élabore un projet pour la France.
Car l’éventualité d’une victoire de Nicolas Sarkozy n’est pas à exclure, et face à l’ancien président de la République François Bayrou pense avoir toute sa place dans le débat. Le maire de Pau en est persuadé, Nicolas Sarkozy est trop à droite et trop clivant pour rassembler le centre derrière son nom. Une voie s’ouvrirait donc vers l’Elysée pour un candidat centriste.
Mais comment exister lors de cette année 2016 sans élection et où tous les projecteurs seront braqués sur les primaires ? Difficile d’être audible alors que les Français semblent préférer, et de loin, Alain Juppé. Depuis quelques semaines François Bayrou instille ses propositions : réformer l’éducation pour donner sa chance à tous, changer les mentalités et donner le goût du risque aux travailleurs et aux entrepreneurs. Et bien entendu réformer la vie politique et le pouvoir des partis devenu selon lui excessif. Autant d’idées déjà entendues lors des précédentes campagnes présidentielles, mais François Bayrou en est convaincu, si les Français l’ont rejeté lors des précédents scrutins présidentiels, ils sont désormais prêts à l’entendre et pourquoi pas à lui offrir la magistrature suprême.
Mais cette candidature présente de nombreux écueils. Le premier, et non le moindre, est le risque de disperser les voix à droite et de voir qualifier le candidat de gauche face au Front National. Le second est plus d’ordre interne au Modem, François Bayrou s’il bénéficie d’une bonne côte de popularité a peu de soutiens de poids et les couloirs du parti centriste sont aujourd’hui particulièrement désertés. Sans réels soutiens, ni réseaux, difficile de se lancer dans une campagne couteuse qui pourrait signer la ruine financière de son parti.
Dans onze mois, la page de la primaire sera tournée et François Bayrou se décidera. Sera-t-il aux côtés d’Alain Juppé ou l’opposant de Nicolas Sarkozy ? Se lancera t-il pour la quatrième fois dans cette course folle de la présidentielle ou soutiendra t-il le maire de Bordeaux ? Qui peut dire aujourd’hui ce qu’il préférerait ?
Certes Alain Juppé est son ami mais il n’est pas évident non plus de renoncer à ce que l’on pense être son destin. Il est toujours difficile de ne pas céder aux sirènes de l’Elysée.