02 Sep

Visa Off : des visiteurs, peu de consommateurs

Rémi Bonatre tient "L'olivier", rue du Castillet. © Vincent Danet

Rémi Bonatre tient « L’olivier », rue du Castillet. © Vincent Danet

Dix-neuf ans que la photo amateur investit Perpignan pour le festival Off de Visa pour l’image. Jusqu’au 14 septembre, 84 expositions font vivre le centre-ville dans 79 lieux plus ou moins insolites. Les commerçants les accueillent volontiers, alors que leur impact économique est limité.

« Nous avons reçu les photos dans une grosse valise », explique Nicolas Kolvic, qui donne parfois un coup de main à sa compagne, à la tête du restaurant Le Sud, rue Louis-Bausil. « Évidemment, il y a eu de la casse… » Pour cet habitué du festival Off, cette année est un peu particulière. L’auteur des photos exposées, Olivier Zolger, ne s’est pas déplacé. En 2013, Le Sud avait exposé un travail sur Cuba, pour lequel le photographe s’était alors beaucoup investi.

Au-delà du Off et de Visa, le couple de restaurateurs est un habitué des vernissages et de la promotion des artistes locaux. Peintures, photos et même sculptures ornent souvent les murs et la cour du restaurant méditerranéen. « Nous avons enlevé notre déco habituelle pour placer les photos de l’auteur », précise Nicolas. A l’entrée, le drapeau vert du Off identifie clairement le lieu comme étape du festival.

A L'Olivier, rue du Castillet, Rémy Bonatre accueille "Mimétisme", un travail d'Antoine Biron.

A L’Olivier, rue du Castillet, Rémy Bonatre accueille « Mimétisme », un travail d’Antoine Biron.

 

« Les gens entrent, regardent, mais ils ne s’assoient pas forcément », observe Rémy Bonatre, qui tient le café-snack L’Olivier, rue du Castillet. Comme au Sud, ce Perpignanais fait aussi partie du grand tour du centre-ville en 79 étapes. « Les organisateurs du Off sont venus manger, on a discuté et ils m’ont proposé de participer. » C’est une première pour Rémy : « J’en avais parlé avec des collègues, mais ils me disaient que ça n’attirait pas forcément de monde. »

Adieu les cartes bleues qui chauffent

C’est la Chambre de commerce et d’industrie de Perpignan qui propose une exposition aux commerçants. Au Café de la Poste, place de Verdun, aucune photo d’amateurs sur les murs. « On vient de rouvrir après travaux, plaide Maricke Vila, la gérante. On n’était pas en mesure de participer. » Pour autant, ce haut lieu des soirées de Visa ne l’a jamais fait… « On voulait en revanche pouvoir diffuser des photos du In sur nos grands écrans, mais l’idée a été refusée par monsieur Leroy », directeur artistique du festival.

Pour les galeries temporaires du Off, l’enjeu de Visa pour l’image, ce sont surtout les dizaines de milliers de visiteurs – 220 000 en 2013 – et plusieurs milliers de participants et accrédités. « Il y a encore cinq, six ans, Paris Match, Getty, l’AFP ou Canon faisaient chauffer les cartes “Black” en soirée », se rappelle Nicolas Kolvic. Ces quatre dernières années, ce temps béni est révolu. « Aujourd’hui, les mêmes appellent pour connaître le prix des menus. »

Vincent DANET