17 Mai

Les souvenirs de Lods, en lice pour être élu le « village préféré des Français »

Village de loue. Bords de loue

Une photo publiée par @cthieb le

C’est un concours comme il en existe tant Nous votons pour élire un jardin, un chanteur, un village .. histoire d’avoir la fierté de s’identifier à l’éventuel vainqueur. Un succès par procuration. L’occasion aussi de découvrir  un peu mieux l’histoire d’un lieu. Sur Facebook, les Francs-comtois partagent la publication du syndicat d’initiative Loue Lison en espérant que Lods représentera dignement leur région. Les fleurons de la Franche-Comté, Baumes-les- Messieurs, Pesmes et Château-Chalon n’étaient pas arrivés dans le peloton de tête des villages préférés des Français lors des précédentes émissions de France 2. Lods fera-t-il mieux ? C’est la première fois qu’un village de la vallée de la Loue entre en compétition. La rivière sera-t-elle un atout ?

Pour sa présentation officielle, France 2 écrit 

« La loue, l’âme du village, traverse le bourg et s’y écoule en bruyantes cascades ».

Une rivière qui offre sa force motrice aux hommes. Le parcours ethnologique du village de Lods est parfait pour découvrir toute cette histoire : La présence d’un martinet (atelier où l’on travaille le fer grâce à une roue à aubes) est attestée dès 1544. Aujourd’hui encore, trois micro-centrales fournissent de l’électricité à EDF. L’histoire de Lods, un bourg à la phonétique si symbolique, est donc intimement liée à la rivière…

« Ici, la nature est reine, le silence est d’or et la truite… quant à elle, est la mascotte régionale ! »

conclut le communiqué de France 2.

La truite…  Qui pouvait mieux m’en parler qu’un pêcheur ? Michel Marmet a très aimablement répondu à l’appel que j’avais lancé aux lecteurs du blog de la Loue. Le membre honoraire de l’association de pêche et de protection des milieux aquatiques La Baume m’a confié ses trésors. Des cartes postales anciennes et surtout un poster publicitaire.

Rien qu’à l’observer, c’est tout un monde qui se révèle à nous. Celui des joies de la pêche. Le document daterait approximativement d’avant la seconde guerre mondiale. En tenant en main ce précieux document grand comme une affiche, j’imagine ces touristes tout émerveillés par ce qu’ils découvraient ou ce qu’ils retrouvaient si ils étaient déjà devenus des habitués. Ils avaient réserver leur chambre d’hôtel en demandant à l’opératrice des PTT le 4 à Vuillafans, ils avaient acheté leur billet de train pour le PLM Paris Lyon Marseille. En descendant à Besançon, ils étaient passés chez Jeanney acheter les dernières trouvailles pour pêcheurs puis ils avaient pris l’autocar jusqqu’à la haute-vallée de la Loue. Monsieur Rochut leur avait réservé sa meilleure chambre avec tout le confort moderne…. Il ne leur restait plus qu’à suivre les conseils de  La truite de Mouthier Haute Pierre »; la société de pêche « avait édité  cette carte, l’ancêtre des sets de table publicitaires de nos restaurants. Tout y étaient consigné, la force des courants, les gravières, les grands fonds… Il était même possible de pêcher au fromage ! Un peu de comté râpé en guise d’appât et le tour était joué..Les truites de la Loue ne sont pas francs-comtoises pour rien !

Aujourd’hui, ce type de pêche est interdit. Les truites ont un peu mieux résisté qu’ailleurs aux ravages de la pollution et les pêcheurs vont commencer à entrer dans l’eau pour entamer leur ballet filaire. Pour préserver son cheptel, la pêche de l’ombre est obligatoirement en no-kill (le poisson est systématiquement relâché) et cette année, il est possible de nouveau de prélever une truite par jour et par pêcheur même si Yvon Cattin, le président l’AAPPMA La truite de Mouthier Haute Pierre recommande de relâcher les zébrés, les belles autochtones. Il reste encore un secteur où la truite est aussi en no-kill.

Deux kilomètres seulement séparent Lods de Mouthier Haute-Pierre et pour les pêcheurs ce n’est qu’un seul territoire même si, depuis 2008, il y a deux sociétés de pêche dans ce secteur. Les pêcheurs ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde mais cela c’est une autre histoire….

Les anciennes vignes de Lods

Les anciennes vignes de Lods

Voter pour Lods, c’et voter pour toutes ces histoires de pêcheurs mais aussi celles des vignerons et des tréfileurs. L’histoire du village se lit aussi dans ses murs. Promenez-vous dans cette Petite Cité Comtoise de Caractère et vous imaginerez les hommes rentrant les tonneaux dans leur cave. Un peu plus loin, c’est le façonnage des « clous à bateaux » de Lods qui sonnera à vos oreilles. Deux dépliants proposés par la mairie de Lods racontent très bien tout cela. Un musée de la Vigne et du Vin est même installé au coeur du village. Outre ses anecdotes, l’origine des mots est aussi une source d’attachement à un lieu. Le nom de Lods viendrait du latin médiéval allodium, ce qui veut dire propriété « indépendante et franche » : deux qualités aussi attachantes  que les truites de la Loue !

 Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr

Voici les reportages de mes confrères sur la candidature de Lods : 

Autre reportage, cette fois-ci dans la rubrique du samedi « Vu d’ici » mes confrères de France 3 Fc ont passé une journée à Lods avec une petite séquence nostalgie :


Vu d’ici à Lods, dans le Doubs par F3FrancheComte

Merci à Christophe Thiébaud  de m’avoir autorisé la reproduction de ses créations publiées sur Instagram

Le village de Lods représentera fin juin notre région lors de l’émission « Le village préféré des français » diffusée en juin prochain. 

Vous pourrez voter jusqu’au 19 mai.

3 moyens pour défendre le village de Lods et soutenir votre région :
– Par Internet, sur www.france2.fr/village
– Par SMS, envoyer le 8 au 7 3003
– Par Téléphone au 32 45

En ce qui concerne les votes sur Internet, vous pouvez voter une seule fois par ordinateur. Vous pouvez donc voter plusieurs fois pour votre village mais d’ordinateurs différents !

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18 Juin

La Loue, héroïne du roman « Du domaine des murmures ».

«Vers le sud, point n’était besoin de mur de bois ni de pierre : la tour seigneuriale déploie ses ailes dépareillées au sommet d’une falaise abrupte au pied de laquelle coule la Loue. La tranquille rivière continue de lécher l’escarpement rocheux, s’appliquant à dessiner depuis toujours les mêmes boucles vertes sur la terre.»

Avec "Du domaine des murmures", Carole Martinez a remporté le Goncourt des lycéens 2011.

A peine quelques pages tournées, et le lecteur s’engouffre dans cette fable romanesque. Que nous aimions la Loue ou pas, «Du domaine des murmures» est à lire. Son auteur, Carole Martinez, nous emmène dans une histoire à peine croyable de demoiselle emmurée à vie. Esclarmonde vit au XII ième siècle dans le comté de Bourgogne à Hautepierre, là où se faufile encore aujourd’hui la Loue. Au fil des pages, la rivière endosse son rôle de cours d’eau mystérieux où les hommes vont se perdre.
Pourquoi avoir choisi la vallée de la Loue ? Pour ces falaises et sa rivière en contrebas. Carole Martinez n’a jamais mis les pieds dans la vallée ! Tout est imaginaire et pourtant si proche du réel.
J’ai passé un moment délicieux à écouter cette auteur me raconter comment elle était tombée sur la vallée de la Loue. Pour ancrer son château sorti de ses rêveries, Carole Martinez cherchait une forêt escarpée avec rivière en contrebas. Après des heures sur Google Earth, elle finit par chercher dans des guides de varappe… Bingo ! Le charme de la Loue a vite opéré. «Déjà, rien que le nom de la Loue est splendide, m’explique-t-elle. Et puis cette idée de la source de la Loue peinte par Courbet en lien avec l’Origine du monde.. Comme je parle du féminin, cette Loue si féminine me convenait bien, il fallait que je pose mon château là !»

Mouthier Hautepierre, photographié par Jean-Claude Gagnepain.

De fil en aiguille, ce qui au départ ne devait être qu’un chapitre du roman, prend de l’ampleur, embarque Carole Martinez. «Je me laisse surprendre, c’est un peu comme un voyage. Je sais où je veux aller mais ce n’est pas organisé. Je me laisse happer par ce que je rencontre en cours de route». La personnalité d’Esclarmonde, les légendes franc-comtoises de la Dame Verte, du cheval Gauvin, de la jument d’Amaury, de Berthe de Joux, nourrissent l’imaginaire de Carole Martinez. «J’ai inventé comment la fable de la Dame Verte était née, j’aime montrer la force de l’imaginaire populaire. Les histoires qui tiennent ont été inventées par cette force là.» L’écrivain préfère imaginer plutôt que d’être déçue par le réel alors viendra-t-elle arpenter les abords de la Loue ? Des lecteurs lui ont déjà envoyé des photos de Mouthier Hautepierre et elle ne semble pas déçue ! Ses trois prochains romans devraient toujours se passer autour de son château imaginaire de Hautepierre mais cette fois-ci aux XIV ième, XVI ième et XXI ième siècles… C’est promis, si d’ici là, Carole Martinez ose s’aventurer dans le réel, je l’emmènerais flâner au bord de la Loue.

Isabelle Brunnarius