MÉTHODE COUÉ – Dominique Reynié, le candidat tête de liste LR-UDI pour la région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées est en campagne pour les prochaines élections du 6 et 13 décembre 2015. A Toulouse, la fédération départementale du parti Les Républicains a organisé « une marche militante » pour une mobilisation « autour de Dominique Reynié », un candidat « vu à la télé » mais qui souffre encore d’un déficit d’image.
Jeudi 29 octobre 2015, au siège haut-garonnais du parti Les Républicains de la rue Gabriel-Péri à Toulouse, les militants s’affairent. Une bonne trentaine de personne s’est portée volontaire pour distribuer au cours d’« une marche militante » le journal de campagne du candidat tête de liste, Dominique Reynié. Pour éviter de se perdre, le parti distribue aux militants le parcours dessiné sur une carte et détaillé avec l’horaire précis pour chaque passage clé. Départ à 13h45 de « la fédé » pour rejoindre « Dominique » à son siège de campagne rue d’Alsace-Lorraine et démarrer une marche de deux heures et quinze minutes.
Là, un quinquagénaire engage la conversation avec des militants et peste contre la présence de membres de l’UDI pour le tractage. Pire, il exprime son aversion pour le candidat tête de liste. « Ces gens de l’UDI, ils nous font toujours un enfant dans le dos ! », avant de partir chercher un ticket à un horodateur pour son véhicule stationné devant le siège du parti.
Le cortège de militants s’élance vers le siège de campagne du candidat. « Elle est belle notre armée« , s’exclame un militant fier de tendre le journal de campagne aux passants. Cette action de distribution du journal de campagne coïncide avec une distribution d’un autre journal, un vrai, celui de l’hebdomadaire Actu côté Toulouse. Un nombre non négligeable de piétons refuse par confusion involontaire le document électoral. « Je l’ai déjà, merci !« , entend-t-on souvent dans la rue d’Alsace-Lorraine.
Quelques cadres locaux du parti sont également présents pour cette «marche militante», ici Pierre Esplugas-Labatut, le porte-parole, là Victor Ermet, responsable départemental des Jeunes Républicains et Jonnhy Dunal, délégué de la 3è circonscription établie par le parti de droite qui arrive avec Dominique Reynié. Le candidat salut ses militants et le cortège reprend son parcours. Direction la place du Capitole. L’aveyronnais, avec sa pile de journal de campagne sous le bras, marche à vitesse grand V dans les rues toulousaines.
Ce sont de vrais cheveux ?!
«L’armée» de militants forme un large rectangle autour du candidat. « Bonjour, c’est pour les élections régionales. Dominique Reynié, le candidat de droite et du centre« , présente une militante. Les réactions sont aussi variables qu’une palette de peinture, certains passants prennent instinctivement le journal sans attention particulière, d’autres refusent poliment, d’autres encore engagent la conversation avec le candidat. « Mais c’est lui? Tu l’as vu?« . « C’est qui lui là? », s’interroge une autre femme. « Ah, mais je vous ai vu à la télé, vous êtes sur France 5 dans l’émission avec le monsieur avec ses faux cheveux. Ce sont de vrais cheveux?!« , questionne un homme avec sa femme au candidat.
On peut avoir été « vu à la télé » mais l’image de Dominique Reynié souffre encore d’un déficit auprès de la population. Le candidat n’est pas immédiatement reconnu par les passants. Dans la rue Jean-Suau, quartier de la Daurade, le ruthénois essuie des refus fermes lorsqu’il propose aux clients d’une terrasse d’un restaurant son journal de campagne.
On voit qu’on arrive dans un électorat bien plus cossu
Sur le quai de Tounis, le groupe rejoint les berges pour une photo de famille. «Allez, on n’est pas en balade, on travaille», s’exprime avec rire un militant. Quant à l’image, elle doit être parfaite. «Dites-lui de cacher son sac Louis Vuitton», entend-t-on par ici.
Après cette photo de famille, retour vers l’hyper-centre avec un crochet dans le quartier des Carmes. Là, on lui fait signe pour rencontrer la propriétaire d’un commerce de lingerie féminine. Quand Dominique Reynié s’apprête à entrer, ses militants se mettent à siffler sur une tonalité sexy. L’échange est cordial dans la boutique, il n’excèdera pas plus de deux minutes. Le candidat repart à la rencontre des électeurs. Il serre les mains dès que possible et engage la conversation quand ses interlocuteurs le veulent.
Dans la rue Croix-Baragnon, qui concentre des boutiques luxueuses, Dominique Reynié enchaine la visite des commerces et se permet un commentaire : «On voit qu’on arrive dans un électorat bien plus cossu». Ces visites chez les commerçants, sont-ils spontanés ou organisés ? «Spontanés !», répond avec conviction Jonnhy Dunal, le délégué de la circonscription et par ailleurs président de l’association des commerçants du carré Baragnon.
Dominique Reynié semble plus à l’aise et les passants sont davantage plus enclins à lui parler. «Vous avez quelques chances de remporter», dit une femme au candidat qui s’empare aussitôt de plusieurs journaux de campagne qu’elle souhaite «distribuer dans les boîtes aux lettres» de ses voisins.
Du statut de l’observateur à celui en devenir d’acteur public, Dominique Reynié tire de ce type d’action militante la satisfaction de « partir à la rencontre » des électeurs. «Je ressens dans cette campagne un moment fort et particulier qui me conduira, je l’espère, aux responsabilités», explique le candidat. L’ombre du politologue n’est cependant pas très loin et pense également que la partie politicienne lui «répugne». «Il y a beaucoup de chose à faire dans la partie politique politicienne, cela peut-être parfois nécessaire mais je ne trouve pas cela intéressant». En filigrane, une pique à l’adresse d’élus locaux peu favorables à la candidature de Dominique Reynié.
Kevin Figuier