Une des photos de la série : « La ville noire » de l’Italien Giovanni Troilo, accusé d’avoir eu recours à la mise en scène pour son sujet. L’homme sur l’image est le patron d’un bar de Charleroi. © Giovanni Troilo
C’était un moment attendu de cette édition de Visa pour l’image. Jean-François Leroy face à Lars Boering, Visa face à World Press. Deux visions du photojournalisme se sont exprimées ce jeudi matin, au cours d’un débat courtois mais animé au Palais des Congrès. L’absence de prix World Press au festival perpignanais cette année ? « Ce n’est pas simplement l’histoire du reportage de Troilo sur Charleroi qui a motivé mon choix. Cela fait plusieurs années que le World Press Photo of the year n’en est plus un », explique Jean-François Leroy.
C’est la première fois que tous deux débattent autour de la polémique suscitée par le retrait du prestigieux prix de photojournalisme à l’Italien Giovanni Troilo, accusé de manipulation et distorsion de la réalité. Le directeur de Visa pour l’image a refusé d’accueillir l’exposition à Perpignan.
Jean-François Leroy reproche avant tout au World Press de ne plus faire la part belle à l’actualité : « Pour moi, la photo de l’année aurait dû traiter de ce qui se passe avec Ebola, Daech. L’actualité ne se déroulait pas dans la chambre d’un homosexuel russe ». La foule rigole, Lars Boering encaisse.
Lorsque le directeur de Visa vante « le classicisme » des photographes exposés à Visa, Boering revendique une vision plus ouverte du photojournalisme : « La photo a changé et elle aura encore changé quand on aura 70 ans. Le World Press doit refléter cette évolution ».
Le directeur général de l’organisation, basée à Amsterdam, a fait part de son vœu « de revenir à Visa l’année prochaine ». Jean-François Leroy ne ferme pas la porte : « On serait très heureux de vous accueillir à nouveau (…) Il faut arrêter la course à la création de catégories. Pourquoi vouloir toujours réinventer le photojournalisme ? » Lars Boering évoque sa lassitude « face à la controverse ». « Les règles de notre prix vont changer en 2016. Il y aura bientôt une seule catégorie au World Press Photo, sur un projet à long terme », promet-il.
Alors, World Press de retour à Perpignan l’an prochain ? « Une collaboration devrait être possible », espère Lars Boering. La salle applaudit. Les deux hommes s’étreignent. Les flashs crépitent. Réconciliés ?
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