10 Avr

Revoir l’émission « Ma région, ça me regarde » : Pollutions au long cours

Si vous n’avez pas eu le temps de regarder notre émission du samedi 7 avril sur france 3 Franche-Comté, voici deux liens ( première partie et seconde partie ) pour la regarder car cette émission est en deux parties.
Mon confrère Jérémy Chevreuil avait invité Nicolas Germain, pêcheur, blogueur et auteur d’un DVD sur les mauvaises états de santé des rivières de la région. A ses côtés, Jean-François Robert, président du comité des sages et Daniel Prieur, président de la chambre agriculture du Doubs.

« Information, formation et pourquoi pas répression » c’est le triptyque souhaité par le président du comité des sages même si il reconnaît qu’il n’y a pas assez de personnel pour verbaliser. Le plus surprenant pour ce comité des sages est sans doute la découverte des actions des uns et des autres. Visiblement l’information n’ a pas forcément circulé entre tous les acteurs qui agissent sur le bassin versant de la Loue. Car des actions sont bien entreprises, de l’argent engagé mais les pêcheurs ne voient pas la qualité de la rivière s’améliorer.

Nouvelle réunion du comité des sages Loue et Rivières Comtoises

Pour la seconde fois, les « sages » se sont retrouvés jeudi 5 avril en préfecture à Besançon. Autour d’une même table, les uns et les autres n’ont pas les mêmes priorités mais, maintenant, ils discutent ensemble. C’est un premier pas. Tout l’enjeu de ce comité des sages est d’arriver à faire travailler ensemble des mondes qui s’ignorent ou s’invectivent. Le président du comité des sages, Jean-François Robert regrette l’absence de réflexion globale, chacun travaillant encore dans son coin. Les experts ont remis leur rapport, une synthèse des données existantes mais il faudra aller plus loin pour comprendre exactement ce qui se passe dans la rivière.

La composition du comité des Sages Loue et rivières comtoises, source : préfecture de région Franche-Comté

La Loue va mal depuis une trentaine d’années et il aura fallu la forte mortalité de 2010 pour que tous les acteurs du bassin versant se retrouvent ensemble. Les 17 membres du comité sont des représentants des services spécialisés de l’Etat, des industriels, des élus, des scientifiques, des agriculteurs, des représentants des associations environnementales  mais curieusement la fédération de pêche n’est pas représentée.

Michel Lassus, membre de la Commission de protection des eaux, « ne voit pas trop le bout du tunnel ». Il reconnaît que des efforts ont été faits mais beaucoup reste à faire. En particulier pour les stations d’épurations. En cas de crues, les eaux usées sont déversées sans être traitées. Finalement, c’est toujours le même sentiment qu’il y a beaucoup à faire et qu’il reste de nombreuses incertitudes. Par exemple, il est actuellement impossible de mesurer l’impact de l’activité des scieries du bassin versant sur la qualité de l’eau. Certaines grumes, explique François Lassus, sont traitées sur place en forêt…

Daniel Prieur, le président de la chambre d’agriculture, lui, est plus optimiste. En 2010, les agriculteurs ont mal vécu le fait d’être montrés du doigt lors de la mortalité des poissons sur la Loue. Des efforts ont été réalisés avec le soutien de l’agence de l’eau et du conseil général du Jura. Aujourd’hui, 65% des exploitations du bassin versant sont aux normes pour la gestion des effluents. Et pourtant, les épandages en période interdite existent toujours même si cela ne concerne que quelques exploitations. Dans les mois qui viennent, le  développement de la filière porcine avec l’installation de nouvelles porcheries va forcément ouvrir le débat. Comment concilier le développement économique et la préservation de l’environnement. Les lieux d’implantation seront étudiés de très près et il faudra choisir des techniques d’élevage compatibles avec la qualité des sols et donc des rivières… Daniel Prieur rappelle qu’il y a 20 ans, il n’y avait aucune discussion possible entre agriculteurs et défenseurs de l’environnement. Aujourd’hui, ils discutent ensemble même si cela peut virer au dialogue de sourd.

Jean-François Humbert

Jean-François Humbert, président du groupe national d'experts du comité des sages Loue et rivières comtoises.

Je réserve le mot de la fin à Jean-François Humbert. Ce Franc-comtois d’origine a présidé le groupe national d’experts qui s’est penché sur la Loue. C’est un spécialiste des cyanobactéries, son laboratoire est à l’Ecole Nationale Supérieure à Paris. Ce scientifique a travaillé sur le lac du Bourget, victime d’eutrophisation. Des mesures ont été prises pour diminuer le rejet de polluants dans le lac. Aujourd’hui le lac va mieux. Pour la Loue, le scientifique assure que la situation est également réversible. A condition de s’en donner l’énergie et les moyens.

04 Avr

Ma rencontre avec la Bienne, les coulisses d’un tournage.

Ce samedi 31 mars, nous avions décidé en conférence de rédaction de couvrir le premier jour d’interdiction de pêche sur une partie de la Bienne. Ainsi j’allais enfin découvrir cette rivière dont on parle même dans un des magazines américains de pêche. Avec ma consoeur Aline Fontaine, nous cherchions à savoir si cette décision allait avoir des conséquences économiques sur le tourisme dans la région. Premier réflexe, téléphoner  à l’office du tourisme de Saint-Claude.

Premier étonnement. Non, il n’y a pas d’hôtel, de restaurant qui travaillent particulièrement avec les pêcheurs… Impossible de joindre le camping de Saint-Claude, c’est un répondeur. Vous avez dit tourisme halieutique ? Autre coup de fil, cette fois-ci au parc naturel du Haut-Jura.  Christian Bruneel prend le temps de répondre à mes questions. Cette mortalité tombe vraiment mal : le PNR avait justement prévu de commencer à développer cette année le tourisme de pêche avec la fédération des pêcheurs du Jura. Il va falloir encore attendre. Sur le site officiel du tourisme du Jura, il y a bien des offres de séjours dans le département pour une « découverte du cadre sauvage et préservé des rivières du Jura » avec des guides de pêche. Nous avons justement rendez-vous avec l’un d’entre eux. Fabien Millet vient de l’Ain pour pêcher avec ses clients dans le Jura. Mais son territoire de pêche se réduit comme une peau de chagrin.

Nous avons également rendez-vous avec le président de la fédération de pêche du Jura Daniel Vionnet et son vice-président Bernard Schultz. Nous nous retrouvons sur le pont de Lizon, près de Saint-Claude. Et là, je découvre la Bienne ! D’en haut, nous voyons quelques belles truites Fario. Ouf, les beaux spécimens d’au moins 40 centimètres ne sont pas tous morts.

Voilà ces fameux poissons qui font venir les pêcheurs de très loin. Ils sont tellement passionnés qu’ils ne prêtent pas attention aux alentours de la rivière. Moi si ! Je ne pêche pas. Et si je m’intéresse à la Loue c’est parce que cette rivière symbolise la confrontation entre les enjeux environnementaux et économiques. Donc, j’observe autour de la rivière et je ne vois pas grand-chose d’attrayant. La route n’est jamais loin, la rivière est encaissée… Je comprends alors le désarroi des pêcheurs. Ils se sentent seuls. Comment faire comprendre aux collectivités l’importance d’investir pour protéger la Bienne des pollutions multiples dont elle est victime si l’enjeu touristique n’est pas à la hauteur ? La fédération de Pêche du Jura redoute que les financements déjà alloués pour sauver la Loue assèchent ceux auxquels elle voudrait prétendre. Son président nous déclare que le sous-préfet de Saint-Claude va agir pour faire mettre aux normes les stations d’épurations. Mais avec quels moyens ?

27 Mar

La Loue, bon exemple pour comprendre les réseaux karstiques.

Nous vous en parlions il y a quelques semaines, une formation sur le fonctionnement des réseaux karstiques va bien avoir lieu le samedi 14 avril de 10  à 18 heures à la Maison de l’Eau et de la Pêche d’Ornans. C’est gratuit, il suffit de s’inscrire auprès de Catherine Bahl, animatrice du Plateau débat Public (debat.public.mefc@gmail.com)

Cette formation est organisée par le « plateau débat public » de la Maison de l’environnement, elle a pour objectif d’informer,de sensibiliser le grand public à l’importance de la protection des réseaux karstiques pour tenter de préserver la qualité de l’eau en prenant l’exemple de la Loue, victime de plusieurs pollutions. Après une formation théorique le matin, des visites sur le terrain sont prévues l’après-midi.

23 Mar

Interdiction de pêcher dans la Bienne (Jura)

L’AAPPMA La Biennoise souhaite interdire la pêche sur 24 kilomètres, pour une durée indéterminée, à la suite de la forte mortalité de poissons découverte à la mi-mars dans cette rivière jurassienne. Sur son blog, le pêcheur jurassien précise que « les limites du secteur fermé à la pêche sont pour l’amont, la  confluence du Tacon avec la Bienne à St Claude et pour l’aval, la  confluence du Merdançon et la Bienne à Dortan« . Cette décision intervient alors que les analyses réalisées par l’ONEMA sur les poissons morts ne sont toujours pas connues. Aujourd’hui encore, Charles Varenne, le président de l’ AAPPMA, récupère des poissons morts au bord de cette rivière.  Et pourtant, selon l’association de pêche, des pêcheurs continuaient de pêcher et de manger leurs prises. La Biennoise veut également sauvegarder les truites encore bien portantes.

Une nouvelle carte d’orientation des épandages

C’est un nouvel outil qui va être mis à la disposition de tous les habitants de la vallée de la Loue. Depuis 2009, la chambre d’agriculture du Doubs et le conseil général du Doubs mettent au point une nouvelle cartographie des sols du bassin versant de la Loue.  Sur ces cartes communales d’orientation , 2500 dolines, 300 pertes, 250 sources ont déjà été répertoriées, les zones humides sont également localisées. Toutes ces zones sont sensibles et l’épandage d’effluents organiques n’est à priori pas adapté.Les sols sont classés en fonction de leur épaisseur, de leur nature.

Pour réaliser ce travail, les deux instances ont été épaulées par l’association Grape , spécialisée dans l’étude des sols depuis 25 ans (Groupe Régionale Agronomie Pédologie Environnement).  Sur les 121 communes concernées, 42 ont déjà été cartographiées. Tout devrait être fini pour la fin de l’année, les cartes seront consultables par tous en mairie. Les agriculteurs pourront ainsi mieux connaître leur territoire et améliorer l’épandage de leur effluents. Des zones seront proscrites mais tout repose sur la bonne volonté des éleveurs car ces cartes ne sont qu’incitatives.

Les agriculteurs  ne sont pas les seuls concernés par cette cartographie. Les communes pourront s’en servir pour épandre les boues des stations d’épuration. Les industriels, les artisans, les villageois devraient également utiliser cette cartographie pour améliorer leurs pratiques. Dans son rapport présenté mercredi 7 mars à Besançon, le comité des sages rappelle que les origines des pollutions sont multiples.

24 Fév

Sensibilisation et formation aux sols karstiques

Comment fonctionne un sol karstique..ce gruyère de calcaire si particulier au bassin versant de la Loue? Si les réponses à cette question vous intéressent, Franche-Comté Nature Environnement organise le 14 avril une journée de sensibilisation et de formation à la maison de la Pêche à Ornans. Une journée théorique et pratique ouverte à tous.

Le matin, petit cours en salle et l’après-midi sortie sur le terrain avec Michel Lassus, de la commission de protection des eaux, Pascal Reilé, spéléologue et hydrogéologue et Catherine Bahle de Franche Comté Environnement. Direction les sources de la Loue et du Pontet. La particularité des sols karstiques est de laisser filer ce qui pénètre dans le sol comme par exemples les pertes des stations d’épuration. La visite se poursuivra au Creux renal, une ancienne décharge municipale réhabilitée.

21 Fév

Des étudiants à la passe à poissons de Quingey.

Photo : Anne Prochazka.

Rien ne vaut le terrain pour comprendre le fonctionnement d’une passe à poisson. Des étudiants de l’université de Franche-Comté en master II  diagnostic, traitement et aménagement des systèmes aquatiques d’eau douce avaient rendez-vous il y a quelques jours avec Michaël Prochazka, ancien agent de l’ONEMA, pour voir le fonctionnement de ce système qui permet aux poissons de remonter la rivière. France 3 Franche-Comté avait tourné un reportage au moment de l’inauguration de cette passe à poissons qui permet de lutter contre le déclin de l’Apron dans la Loue. Evidemment , la période n’est pas propice à la capture de nombreux poissons puisqu’à cette période de l’année ils se déplacent très peu. L’objectif  pour ces étudiants était plutôt de voir sur place une installation pas si fréquente qui augmente le potentiel de reproduction des espèces. Sur la Loue, les poissons ne bénéficient pas de cette continuité écologique à chaque barrage , certaines ne fonctionnent pas bien, d’autres mieux. Un projet d’ascenseur à poissons est même en cours avec EDF.

Au cours d’une précédente sortie sur le terrain, ces étudiants avaient observer de nuit le fameux Apron. Ces étudiants sont assez recherchés sur le marché du travail. Ils travailleront comme « cadres opérationnels dans les domaines du diagnostic de la qualité des systèmes aquatiques continentaux, de la gestion durable de ces systèmes, du traitement préventif des eaux, des effluents, des sols et des sédiments, de la restauration des sites contaminés. » Un après l’obtention de leur diplôme, plus de 90% d’entre eux ont un travail et certains continuent dans la recherche. Leur formation est pluridisciplinaire. Ils sont chimistes et biologistes. Des compétences recherchées effectivement pour se pencher sur le paradoxe de la Loue.

13 Fév

Le dvd « Les rivières jurassiennes, l’envers du décor » vient de sortir

Il y a un an, France 3 Franche-Comté nous avait déjà parlé de l’initiative du pêcheur et blogueur Nicolas Germain. Maintenant, c’est fait ! Son DVD est désormais disponible. « Les rivières jurassiennes, l’envers du décor » est un film monté à partir des images tournées par des pêcheurs jurassiens. Avec leur téléphone, leur camescope ou leur caméra, ils ont filmé ce qui les scandalise. Au delà des belles images du Jura publiées dans les revues touristiques, les pêcheurs, eux, ont une autre vision des rivières jurassiennes. Elles sont polluées. Dans son introduction, Nicolas Germain explique le but de son travail : Il me semblait important d’apporter par l’image la preuve que l’apparence de nos rivières n’est pas aussi belle que l’on voudrait le croire ». Le pêcheur précise que la Gaule Lédonienne a déposé en  2011 dix plaintes pour pollution sur son cours d’eau.
Le dvd a été sorti à 6000 exemplaires, il est gratuit grâce à une souscription et Nicolas Germain va l’envoyer aux élus de la région. Il encourage aussi les enseignants à se le procurer. Il existe une page facebook spécialement dédiée à ce DVD.