VU A LA TÉLÉ – L’écrivain Eric Zemmour était ce mardi 18 novembre à Toulouse pour parler de son dernier ouvrage, Le suicide français. Parmi les auditeurs, des élus locaux et des militants qui ont œuvré contre le mariage des couples de même sexe. Récit d’une soirée qui a permis de recomposer la galaxie locale positionnée à la droite de la droite.
« Il aura 15-20 minutes de retard ». « Il » c’est Eric Zemmour. Il répond à l’invitation de l’association toulousaine « FACE à FACE » de Marie Coquelin, ex-coorganisatrice locale de La Manif pour tous, pour la promotion du dernier livre du polémiste montreuillois. C’est dans le prestigieux Grand hôtel de l’Opéra, place du Capitole, que les rédacteurs et des photojournalistes de grandes agences de presse patientent.
Nous sommes la France profonde !
Les premiers fans bien informés arrivent. Là, on reconnait Marie-Pierre Chaumette (Mouvement pour la France), adjointe au maire chargée des espaces verts. Apparait ensuite Olivier Arsac (Debout la France), adjoint au maire chargé de la prévention et de la sécurité à Toulouse. Après 30 minutes de retard, Eric Zemmour arrive dans le hall de l’hôtel, bagage à la main. Les accolades sont chaleureuses entre le polémiste et ses fans. L’adjoint à la sécurité claque la bise à l’écrivain et échange quelques mots en le tutoyant.
Après avoir posé pour les photographes de presse, Eric Zemmour part s’installer dans un large canapé dans l’espace bar pour répondre aux questions de la presse. 35 minutes de questions/réponses, pas plus. Certaines interrogations sont maladroites et plus en rapport avec le « personnage » médiatique Eric Zemmour que sur le livre en lui-même. Derrière les journalistes, des fans soupirent ou râlent discrètement à chaque question un peu tatillonne.
La séance des questions/réponses s’achève, plusieurs couples de septuagénaires s’agglutinent auprès du polémiste pour des photos souvenirs. « On vous aime beaucoup! Continuez! Nous sommes la France profonde! » proclame une femme.
Auditeurs survoltés, flashs qui crépitent
Allées de Barcelone, une voiture et des policiers en uniforme sont positionnés à 50 mètres de la salle. A l’intérieur, la température est étouffante. Alors que la capacité de l’espace est limitée à 500 personnes, au moins 700 auditeurs s’impatientent. De nombreux cartons sont entreposés près de l’entrée, des boites venues de la « librairie catholique Barque Apôtres » qui contiennent le dernier ouvrage d’Eric Zemmour. Toujours à l’entrée, 4 hommes aux regards attentifs demandent au public d’ouvrir les sacs. « Il y a beaucoup de militants du FNJ« , fait savoir un militant UMP. Plus d’une centaine de jeunes d’une vingtaine d’années a fait le déplacement.
La foule se retourne subitement, le tant attendu Zemmour arrive par l’entrée principale suivi de très près de l’adjoint au maire de Toulouse chargé de la sécurité. En traversant le couloir central, les premiers applaudissements se font entendre. Arrivé à la tribune, il salue Christian Authier qui sera son interlocuteur pour la soirée. Eric Zemmour agite son bras droit vers la foule en liesse. L’image donne une impression de meeting politique. Les auditeurs sont survoltés, les flash crépitent. Le succès est tel qu’une trentaine de personnes reste sur le carreau à l’extérieur faute de place.
Le journaliste Christian Authier -tout nouveau lauréat du prix Renaudot de l’essai– sera chargé de poser des questions sur l’ouvrage littéraire de son « ami » de longue date. Sur une table digne d’un bureau de maitre d’école, la lumière jaune éclaire avec peine les visages à la tribune.. A l’extérieur, les policiers en uniforme sont partis, ils ont laissé place aux policiers de la bac qui effectuent des rondes en voiture. Alors qu’Eric Zemmour déroule le fil de sa pensée avec des questions cousues sur mesure, deux fortes explosions se font entendre à l’extérieur. Les agents de sécurité d’un soir paniquent et se précipitent vers le lieu des détonations. L’air est saturé d’une odeur de pétard. « Ah, sûrement des mécontents! » s’amuse un homme.
Là, une jeune femme m’accoste poliment. Elle me reconnaît en tant que journaliste à Carré d’Info et se présente comme responsable des «Jeunes Identitaires» à Toulouse. Ici dans la Ville rose, « il y a 50 militants mais environ une bonne quinzaine de membres actifs », explicite Victor, un militant. A tout ce monde, une consœur de la presse radio m’indique qu’elle a pu interviewer des royalistes.
Le public prend la parole, là un jeune évoque la figure de Charles Maurras. Dans une autre discussion, Eric Zemmour souligne le fait « qu’il y a de la chaleur humaines dans les familles maghrébines », de discrets huées se font entendre.
Après plus d’une heure trente de questions/réponses, la salle se vide peu à peu. Une autre partie du public s’empresse à former une file indienne compacte pour avoir une dédicace. La température est comparable à un sauna. Les lunettes sont embuées, l’odeur du parfum des dames a laissé place à la transpiration. Il y a quelques bousculades dans ce bain de foule populiste, Eric Zemmour n’espérait peut-être pas autant de monde. A la sortie, deux jeunes hommes exhibent à leurs mains un sac pour une collecte financière destinée à l’association. Un procédé qui ressemble aux meetings politiques.