17 Fév

L’association Les Nouveaux mécènes de Courbet lance une souscription pour enrichir la collection du musée d’Ornans

Portrait de Juliette par son frère Gustave Courbet.

C’est la première oeuvre que l’association Les Nouveaux Mécènes de Courbet propose d’acquérir par souscription pour enrichir la collection permanente du Musée Courbet d’Ornans. Il s’agit d’un portrait de Juliette, une des soeurs de Courbet. Le tableau est vendu 250 000 euros par son propriétaire actuel.

Le tableau est actuellement exposé à Ornans juste à côté d’un très beau dessin de Juliette conservé au Louvre, dans le cadre de l’exposition temporaire « Courbet, dessinateur ». C’est l’occasion de le regarder de près ! Pour qu’il puisse être définitivement accroché sur les cimaises de l’ancienne maison natale de Gustave Courbet, il faut que l’association Les Nouveaux Mécènes de Courbet réunisse 250 000 euros.

C’est la seconde fois qu’une souscription est lancée pour enrichir les collections du musée d’Ornans. La première a permis d’acheter le Chêne de Flagey, une des oeuvres les plus importantes de la collection du musée d’Ornans. En 2013, le tableau, avait été vendu par un collectionneur japonais 4 millions d’euros. L’acquisition par le musée avait été possible grâce à une souscription et des subventions des collectivités et de l’Etat.
Le conseil général du Doubs avait lancé en mars 2012 cette souscription pour acheter cette oeuvre considérée comme l’autoportrait de Courbet. 1500 donateurs avaient répondu à l’appel en donnant entre 5 et 6000 euros. 

Il y a environ un an, les membres de l’association les Nouveaux Mécènes de Courbet avaient en tête l’acquisition d’un autre tableau de Courbet. Un collectionneur étranger avait l’intention de se séparer d’une oeuvre estimé à environ deux millions d’euros. 

C’est finalement un tableau moins onéreux qui fera l’objet de cette seconde souscription. Son propriétaire actuel l’a acheté lors d’une vente aux enchères dans le Jura en 1987. A ce moment-là, le tableau n’était pas attribué à Gustave Courbet, il était juste mentionné qu’il faisait partie de l’école française du XIXe et avait comme titre « femme de profil ». C’est seulement après la vente que l’heureux collectionneur découvrit que ce tableau avait une dédicace gravée sur le châssis « À ma soeur « . Aujourd’hui, il souhaite s’en séparer mais il aimerait que l’oeuvre de jeunesse de Courbet revienne dans la maison natale du peintre.

Courbet avait une vingtaine d’années lorsqu’il a peint ce portrait de sa soeur. Elle avait douze ans de moins que lui et était la petite dernière après Clarisse, Zoé et Zélie. Le peintre venait d’arriver à Paris, il n’était pas encore célèbre et fréquentait assidûment Le Louvre pour apprendre des maîtres anciens. D’après l’association Les Nouveaux Mécènes de Courbet, l’influence de Ingres est à remarquer dans cette toile. Le traitement de la dentelle est particulièrement réussi.

Portrait de Juliette . Gustave Courbet. Collection particulière.

Les relations entre Juliette et son frère ont été particulièrement étroites, surtout lorsque le peintre était en exil en Suisse. A la lecture de ses lettres, on sent une grande affection pour sa petite soeur. Juliette ne s’est pas mariée et elle était son exécutrice testamentaire. Gustave a réalisé plusieurs portraits de sa soeur lorsqu’elle était une jeune fille. Le plus célèbre est au Petit Palais à Paris.

Portrait de Juliette Courbet. Gustave Courbet . 1844. Musée du Petit Palais

Dans la notice du site internet du musée du Petit Palais de Paris, il est rappelé que Juliette a fait don de plusieurs tableaux à des musées français.

Tout au long de sa vie, Courbet a reçu le soutien de sa famille et plus particulièrement celui de la plus jeune de ses quatre sœurs, Juliette. Unique héritière, restée célibataire, elle consacra le reste de sa vie à défendre l’œuvre de son frère et fit don aux musées français d’œuvres majeures restées dans l’atelier. Le Petit Palais reçut ainsi, en 1909, six tableaux parmi lesquels les portraits de Juliette, de Zélie, seconde sœur de l’artiste et de Régis Courbet, leur père.

D’autres musées possèdent des portraits de Juliette. En Allemagne, le musée Vonder Heydt de Wuppertal et en Argentine, le musée des Beaux-Arts de Buenos Aires. Ces deux tableaux ont sans doute étaient peints avant celui que l’association souhaite acquérir pour le compte du musée d’Ornans.

Juliette Couret à l’âge de dix ans par Gustave Courbet. Musée des Beaux-Arts de Buenos Aires, Argentine

Comme l’explique l’historien d’art et spécialiste du maître d’Ornans, Thomas Schlesser, Courbet a peint sa soeur et ses proches non seulement par affection pour eux mais aussi pour parfaire son art du portrait. Voulant à tout prix réussir, il lui fallait pouvoir maîtriser la réalisation de figure humaine, gage de commandes.

Voici celui réalisé en 1839 et conservé au Musée von der Heydt à Wuppertal en Allemagne.

Portrait de Juliette Courbet. Gustave Courbet. Musée von der Heydt, Wuppertal. 1839.

Les collections publiques pourraient donc s’enrichir d’un cinquième portrait de Juliette, si l’on prend en compte le magnifique dessin du Louvre exposé en ce moment à Ornans. Déjà, la fondation suisse Gianadda a versé une importante somme pour permettre l’acquisition de ce portrait de Juliette qui était tombé, jusqu’à présent, tombé dans l’oubli.

Isabelle Brunnarius
Isabelle.brunnarius(a)francetv.fr