03 Sep

Visa, pour l’image

Le festival Visa pour l'image se tient à Perpignan jusqu'au 21 septembre 2012.

Depuis samedi et pendant trois semaines, le photojournalisme prend ses quartiers à Perpignan. La 24e édition du festival Visa pour l’image tente de présenter une vision fidèle du métier.

« Le photojournalisme n’est pas mort » : c’est l’incantation favorite de Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image, pour déjouer le mauvais sort. Il la martèle depuis la création du festival, en 1989. Il défend coûte que coûte cette profession face à une situation qu’il juge « pas brillante ».

Les agences photo disparaissent une à une. Dans les rédactions, les photographes ne sont plus remplacés, voire licenciés. Les journalistes sont obligés de devenir polyvalents : sur le terrain, en plus d’écrire leurs articles, ils doivent photographier et filmer.

Les photos d’actualité disparaissent et les magazines se refusent à financer des sujets « au long cours » : ils leur préfèrent des photos d’illustration passe-partout, trouvées dans des banques de données. Et pourtant, le public est demandeur de photos d’actualité. Comme le prouve le récent succès du magazine 6 mois, vendu à 45 000 exemplaires dès son premier numéro.

Dans le même temps, le nombre de festivals explose : les Rencontres d’Arles, les Promenades photographiques de Vendôme, les Photaumnales de Beauvais, Photomed… En 2011, Visa pour l’image a attiré 210 000 visiteurs à Perpignan. Pas facile pour les 1 156  professionnels de trouver leur place, entre les difficultés des médias et l’envie du public.

Visa, lui, tente de satisfaire cette envie avec, cette année, 27 expositions ouvertes au grand public jusqu’au 16 septembre. Le chaos au Nigeria photographié par Bénédicte Kurzen, les rennes et les Saami d’Erika Larsen ou encore les révolutionnaires du monde arabe, l’actualité côtoie les sujets magazine. Diversité des thématiques, diversité des continents : à Visa, le photojournalisme n’est pas un mais multiple.

La Syrie tient, bien sûr, une place de choix. Si une seule exposition lui est consacrée (celle de Mani), elle est au cœur du festival. Le prix décerné par la ville de Perpignan aux jeunes reporters a été rebaptisé Prix Rémi Ochlik, du nom du jeune photoreporter tué à Homs en février dernier. Ses confrères, Gilles Jacquier, Marie Colvin et Mika Yamamoto, tous assassinés cette année en Syrie, sont dans tous les esprits.

Une exposition, c’est peu. Vendredi, la projection quotidienne reviendra sur la Syrie, avec des photos de 1920 à aujourd’hui. D’autres retours en images sont proposés, en soirée, jusqu’au 8 septembre, dans la cour du Campo Santo.

Trois semaines de festival, dont une réservée aux scolaires du 17 au 21 septembre, des expositions entièrement gratuites et dix prix décernés d’un montant total de 147 000 euros en 2012 (soit près de 15% de l’ensemble des dotations décernées au niveau mondial, selon les organisateurs du festival). Le photojournalisme a, à Perpignan, la place qu’il mérite.


Visa pour l’image 2012 : les expositions à… par visaesj2012

Texte : Fanny Hardy et Violaine Gargala
Diaporama vidéo : Solange van der Zwaag, Camille Peter et Benoît Califano