23 Jan

La démocratie, les pêcheurs et le préfet

Truite photographiée par Nicolas Germain

Truite photographiée par Nicolas Germain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le compte à rebours est lancé. Les plus mordus décomptent les jours avant l’ouverture de la pêche en mars prochain. Comme chaque année, ce sont les préfectures qui fixent les conditions de pêche dans chaque département. Depuis la charte de l’environnement de 2004, l’Etat doit consulter le grand public avant de prendre une décision qui a un impact sur un ensemble de personnes dans le domaine de l’environnement.
Vous ne le saviez-pas ? Moi, non plus ! En fait, pour l’instant, seuls les plus concernés donnent leur avis par mail ou par courrier.

Prenons l’exemple des trois arrêtés préfectoraux réglementant l’exercice de la pêche dans le Jura pour 2014. Les internautes ont eu 21 jours pour livrer leurs observations. C’était entre le 13 novembre et le 4 décembre 2013. En ce qui concerne l’arrêté réglementant l’exercice de la pêche, 143 avis ont été exprimés. 66 soutenait le projet d’arrêté, 73 étaient partiellement favorables et 4 défavorables. Les services de l’Etat doivent publier la synthèse des observations et le motif de la décision.Objectif de ce brin de démocratie : « mieux représenter l’intérêt général ». Voilà pour la forme.

Sur le fond, ce processus est intéressant même si il n’est pas encore très connu du grand public

Cette année, l’Etat propose donc une réglementation spécifique dans le Jura avec deux principales nouveautés :

-L’ouverture de la pêche du brochet et du sandre est fixée au 1 er juin pour tout le Jura. 
-La mise en place de parcours no-kill sur les tronçons de l’Ain et de la Bienne ayant subi des épisodes de mortalité depuis 2010.

Ce dernier point a effectivement fait l’objet d’un débat entre pêcheurs. Sur son blog, Nicolas Germain l’avait bien résumé : 

Pour la Bienne: Concernant la Biennoise, l’AAPPMA souhaitait une ouverture avec un quota d’une truite/jour, mais la DDT ont encore une fois répondu non. La Fédération a alors proposé à l’AAPPMA un no-kill sur la totalité du parcours. Bien que le président de l’AAPPMA se soit montré favorable à la proposition, son C-A s’est positionné contre et à la majorité a demandé une ouverture à 3 truites/jour … Résultat des courses, la Fédération a décidé de ne pas suivre l’avis de l’AAPPMA compte tenu du risque de voir tous les efforts de préservation réduits à néants le temps d’une ouverture. La DDT a validé la proposition de la Fédération. (blog de Nicolas Germain)

Donc, les 23 kilomètres du parcours de la Bienne (de l’aval au niveau du barrage d’Etable à Saint-Claude jusqu’à l’aval de Lavancia) après deux ans de fermeture totale à la pêche, cette rivière doit ouvrir en no-kill à partir de cette année .

Et pour la Loue ? 

Pas de changement, l’arrêté préfectoral du Doubs précise que sur la Loue et ses affluents et sous-affluents, de sa source à la confluence avec la Furieuse, la pêche n’est permise qu’avec des hameçons sans ardillon ou des ardillons écrasés. Les truites fario et ombre commun doivent être remis à l’eau. Une décision qui fait quasiment l’unanimité. Le collectif SOS Loue et rivières comtoises avait d’ailleurs écrit au préfet en ce sens et demandait même que la pratique du no-kill soit la règle pendant au moins les trois années à venir. De nombreux autres courriers ont été envoyés en ce sens à la préfecture. Des oppositions au maintien du no-kill existent toutefois dans le secteur de la Haute-Loue.

A noter, que sur le site de  la préfecture du Doubs, il est précisé que l’Etat n’a reçu aucune observation dans la période du 19 novembre au 16 décembre pour ce projet d’arrêté. En fait, il s’agit des avis par internet. Les courriers postaux ont oublié d’être comptabilisés mais leur contenu a bien été pris en compte. Erreur de jeunesse, c’est la première fois que cette consultation du public est mise en place !

Isabelle Brunnarius

isabelle.brunnarius@francetv.fr