En plus de l’abstention, le résultat des urnes pour les élections aux européennes a donné une large victoire du Front national dans la circonscription du Sud-Ouest. Ces dernières semaines, les partis politiques avaient mobilisé militants et autres sympathisants dans des réunions publiques. Retour et décryptage en photos.
C’est sans doute un paradoxe. Là où les partis comme l’UMP, le PS et le Parti de gauche avaient organisé un meeting politique à Toulouse pour galvaniser les troupes, le Front national n’avait pas jugé nécessaire d’en tenir un. Néanmoins, le candidat natif de la Ville rose, Louis Aliot avait participé au débat à France 3 Midi-Pyrénées le 20 mai dernier.
Quelques jours auparavant, le 15 mai, Jean-François Copé encore président de l’UMP était venu soutenir la tête de liste, Michèle Alliot-Marie, pour la circonscription du Sud-Ouest. La candidate Aliot-Marie est en avance sur l’heure, elle discute un peu à l’écart à l’extérieur avec ses collaborateurs. Les journalistes sont bien présents : France 3 Midi-Pyrénées, LCI, BFMTV, TLT, M6, AFP, Libération, La Dépêche du midi, France Info, RTL. Il ne manque plus que le dirigeant de l’UMP qui se fait désirer avec déjà un retard de 30 minutes.
A l’intérieur, les auditeurs sont présents mais toutes les chaises ne sont pas occupées. Accompagné de Jean-Luc Moudenc et de Laurence Arribagé, Jean-François Copé arrive à pied et souriant sous un soleil couchant. La mise en scène est digne d’une marche à la Armageddon.
En conférence de presse, les questions sur les révélations du Point et de Libé sur l’affaire Bygmalion font frémir les journalistes des grands médias nationaux. Dans l’assistance de la candidate, on fait signe de la main près du poignet opposé que l’heure tourne.
Le meeting commence, la musique d’entrée est Pirate des Caraïbes. C’est la même musique qu’utilise le Front national dans ses meetings ou alors Jour de Colère dans ses manifestations.
Je n’avais jamais vu Michèle Alliot-Marie, ni écouté lors d’un meeting. J’ai été un peu surpris. N’ayant aucune note sous les yeux, elle déroule le fil de sa pensée en marchant à travers la tribune mais aussi en allant dans les rangées des auditeurs. Elle se retrouve à plusieurs reprises nez-à-nez proche de moi. Ne sachant où se placer, je fais provoquer quelques sourires chez les sympathisants.
Cordial
Tout autre ambiance, celui dans la salle de maquillage de France 3 Midi-Pyrénées. Nous sommes le mardi 20 mai. Là, Jean-Luc Mélenchon salue avec gravité MAM, « Ah madame Alliot-Marie, il a fallu ce débat pour vous rencontrer enfin sur le terrain ». Robert Rochefort, la tête de liste pour l’UDI-MoDem, fait son entrée dans la salle. Déjà prêt, il salue ses adversaires et s’emploie à les tutoyer pour avoir de leurs nouvelles mais les premières piques politiques fusent déjà.
Le direct début à 15h, la candidate du PRG-PS, Virginie Rozière a du retard. Du côté de la réalisation, ça commence à bouillir. Là, Jean-Luc Mélenchon et Louis Aliot se saluent de manière très cordiale. L’instant dure à peine 2 secondes.
Sur toute la campagne officielle, ce débat sera le seul moment où les principaux candidats sur les 25 listes qui se sont présentées aux suffrages s’exprimeront.
Salauds de pauvres
22 mai 2014. A Labège, près de Toulouse, la candidate du PRG-PS pour la circonscription du Sud-Ouest tient son ultime meeting avec des (ex-)personnalités gouvernementales. Ségolène Royal, Jean-Michel Baylet, Philippe Martin, Laurent Fabius et une ribambelle d’élus locaux conviés à soutenir la candidate.
A l’extérieur de l’espace Diagora, moins d’une trentaine de manifestants qui sont des intermittents du spectacle protestent contre un changement de leur régime de chômage entres autres. Ils seront repoussés énergétiquement par le service d’ordre puis les gendarmes mobiles. De brèves échauffourées perturberont le début du meeting. « C’était un peu tendu, on a failli recevoir des grilles sur nous » dira un officier au talkie-walkie. « Je préfère le FN » fait entendre à plusieurs reprises une voix parmi les manifestants comme ultime provocation. Un autre répète que « les salauds de pauvres ne sont pas les bienvenus ».
Alors que les intermittents du spectacle manifestent à coups de sifflets, l’ambiance à l’intérieur est plus calme et joviale. De jeunes militants agitent des drapeaux Français, de l’UE mais aussi ceux de la Catalogne et de la région Midi-Pyrénées. Une militante pose avec sa pancarte pour « soutenir et défendre la culture », cette image donne un écho aux protestations à l’extérieur.
Ségolène Royal est en retard, le meeting a commencé sans elle. C’est alors qu’au bout de 30 minutes que la ministre de l’Ecologie s’installe sur son siège. Elle salue les personnes autour d’elle puis sort des fiches. Au moment où elle interviendra à la tribune, l’ex-candidate à la présidentielle de 2007 débitera son discours en ayant les yeux rivés sur ses feuilles. Le ton est monotone. L’assistance semble s’être un peu assoupie. Il aura fallu attendre l’intervention suivante avec Jean-Michel Baylet pour réveiller la salle et provoquer les cris d’enthousiasmes comme « Jean-Michel ! » des jeunes militants du PRG.
22h, c’est la fin du meeting. Après avoir entonné Bella Ciao, plusieurs jeunes investissent la tribune et s’adonne à des selfies avec les ministres. Plusieurs pancartes jonchent le sol, c’était sans doute un prélude. L’Europe est à terre.
