03 Sep

La photo du jour : « Soupe au scalp de rennes »

Ayant découvert les carcasses de deux rennes femelles, Sven Skaltje a prélevéˆ leurs bois emmêlés et les a nettoyés en les faisant bouillir pour les garder en souvenir. (Crédit photo : Erika Larsen / Redux Pictures)

Chaque jour du festival Visa pour l’image, les clients d’un bistrot ou d’un restaurant perpignanais découvrent et commentent une des photographies exposées à travers la ville. Légende insolite…

Oumeya, 21 ans, et Anis, 17 ans, déjeunent au Peace’n love, rue de la Fusterie. Le menu du jour est végétarien. Et la photo du jour, comment est-elle ?

– « On voit pas de viande, au moins ? Parce que c’est végétarien ici, faudrait pas écœurer la jeune fille, elle n’a pas encore fini son assiette ! », s’inquiète la serveuse.

Oumeya et Anis avancent le menton au-dessus de leur assiette, collent le nez à la photo. Ils froncent les sourcils, se consultent du regard, perplexes.

– « C’est des bois de rennes, non ? », ose enfin Anis.

– « Oui, on dirait bien ça, des bois de rennes dans un bol », répète Oumeya.

Anis se redresse et se gratte le front, toujours pas convaincu.

– « C’est une soupe aux bois de rennes », tente-t-il de nouveau.

– « Mais on dirait que ça cuit. »

– « Ça cuit ? »

Oumeya et Anis sont dubitatifs devant le cliché d'Erika Larsen. (Crédit photo : Giulia De Meulemeester)

– « Ben regarde, y’a de la mousse et c’est sur une plaque de gaz. »

– « Ah oui, c’est ça, c’est en train de bouillir. »

– « Mais, c’est bizarre que les bois tiennent tous seuls. »

– « Il doit y avoir la tête encore, mais on ne la voit pas, elle est dans le bouillon. »

– « Tu crois qu’il y a le reste en-dessous ? »

– « En fait, ils ont dû découper le haut de la tête, ils ont juste gardé le scalp du renne pour pouvoir le poser dans la casserole », suggère Anis en faisant le tour de son crâne avec le bout du doigt. L’hypothèse fait tilt.

– « Ah ! Mais attends, c’est pas l’expo sur les Saami ? Tu sais les éleveurs de rennes, on s’est même dit qu’on irait. »

Bingo ! C’est bien le travail d’Erika Larsen sur les Saami, « ces gens qui marchent avec les rennes », exposé au couvent Sainte Claire.

Giulia De Meulemeester

Découvrez le site d’Erika Larsen.